L’héritage de Marjolaine Hébert
EASTMAN. Grande dame de la scène, femme libre, pionnière du théâtre d’été au Québec, Marjolaine Hébert aura marqué plusieurs générations et son héritage risque de rejaillir pendant de nombreuses années encore sur la petite municipalité d’Eastman.
C’est avec beaucoup d’émotion, de nostalgie, mais surtout, de respect, qu’on lui a rendu hommage dans sa patrie d’adoption, le 15 juillet dernier, un an presque jour pour jour après son décès survenu à l’âge de 88 ans.
Si la théâtre La Marjolaine est toujours imprégné dans la mémoire collective, voilà maintenant que la gloriette Marjolaine-Hébert véhiculera à perpétuité son nom au magnifique Parc du Temps qui passe, au cœur du village d’Eastman.
«Il y a 47 ans, je n’aurais jamais imaginé être devant vous pour rendre hommage à cette grande dame, lance le maire Yvon Laramée. À l’époque, j’étais un ti-cul de 9 ans qui accompagnait sa mère pour l’aider à faire le ménage au Théâtre La Marjolaine. Mais, en réalité, tout ce qui m’intéressait, c’était de voir les vedettes qui jouaient au théâtre».
Et des vedettes, il en est passé à profusion à Eastman depuis 1960, période à laquelle Marjolaine Hébert, déjà une comédienne bien établie, faisait l’acquisition d’une ancienne grange pour la transformer en lieu de spectacle.
Les Albert Millaire, Guy Sanche, Louise Marleau, Gilles Pelletier, Diane Dufresne, Robert Charlebois, Louise Portal, Edgar Fruitier et Sylvain Lelievre, pour ne nommer que ceux-là, s’y sont tous produit comme comédien ou chanteur, parfois les deux. «En 1964, on y a présenté «Le doux temps des amours», qui se voulait la première comédie musicale canadienne française. Quand je pense à tous les artistes que j’ai eu la chance de côtoyer ici durant toutes ces années, j’en ai encore des frissons», laisse entendre le célèbre auteur-compositeur François Cousineau, partie prenante de la cérémonie hommage à Mme Hébert.
Au volant d’une décapotable
Visiblement ému de voir ressurgir tous ces souvenirs, le comédien Daniel Gadouas a tenu à rappeler à quel point sa mère était une femme extraordinaire, non seulement dans sa vie professionnelle, mais aussi sur le plan personnel. «Dans les années 50, elle se promenait au volant de sa décapotable, ce qui était assez rare pour les femmes de cette époque. Se considérant choyée par la région, elle a fait d’Eastman sa terre d’adoption. Et même après avoir vendu le théâtre en 1995, elle a décidé de venir vivre ici à temps plein», raconte M. Gadouas.
«Puisqu’elle avait cessé ses activités professionnelles au cours des dernières années, j’ai eu la chance de m’occuper davantage de ma mère et nous avons vécu plusieurs moments de bonheur jusqu’à la fin», a-t-il conclu.
750 000 spectateurs
On estime à près de 750 000 le nombre de spectateurs qui ont fréquenté le Théâtre La Marjolaine durant les 35 années (1960 à 1995) où Marjolaine Hébert en a été la propriétaire. Après quelques années de transition, l’endroit a été acquis par Marc-André Coallier en 2003 et a subi plusieurs améliorations depuis 2010.
«Méchant week-end»
Jusqu’au 25 août (du mercredi au samedi à 20 h) le Théâtre la Marjolaine présente la pièce «Méchant week-end», de Norm Foster. Marc-André Coallier, Catherine Renaud, Maxime Tremblay et Mirianne Brûlé en assurent la distribution. Ce quatuor était aussi sur les planches en 2014 pour la pièce «Bébé à bord». Pour les détails de la programmation 2015: www.lamarjolaine.info.
Des emplois rêvés pour les jeunes
Le conseiller municipal, d’Eastman, Patrick MacDonald estime que le Théâtre La Marjolaine a été une formidable école de vie pour bien des étudiants. «Quand on était jeune, on rêvait tous de travailler au théâtre. L’atmosphère était fantastique et on gravitait autour de personnages qu’on avait vu à la télé, se remémore-t-il. Pour ma génération et quelques autres, ce fut énormément formateur d’être exposé à une telle expérience culturelle. Un gros MERCI Marjolaine».