La pollution agricole inquiète à Potton

ENVIRONNEMENT. Le conseil municipal du Canton de Potton interpelle le gouvernement du Québec pour un problème de pollution agricole qui affecte la rivière Missisquoi depuis déjà quelques années.

Comme l’explique la conseillère Edith Smeesters, le problème consiste à l’épandage de déjections animales et de boues municipales sur des terres agricoles qui sont situées sur une zone inondable et en forte pente. Ces fertilisants, dont l’utilisation est approuvée par le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, contaminent la rivière Missisquoi par un apport en phosphore important, selon les élus.

«C’est totalement aberrant que le ministère approuve cette façon de faire, s’indigne Mme Smeesters. D’autant plus que le même ministère exige de réduire les concentrations de phosphore de nos deux stations d’épurations des eaux usées. On parle d’investissements de plus d’un million de dollars. Pour une petite municipalité comme la nôtre de 2000 habitants, c’est totalement déraisonnable, surtout qu’on va continuer à mettre de la merde un peu plus loin!»

Celle qui est également biologiste de carrière déplore le manque de respect du gouvernement à la suite d’une lettre sur le sujet envoyée par la Municipalité, en octobre 2014. «On a reçu une réponse très bureaucratique par un fonctionnaire. Il a fallu que je la relise trois fois pour la comprendre. Ce n’est vraiment pas ce que nous attendions à recevoir», soutient-elle.

Edith Smeesters prévient qu’un apport trop élevé de phosphore dans une rivière peut entraîner son vieillissement prématuré et avoir de graves conséquences à la flore et la faune qui y vivent. Un phénomène que l’on nomme eutrophisation.

L’eutrophisation, qu’est-ce que c’est?

Selon Environnement Canada, l’eutrophisation résultat du rejet de grandes quantités de nutriments dans un plan d’eau où il en existe une carence, ce qui donne lieu à une croissance excessive des plantes aquatiques. Au fil du temps, cette croissance excessive des plantes peut naturellement transformer un lac en un marais et éventuellement l’assécher.

Toutefois, l’eutrophisation peut être accélérée par le rejet de nutriments provenant d’activités humaines, comme les engrais utilisés en agriculture et à la maison. Cette transition rapide n’est pas avantageuse pour les poissons et d’autres organismes vivant dans les lacs qui doivent s’adapter à la diminution des concentrations d’oxygène résultant de la décomposition des plantes, et elle modifie la biodiversité et l’abondance des espèces.