De grands noms aux Correspondances d’Eastman
ÉCRIVAINS. Une panoplie d’artistes et d’écrivains réputés étaient à l’honneur aux 12e Correspondances d’Eastman la fin de semaine dernière. Parmi eux, Michèle Plomer, Louis Gauthier, Kim Thùy et Dany Laferrière.
Par François Bouchard
La température était parfaite pour accueillir les 150 personnes réunies sur la terrasse samedi après-midi dernier pour entendre Dany Laferrière, écrivain renommé et nouvellement académicien. Celui-ci présentait un atelier d’une heure quinze intitulé Le Souverain créateur, en compagnie de Jean Barbe à l’animation. De multiples sujets ont été abordés tels que la littérature en général, ses livres, la figure de l’écrivain dans la société, l’Académie française, où il siège depuis le 12 décembre dernier, la construction d’une oeuvre, le plaisir d’écrire et celui de lire.
Le titre de l’atelier en a fait s’interroger plusieurs, et M. Laferrière, avec ses talents d’orateur et de conteur qu’on lui connaît, a expliqué à la foule à la toute fin ce qu’il entendait par là. Sa réponse englobe un pan de sa vie important, qui l’a mené où il est aujourd’hui «Si j’avais parlé du souverain créateur en général, ça n’aurait duré que dix minutes. C’est par la création que je vis. Je suis arrivé ici avec seulement 20$ en poche. En fait, j’avais 30$, mais j’ai donné 10$ à ma mère avant de partir. J’ai dû travailler dans une usine pour vivre et dès que j’ai pu, j’ai lâché l’usine et je me suis acheté une machine à écrire, parce que c’était mon rêve d’être écrivain. Depuis, j’ai toujours travaillé dans l’écriture. Et je conserve tous mes textes; je ne jette rien. Je n’ai pas écrit une seule ligne dont je ne pouvais me servir, parce que j’ai toujours été écrivain. Alors pour moi, c’est ça le Souverain créateur. C’est quelqu’un qui a voulu être écrivain quand il était un enfant et qui est devenu ce qu’il a rêvé d’être.»
M. Laferrière n’en était pas à sa première présence aux Correspondances. Il sait tout le travail qu’il y a derrière, et il semble également y retrouver un havre de paix. «C’est très bien que ce soit décentré de Montréal et que l’événement ait lieu dans un charmant village avec un lac non loin et de bons restaurants. C’est incroyable comment les Correspondances ont pu changer la qualité de vie de cette petite ville. Les gens viennent ici, je crois, parce qu’ils ont l’impression d’être à la fois dans un cadre de savoir et en même temps dans une nature magnifique. La nature et la culture à son meilleur.»
Tout de suite après, un café-littéraire ayant pour titre Ici comme ailleurs : déracinement et enracinement avait lieu avec les auteurs Michèle Plomer, Louis Gauthier et Kim Thùy.
Plusieurs thèmes ont là aussi été abordés, dont celui de la Chine grâce à la trilogie Dragonville de Mme Plomer, de la façon dont les gens d’autres cultures gèrent leur temps, des quatre livres de M. Gauthier rédigés en trente ans, de la cuisine vietnamienne et des nombreux voyages de Mme Thùy.
La terrasse était à nouveau remplie de spectateurs qui riaient des multiples discussions teintées d’humour. Kim Thùy en a d’ailleurs surpris plus d’un en avouant, à propos de sa personnalité : «Je suis un yogourt nature : ce sont les voyages que j’ai faits qui me donnent du goût.»
Chacun de ses ateliers s’est terminé par une séance d’autographe, où tous les écrivains furent très patients et fort généreux de leur temps. On remarque que très peu de jeunes étaient présents à ces deux événements, pourtant très intéressants dans leur contenu. Peut-être que le nouvel Espace jeunesse était trop populaire.