Martin Bernard prépare un retour au sommet

LHJMQ. On dit souvent que l’univers du hockey est minuscule. Les mêmes visages se croisent et s’entrecroisent sans cesse. Embauché par l’un, congédié par l’autre. Collègue de l’un, grand rival de l’autre.

Mercredi, le passage du Drakkar de Baie-Comeau à l’Amphithéâtre Gilbert-Perreault a illustré une fois de plus ce phénomène. Le domicile des Tigres est devenu une fois de plus le parvis de l’église du village.

Derrière le banc des visiteurs, Martin Bernard pilotait calmement sa jeune troupe, qui tente par tous les moyens d’éviter d’être exclue des séries. Bernard connaît mieux que personne le domicile des Félins. Il y a remporté les grands honneurs en 2002, secondant le travail de Mario Durocher à l’époque. Dans le couloir menant au vestiaire des Tigres, on le voit, d’ailleurs, sur l’immense photo d’équipe, index pointant au ciel, avec la coupe du Président.

Quelques années après cette glorieuse victoire, il prenait la barre des Tigres, embauché par Jérôme Mésonéro en 2006. L’ancien directeur général l’a congédié une saison et demie plus tard. Ironiquement, mercredi, Mésonéro épiait les joueurs des Tigres et du Drakkar à titre de dépisteur pour le compte de l’Avalanche du Colorado.

Non loin de là, au même moment, le Victoriavillois Alain Bissonnette, des Bruins de Boston, évaluait aussi les espoirs en vue du repêchage. Bissonnette a travaillé avec Bernard sous l’étendard des Cataractes de Shawinigan, il y a quelques années. Bernard a guidé la destinée des Mauriciens pendant près de trois saisons.

Vieux routier du milieu, le recruteur des Sharks de San Jose Gilles Côté était aussi présent, mercredi, encore et toujours posté dans la section 19. De son siège, il a été témoin de tous ses changements au fil des ans. Lui, il ne connaît cependant pas la précarité d’emploi qui a eu raison, tôt ou tard, de la plupart de ses homologues. Il est avec les Sharks depuis près de 30 ans.

Dans la LHJMQ, les visages demeurent les mêmes, les fonctions de plusieurs ont cependant changé, parfois même plus d’une fois. Le monde est petit, dit-on souvent. Il est infinitésimal au sein du circuit Courteau.

Les hommes de hockey gagnent de l’expérience et de la sagesse avec le temps. Bernard, mercredi, dirigeait son 387e  match en carrière au sein du circuit Courteau. À la poigne de fer avec laquelle il menait ses Tigres il y a près de 10 ans, il a enfilé un gant de velours. Toujours un grand disciple de l’éthique de travail et de la rigoureuse préparation, il s’est spécialisé, avec le temps, dans le développement des jeunes joueurs. Il ne lui reste plus que de mener à terme un cycle complet, ayant été congédié tout juste avant d’avoir la chance de vivre une grosse année à deux reprises.

Depuis le temps, Bernard n’a pas perdu son esprit de famille. À l’époque où il dirigeait les Tigres, il consacrait tous ses dimanches matins à ses enfants, et ce, même si l’équipe jouait en après-midi. Ce rituel a quelque peu changé depuis qu’il est à Baie-Comeau. Ses enfants ont grandi. L’éloignement géographique de la Côte-Nord fait également en sorte qu’il est plus souvent sur la route avec son équipe. Ses proches comptent toujours autant à ses yeux. Il a d’ailleurs réussi à implanter l’esprit de famille qui lui est si cher au sein de son équipe. Après la victoire des siens contre les Tigres, l’heure était à la fête chez le Drakkar. Même s’il flirte avec les bas-fonds du classement général, l’ambiance est bonne, assure le pilote. Tous sont dédiés à la cause de participer aux séries.

«Présentement, c’est notre première série que l’on dispute. Chaque match est important. On doit jouer avec intensité. Il faut être combattif. On y croit», lance l’Estrien d’origine.

À Baie-Comeau, Bernard fait patiemment mûrir ses jeunes protégés. Le Drakkar est en excellente posture pour devenir une superpuissance de la LHJMQ, misant sur des joueurs prometteurs et, surtout, de nombreux choix au repêchage de grande qualité, ce à quoi le pilote préfère ne pas s’attarder pour le moment.

Si le monde est si petit qu’on veut bien le croire, Bernard pourrait, dans un avenir pas si lointain, avoir la chance de croiser de nouveau le chemin de la coupe du Président. S’il y parvient, ils auront sans doute beaucoup à se dire, ne s’étant pas vu depuis 2002.