Studio R.C.: 70 ans d’histoire à vivre de l’art

AFFAIRES. Il faut déjà remonter à 1947 pour retracer les touts débuts du Studio R.C., qui célèbre cette année son 70e anniversaire. Une véritable histoire de famille parsemée d’anecdotes, mais surtout de défis qui ont été surmontés à coup de travail, de volonté et de réelle passion.

Le copropriétaire Marcel Courtemanche se plaît à dire «qu’il a été conçu dans une chambre noire», alors qu’il a grandi dans le commerce ouvert par son père Robert. Ce dernier était un des rares photographes de l’époque à immortaliser tout sur son passage, avec sa lentille et ses talents de portraitiste.

Maître dans l’art de l’image, le paternel avait aussi développé une expertise dans la mise en valeur de ses clichés, par l’encadrement. Une spécialité qui a été transmise à Marcel dès son plus jeune âge. «Je me suis souviens encore quand je travaillais avec mon père, raconte-t-il. Je l’aidais dans presque tout et c’est de cette manière qu’il m’a transmis son savoir. De poursuivre dans le même métier, ç’a été tout naturel, car c’est ce que j’aimais faire.»

Quand il n’était pas dans l’atelier, le petit Marcel jouait même le rôle de vendeur à des mariages, durant lesquels, son père était engagé comme photographe. «Il prenait des photos et il réussissait à les développer en moins de deux heures. C’était très innovateur à l’époque. Et c’est moi qui allais les vendre aux invités quand la soirée était déjà bien arrosée. Disons que c’était assez facile de les convaincre de les acheter!», lance-t-il en riant.

Cet esprit avant-gardiste de Robert Courtemanche, combiné à son regard créatif, a suivi Marcel et son frère photographe Jacques, lorsqu’ils ont pris le relais de l’entreprise en 1979. L’endroit est de plus en plus reconnu par les artistes qui viennent y faire encadrer leurs œuvres. Une popularité qui a fait jaillir, en 1994, l’idée d’y ajouter une branche «culturelle» qu’est la Galerie Courtemanche. «Une fois par année, on organisait une grande vente d’encadrements. Le magasin était bondé par les artistes. Mais depuis dix ans environ, j’ai décidé d’arrêter la vente en gros et de faire uniquement du sur mesure, en n’utilisant que des matériaux de qualité et surtout, aucun plastique.»

Une partenaire d’affaires et de vie

Un changement qui coïncide avec l’arrivée d’Anick Valiquette, qui devient copropriétaire à son tour en 2009. Comme spécialiste dans la gestion d’images, elle ajoute une branche complémentaire à l’entreprise. Depuis son arrivée, elle a su reconnaître les talents de son partenaire d’affaires et maintenant, de vie. «Lorsque Marcel positionne ses mains parallèles au-dessus des coins de l’image et y pose son œil d’expert, il se concentre sur le cadre que l’image elle-même souhaite vraiment avoir, explique-t-elle. Il veille toujours à éviter de surencadrer ou de sous encadrer.»

Marcel Courtemanche est conscient que son métier est en «voie de disparition». Un manque de relève qu’il s’explique mal sachant, pourtant, que la demande est encore importante. Ses trois enfants ont aussi emprunté des chemins professionnels différents du sien. «C’est un métier passionnant et très créatif. Quand on m’apporte une œuvre, je propose toujours ce qui me semble le plus beau, sans tenir compte du prix. Parfois, les gens font le saut et on apporte quelques changements pour réduire le prix. Mais bien souvent, ils reviennent toujours au premier choix», soutient-il en précisant, qu’en moyenne, un encadrement se vend entre 200 $ et 600 $.

Une exposition symbolique pour les 70 ans

Pour souligner cet anniversaire, la Galerie Courtemanche organise une exposition intitulée «Bien encadrée». Chaque artiste y exposera une seule œuvre décorée d’un encadrement longuement réfléchi par la galerie d’art et son créateur. Une façon de mettre en valeur le talent de l’artiste, mais aussi l’art de l’encadrement. Le vernissage aura lieu le 8 juillet prochain.

«L’encadrement est non seulement une action décorative, mais aussi significative, fait valoir Mme Valiquette. Le cadre annonce le contexte. Ajouter un rebord autour d’une image est une façon d’en atteindre le cœur visuel. Les artistes avec qui Marcel travaille, tout comme ses clients, comprennent comment l’encadrement peut devenir le commentaire le plus subtil, quoique puissant, de l’image.»  

D’un secteur fantôme au plus vivant

Quand Marcel Courtemanche a acheté la propriété que son commerce habite actuellement, plusieurs lui disaient que son emplacement valait son pesant d’or puisqu’il était situé à deux pas de la SAQ. Cependant, le nouveau proprio a vite déchanté lorsque la succursale a fermé ses portes. Plusieurs bâtiments autour du lui se sont ensuite vidés, rendant l’ambiance bien morose. «C’était une zone quasi fantôme, se souvient Anick Valiquette. Ça n’a pas été facile, mais voilà qu’aujourd’hui, on est au cœur de belles promesses avec les TIC, dont l’Îlot Tourigny qui est en face de chez nous. On fonde beaucoup d’espoir sur ce renouveau.»

Pour contribuer à cette revitalisation, la Galerie Courtemanche a récemment refait sa devanture, question d’être au goût du jour. Elle espère aussi que la Municipalité reliera bientôt l’accès de la pointe Merry à l’avenue du Parc, adjacente au commerce. «Il faut être positif et voir l’activité économique avec optimisme. C’est important que Magog se développe. Notre souhait, c’est qu’il y ait encore plus de galeries d’art, encore plus de restos, car c’est en créant une masse qu’on devient une destination avec de multiples points d’intérêts», conclut-elle.