S’unir et détruire les barrières grâce au sport

ATTENTAT. L’entraîneur-chef du club de soccer masculin du Rouge et Or de l’Université Laval, Samir Ghrib, a quitté la Tunisie pour le Québec il y a 33 ans. Musulman non-pratiquant, il s’est exprimé à cœur ouvert sur l’attentat du dimanche 29 janvier dans une mosquée de Québec.

Toute la haine qui déferle sur les réseaux sociaux, tous les incidents, comme le dépôt d’une tête de porc devant cette même mosquée en juin dernier, et toutes les tragédies aux quatre coins du monde, lui faisaient croire qu’un tel événement allait, un jour, survenir sur notre territoire.

«Les Musulmans sont stigmatisés. Trop de gens associent les Musulmans au terrorisme, se désole-t-il. Nous avons tous une responsabilité. Je n’ai pas l’habitude de m’exprimer publiquement, mais cette fois, je devais le faire, en prônant la parole positive.»

M. Ghrib s’est dit très touché face aux témoignages reçus par son entourage et les discours des hommes politiques de la province. Il affirme être solidaire envers ses concitoyens Musulmans. De plus, il sait très bien qu’il s’agit d’un cas isolé.

«Au Québec, les gens sont tellement accueillants et ouverts. Je suis ici depuis 33 ans et on m’a toujours respecté. Lorsque je rencontre une nouvelle personne, elle ne me demande jamais d’où je viens lors de la première conversation. Ça vient plus tard.»

Le lendemain de l’attentat, il a accompagné son adolescente de 14 ans à la vigile de l’Université Laval. C’était la première fois qu’il participait à un tel rassemblement. Un moment père-fille qu’il n’est pas prêt d’oublier.

«J’ai vu le désarroi dans ses yeux et elle a vu l’inquiétude dans les miens, a dit celui dont l’épouse est Québécoise. C’était magnifique de voir la population réagir avec cette vague d’amour.»

Le sport démolit les barrières

Chef d’orchestre de la formation de ballon rond lavalloise, Samir Ghrib compare une équipe à une microsociété, avec des codes de fonctionnement et des valeurs. Pour avancer, des objectifs communs et une cohésion sont essentiels aux succès.

 

«Dans mon vestiaire comme dans la vie, les gens doivent faire attention au choix des mots. Nous sommes un seul groupe. Mon père l’a toujours dit : un bouquet de fleurs avec plusieurs couleurs, c’est bien plus beau!»

Dimanche le 5 février, ses hommes croiseront le fer face à l’Académie de l’Impact de Montréal. Lors de la séance d’échauffement, ses poulains seront vêtus un chandail blanc. Ils y inscriront des messages. Pendant le match, ils porteront un brassard noir.

«C’est la beauté du sport, la sphère de la vie qui unit tout le monde. Sur le terrain, toutes les barrières tombent!»