Faire ses Pâques… sur le pouce

PORTRAIT. Malgré ses 89 ans, Wilma Foyle tient à faire son carême et à célébrer Pâques à sa façon: assister quotidiennement à la messe matinale de l’église Saint-Patrice, tout en recourant à l’auto-stop pour se déplacer entre sa maison de Sainte-Catherine-de-Hatley et Magog.

Cette tradition est très importante aux yeux de cette croyante et fidèle catholique, et ce n’est pas l’absence d’une voiture qui va l’empêcher de faire ses Pâques. «En cette période où tout va rapidement et que plusieurs sont centrés sur eux-mêmes, les gens devraient profiter du carême pour ralentir un peu», conseille-t-elle.

À ses yeux, ses prières lui permettent de rester jeune de coeur et en santé. Elle croit à la maxime «Un esprit sain dans un corps sain», ce qui lui permet d’allier spiritualité et activités physiques pour allonger sa durée de vie.

Marche, lecture, s’occuper de sa maison, jardinage et spiritualité figurent au menu quotidien de Mme Foyle. Elle marche tous les jours entre sa maison et le village de Sainte-Catherine-de-Hatley. Elle chante tous les week-ends avec sa fille dans l’église du village.

En plein carême, et même en dehors de cette période, elle fréquente assidûment l’église Saint-Patrice en se déplaçant «sur le pouce». Au retour, elle en profite pour faire des courses à l’épicerie et marcher un peu au centre-ville avant de solliciter un transport devant l’ancienne Dominion Textile ou devant le Dépanneur 10-10.

«Faire du pouce» n’a jamais effrayé cette ancienne institutrice. Elle a recours à ce mode de transport depuis plus de 50 ans, parfois avec ses enfants en voyage. «Je n’ai connu que de petites mésaventures sans gravité, témoigne-t-elle. Je revois souvent les mêmes automobilistes.»

UNE ANCIENNE FIDÈLE DU MONASTÈRE

Il y a quelques années à peine, on la voyait encore se déplacer à pied entre sa maison de Sainte-Catherine-de-Hatley et l’Abbaye de Saint-Benoît-du-Lac. Elle profitait des 40 jours du carême pour assister presque quotidiennement à la messe de 11 h offerte au monastère. Elle adorait marcher, mais elle acceptait quelques fois les déplacements en voiture en «faisant du pouce». Même des policiers lui offraient du transport. C’était son petit chemin de Compostelle quotidien pendant une vingtaine d’années.

Grande marcheuse malgré sa petite taille, elle raconte fièrement qu’elle a déjà complété le réel chemin de Compostelle avec sa fille. 1600 kilomètres en trois mois à travers la France et l’Espagne.

Welma Foyle se déplace souvent à pied, mais elle a aussi parcouru beaucoup de chemin dans son parcours personnel. Elle est née à Alma, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, de parents croates immigrés au Canada entre les deux grandes guerres. «Je suis une bleuet pur sang même si mon nom de fille est Grbac», rigole-t-elle.

Elle s’est mariée à un Britannique travaillant dans les grandes usines du Lac-Saint-Jean. Le couple s’est installé sur le chemin d’Ayer’s Cliff à la retraite du conjoint. Ils ont eu quatre enfants. Le paternel est décédé il y a une quarantaine d’années. Aujourd’hui très autonome, à l’exception de petits problèmes d’ouïe et de vision, Mme Foyle habite toujours la même maison.