L’arrivée de l’automobile dans les rues de Magog: un risque nouveau pour les écoliers des années 1930

L’arrivée de l’automobile à Magog ne changea pas les habitudes des étudiants, dont une vaste majorité continua de se rendre à l’école à pied quotidiennement. Toutefois, l’augmentation rapide du trafic automobile vint à représenter un risque nouveau pour les enfants durant les années 1930. Rappelons que le nombre de véhicules automobiles immatriculés au Québec quadrupla entre 1920 et 1930! En 1937, afin de faire face à cette nouvelle réalité, la commission scolaire et la municipalité inaugurèrent conjointement les premières équipes de brigadiers. L’un des principaux promoteurs de ce projet était l’échevin Henry Chamberlin. Il aurait observé des brigadiers à l’œuvre lors d’un voyage à Newport (Vermont). Voici comment on prévoyait organiser les brigades en 1937 : «Les enfants seront divisés en sections d’environ 25 et auront à leur tête un chef qui portera le nom de brigadier. Ce dernier aura charge de faciliter la traversée des rues aux heures de rentrées et de sorties des classes. Il portera ceinture et insignes spéci[aux]. Il pourra interrompre la circulation pour permettre aux jeunes de traverser les rues en toute sécurité.[1]» La vitesse à laquelle circulaient les véhicules sur la rue Saint-Patrice, où étaient situées trois écoles, inquiétait particulièrement la communauté magogoise. Entre tous les véhicules, les camions de transports interurbains représentaient la plus grande menace. Ceux-ci empruntaient la rue Saint-Patrice afin d’éviter la rue Principale. Rappelons que la route 112, qui passe par la rue Principale de Magog, était le principal axe de communication automobile entre Sherbrooke et Montréal jusqu’à la construction de l’autoroute 10 en 1964. L’instauration des brigades était une mesure palliative, car la ville de Magog n’avait pas les moyens juridiques et financiers de contrôler la circulation automobile en 1937. Seul un constable provincial avait le pouvoir de mettre à l’amende un chauffard ou de lui retirer son permis de conduire. La police locale n’ayant pas ce pouvoir et la ville n’ayant pas les moyens de retenir les services d’un constable, les brigadiers représentèrent donc le moyen le plus efficace de protéger les écoliers magogois[2]. Louis-Charles Cloutier Blain Société d’histoire de Magog [1] La Chronique de Magog, 12 novembre 1937, p. 1. [2] La Chronique de Magog, 17 décembre 1937, p. 4.