Historique des Tourigny (partie 2)

Voici la suite de la chronique Le coffre à trésors de l’histoire publiée dans notre édition du 25 novembre. Il est possible de la consulter en cliquant ici.

À Magog depuis 1897 et marié en 1898, Alfred loue le sous-sol de la maison de l’îlot et y emménage avec Clara et Olivier, leur premier enfant, né en 1899. Les autres enfants naîtront tous dans cette maison. Il exerce sa profession d’avocat à Magog et, le 23 décembre 1903, il est engagé par la Ville de Magog au poste de secrétaire-trésorier à un salaire de 400 $ par année, fonction qu’il occupera jusqu’à son décès en 1928. En 1907, il achète la propriété de Mme Margaret Birnie, épouse du constructeur présumé de la maison, Alexander Morrison.

En 1912, maître Tourigny communique avec Alphonse Desjardins et l’invite à fonder une Caisse populaire à Magog. Ce dernier se dit d’accord, mais il veut voir le projet endossé par le curé de la paroisse. Celui-ci ne croit pas à l’opportunité de l’établissement d’une Caisse populaire maintenant. Ce n’est que quelques décennies plus tard que le projet sera réalisé.

En 1919, à l’occasion du passage du Prince de Galles à Magog, Alfred Tourigny compose et lit l’adresse de bienvenue au futur roi Édouard VIII. En 1922, il est nommé bâtonnier du district de Saint-François et député de district des Chevaliers de Colomb. Il est le premier Grand Chevalier de la Cour de Magog.

La principale préoccupation des parents est de donner à leurs enfants la meilleure éducation possible, ce qu’ils réalisent, sans doute au prix de nombreux sacrifices, avec les modestes revenus du père. C’est ainsi que six des sept garçons Tourigny complètent leur cours classique au Séminaire Saint-Charles-Borromée de Sherbrooke.

Olivier (1899-1979), l’aîné, devenu notaire et admis à l’exercice, revient à Magog en 1921. Il exerce sa profession pendant près de 50 ans. Me Tourigny est le fondateur du Club des Francs à Magog. Il est membre de la Chambre de commerce et a été secrétaire des Chevaliers de Colomb et de la commission scolaire. Les aînés conservent le souvenir du talentueux organiste de l’église Saint-Patrice.

Charles (1900-1987) devient ingénieur civil à Montréal et à Shawinigan, au service de la «Shawinigan Water and Power Company». Il a siégé au conseil d’administration de l’École polytechnique à Montréal.

Alfred fils (1903-1980), avocat bien en vue à Montréal, à l’instar de son père, fut bâtonnier de son district judiciaire. À la suite du décès de son père en 1928, il devient conseiller juridique de la Ville de Magog. En 1964, il préside le Comité de refonte des lois et règlements du Barreau et remet au Conseil général un rapport contenant près de 120 propositions.

Anselme (1905-1971), devenu notaire, s’installe à East Angus et devient secrétaire-trésorier de la Municipalité qu’il sert fidèlement pendant de nombreuses années. Son dévouement à sa paroisse lui a valu d’être décoré par le pape Pie XII et d’être nommé Chevalier de l’Ordre de St-Grégoire Le Grand.

Henri (1906-1991), à la suite de ses études en chirurgie dentaire, exerce à Magog pendant de nombreuses années. Nommé Inspecteur dentaire régional pour le gouvernement, il est un ardent promoteur de la fluoration de l’eau potable.

Louis (1907-1976), apparemment atteint d’un trouble développemental, est le seul garçon qui n’a pas fait d’études avancées.

Claire (1912-1988), l’unique fille ayant vécu jusqu’à l’âge adulte, complète son cours d’enseignante. Elle épouse Rolland Laforest, marchand de chaussures à Magog, et choisit de se consacrer à ses 4 enfants : Yves, Hélène, Françoise et Marie. Musicienne, et douée d’une voix magnifique, Claire chante dans quelques opérettes et touche l’orgue à l’église Saint-Patrice.

Yves (1913-2004), le cadet des garçons, opte pour le sacerdoce missionnaire et joint la Société des Pères blancs d’Afrique, où il a passé plus de 50 années.

La famille Tourigny, une des grandes familles qui ont contribué au développement économique, social et culturel de Magog, mérite de passer à l’histoire. Jacques Boisvert serait ravi de constater que ses efforts, déployés en 1994 pour qu’une rue ou une place porte l’odonyme Tourigny, seront peut-être finalement récompensés.

 

Maurice Langlois