Le Carnaval de Québec doit continuer malgré l’attentat, dit le maire Labeaume

CARNAVAL. Les activités du Carnaval de Québec démontreront au cours des prochains jours que la vie économique et sociale doit se poursuivre après l’attentat qui a fait six morts dans une mosquée, a déclaré mercredi le premier ministre Philippe Couillard.

Dans un discours prononcé devant des gens d’affaires, dans le cadre de la programmation de l’événement festif qui a débuté samedi, M. Couillard a insisté sur l’importance de l’événement après la fusillade survenue dimanche soir.

«Il faut renouer avec nos traditions chaque année, cette année comme d’autres et peut-être cette année particulièrement», a-t-il dit.

M. Couillard a ensuite expliqué dans un échange avec les journalistes que la vie doit continuer, même si la ville de Québec est endeuillée.

«La vie économique et sociale de la capitale doit se poursuivre, et quoi de plus spécifique que ce merveilleux carnaval?», a-t-il dit.

Présent au dîner, le maire de Québec, Régis Labeaume, a déclaré que les leaders de la communauté musulmane souhaitent que le carnaval se poursuive comme prévu jusqu’au 12 février, même si des événements commémorant la tragédie sont attendus au cours des prochains jours.

«On a demandé à des gens de la communauté, pas tout le monde, mais des leaders, ce qu’ils en pensaient, a-t-il dit dans un point de presse. Ils nous ont dit: "continuez, continuez". C’est ce qu’ils veulent et ils ont raison.»

M. Labeaume a minimisé l’impact de la fusillade sur les mesures de sécurité nécessaires pour le carnaval. Selon le maire, il s’agit d’un geste isolé.

«Il n’y a pas de complot, pas de guerre, a-t-il dit. Ce n’est pas l’État islamique, il faut bien se comprendre. C’est un dénommé Bissonnette, de Cap-Rouge, que beaucoup connaissaient à Québec, qui visiblement a des problèmes psychologiques.»

Quelques minutes plus tôt, en s’adressant également aux gens d’affaires, le président du conseil d’administration du Carnaval de Québec, Alain April, a reconnu que le maintien des festivités pourrait sembler «moins naturel», après la tragédie de dimanche.

«Nous espérons que notre carnaval, par sa nature rassembleuse depuis plus de 63 ans, ravive nos coeurs et nos esprits», a-t-il dit.

La directrice générale l’événement, Mélanie Raymond, a affirmé que l’organisation avait jugé que sa programmation pourrait servir d’exutoire, au même titre que la veillée organisée lundi soir à la mémoire des victimes.

«On peut prétendre que de faire la fête c’est moins naturel, mais au contraire, l’objectif derrière ce type d’attentat, c’est que les gens s’isolent, a-t-elle dit aux journalistes. Ce qu’on souhaite avec le carnaval, c’est d’offrir aux gens l’occasion de se rassembler, de trouver un peu de réconfort et de mettre un petit peu de couleur dans ces journées sombres.»

Mme Raymond a déclaré que l’organisation n’avait rien changé dans ses activités, qui prévoient notamment deux défilés, le premier samedi.

«C’est au choix des gens de décider s’ils désirent ou non fréquenter l’événement, a-t-elle dit. Nous, on a une fête à offrir, on l’offre, elle est disponible, mais on est très conscients que ça revient à chacun de se poser la question.»

Le carnaval attire 400 000 visiteurs et génère des retombées de 25 millions, a indiqué la directrice générale. Le budget de l’événement était composé de 25 pour cent de subventions gouvernementales, l’an dernier.

«On ne voulait absolument pas créer des dommages au niveau de l’achalandage touristique en annulant quoi que ce soit», a dit Mme Tremblay.

Concernant les mesures mises en place après l’attentat, Mme Raymond s’est limitée à dire que «les gens seront en sécurité».

Présente au dîner des chefs d’entreprise organisé par le carnaval, Julie Boulet, ministre déléguée du Tourisme, a jugé qu’il était opportun de maintenir les activités après la fusillade.

«C’est un cas isolé, il faut que la vie continue, a-t-elle dit. Il faut justement qu’on dise que la vie continue et qu’on n’est pas ralentis par ces événements-là, qui sont épouvantables.»

Alexandre Robillard, La Presse canadienne