Stéphan Beaudoin, le chef d’orchestre derrière la télésérie «L’Heure bleue»

Adolescent, Stéphan Beaudoin s’intéressait aux différents arts de la scène et a longtemps songé à la Soirée artistique de l’école secondaire La Frontalière. Aujourd’hui, il est à la barre de l’une des émissions les plus regardées du petit écran, «L’Heure bleue», diffusée sur les ondes de TVA.

Après «La Promesse» et «Yamaska», les auteurs Anne Boyer et Michel d’Astous ont une fois de plus fait confiance à Stéphan Beaudoin pour leur nouveau projet. «On peut dire que L’Heure bleue, c’est mon plus grand projet, en ce sens que je débute la série, reconnaît le réalisateur de 35 ans, originaire de Stanstead. Quand je suis arrivé sur les autres séries, c’était déjà commencé. Je devais respecter certains choix de mes prédécesseurs. Avec L’Heure bleue, ce sont mes choix artistiques et mon équipe.»

Le travail du principal intéressé sur le plateau de la populaire télésérie s’apparente à celui d’un chef d’orchestre. «Je suis celui qui est devant tous ses musiciens, mais je ne jouerai pas d’instruments, image-t-il. Un réalisateur s’occupe en fait de son équipe technique, des caméras, des costumes, du maquillage, mais aussi des comédiens. Il décide aussi des plans et de l’exécution de la scène.»

Les parcours sont nombreux pour arriver à devenir réalisateur, mais, disons que celui de M. Beaudoin est particulièrement sinueux. Après avoir effectué un DEC en administration, il a poursuivi ses études en communication à l’Université de Sherbrooke, ce qui l’a mené à l’INIS, le Centre de formation professionnelle en cinéma, télévision, documentaire, médias interactifs et jeux vidéos, du côté de Montréal. «À travers tout ça, j’ai aussi fait un parcours à la télé communautaire, au Canal Vox, à Sherbrooke. Les arts de la scène m’ont aussi intéressé et j’ai participé au Groupe Show», poursuit-il.

Il fait ce travail depuis une dizaine d’années. «Dix ans qui ont été fort occupés», dit-il, le sourire accroché au visage.

Un véritable défi

L’Heure bleue a toujours été un défi en soi pour son réalisateur. Dans la première saison, les téléspectateurs ont dû s’habituer à une construction narrative relativement compliquée. «C’est en fait une histoire racontée en trois volets, précise-t-il. On a fait un grand travail pour garder la ligne émotive à travers trois temporalités en sachant qu’on s’en va tous à la même place. On a utilisé différents procédés, comme certaines trames de couleurs, pour guider le téléspectateur [à travers la tragédie de la famille Boudrias, dont le fils autiste, Guillaume, a perdu la vie, fauché par une voiture].» 

Dans la deuxième saison, présentement en ondes, on y va avec un rythme plus actif. «C’est une saison de mouvance. On a l’impression que ça bouge beaucoup plus, parce que la saison précédente, on était encore sous le choc de la mort de Guillaume, de la réaction de ses parents et de leur séparation. C’était un peu plus psychologique et rempli d’émotions. Ce n’était pas nécessairement lourd, mais on utilisait du matériel très costaud et consistant.»

Rêver à Blade Runner

«Chaque réalisateur a comme rêve d’être à la barre de son propre Blade Runner, comme Denis Villeneuve», avoue candidement M. Beaudoin. S’il n’en tenait qu’à lui, au cours des prochaines années, il se verrait bien piloter un tel projet d’envergure.

Il considère également un saut vers la scène anglophone.

N’empêche, la barre est de plus en plus haute dans les productions d’ici. «On se compare facilement avec ce qui se fait aux États-Unis, avec les Netflix et Amazon de ce monde. Comme créateurs de contenu, on se doit d’offrir de la télé de qualité et, surtout, de faire confiance aux téléspectateurs dans la complexité de certaines histoires.»

«Il recherche l’authenticité dans chaque scène»

Interprète du personnage de Clara Boudrias dans la télésérie «L’Heure bleue», Alice Morel-Michaud n’a que de bons mots pour le réalisateur Stéphan Beaudoin. «C’est tellement facile et agréable travailler avec lui, confie-t-elle. Même s’il y a beaucoup de choses à gérer sur un plateau, surtout au niveau technique, il réserve toujours du temps pour ses acteurs. Il veut vraiment que chaque scène soit claire avec nous. Il nous ramène toujours où notre personnage était avant et où il s’en va par la suite. Pour lui, la continuité est très importante. Il cherche le vrai, question que ce soit authentique.»

Ce travail «super recherché», aux dires de la jeune comédienne de 18 ans, lui permet de hausser son jeu d’un cran. «J’arrive souvent avec des propositions, mais, de son côté, il le voit peut-être autrement, ce qui me permet d’amener ça encore plus loin. Même si je fais du travail, quand on se met à deux, ça amènera toujours quelque chose de supérieur, qui passe toujours mieux à l’écran.»