Budget: le milieu de l’éducation dénonce un écran de fumée

Alors que le gouvernement annonce 3,4 G$ d’investissements en éducation sur 5 ans dans son budget déposé mardi, étudiants et professeurs jugent que cela fera peu de différence.

Tout d’abord, le milieu de l’éducation dénonce que la majorité du 1,8 G$ prévu pour l’enseignement primaire et secondaire sera investi au-delà de 2020, soit bien après les prochaines élections.

 

Selon la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), qui représente de nombreux professeurs du primaire et du secondaire, l’investissement annoncé ne couvre pas l’augmentation annuelle des dépenses. «Des 140 M$ prévus cette année pour la réussite éducative [au primaire et au secondaire], combien est de l’argent recyclé?» s’interroge le président de la FAE, Sylvain Mallette, qui souligne que les commissions scolaires n’arrivent pas à dépenser l’argent qui leur est octroyé, les dépenses sont autorisées trop tardivement dans l’année.

 

Le ministre des Finances, Carlos Leitão a annoncé que 1500 nouveaux postes de professionnels seraient créés, des postes qui ont peu de chances d’être comblés, croit M. Mallette. «Ce sont des postes qui apparaissent sur des listes, mais il n’y a personne qui occupe les chaises. Il y a une pénurie de personnel et le ministre le sait. Alors, on est dans une mascarade», dit le président, précisant que les 900 postes annoncés il y a quelques années n’ont pas tous été comblés.

 

Du côté de l’enseignement supérieur, le gouvernement a également annoncé plus de 1G$ d’investissement sur cinq ans. Même si les modalités de distribution de ces sommes sont à définir, les documents du budget indiquent que l’embauche de personnel sera priorisée.

 

L’Union étudiante du Québec (UEQ) s’est dite déçue par l’enveloppe réservée aux universités. «On nous a promis un budget axé sur l’éducation, mais force est de constater que ce n’est pas le cas pour les universités, juge le président de l’UEQ, Nicolas Lavallée. On rattrape à peine l’inflation. On ne suit pas l’augmentation des coûts de système.»

 

Tout comme dans le milieu du primaire et du secondaire, on se plaint que l’essentiel des investissements arrivera après les prochaines élections. Les universités auront 29 M$ de plus l’an prochain, alors que les collèges devront se séparer 12 M$.

 

En conférence de presse, M. Leitão s’est défendu en disant que prévoir un budget sur cinq ans faisait «partie des bonnes pratiques recommandées par la vérificatrice générale». Il a mentionné que rien ne servait d’investir trop rapidement, pour retourner en déficit.