Vols d’essence: un fléau sous-estimé dans Memphrémagog

ENQUÊTES.  Depuis environ deux ans, ce sont plus de 130 vols d’essence qui ont été rapportés à la Régie de police de Memphrémagog (RPM). Une donnée qui est toutefois loin de réfléter l’ampleur du fléau, puisque un grand nombre de dossiers ne peuvent tout simplement pas être enquêtés, faute d’informations.

Comme l’explique le Mickaël Laroche, de la RPM, les 132 appels reçus pour des vols de carburant depuis le 1er janvier 2021 sont des cas où les stations-service ont été en mesure de fournir des informations permettant à la police de faire la lumière. On parle du numéro d’immatriculation, d’une description du véhicule ou idéalement, d’images captées par des caméras de surveillance.

«Sans l’une de ces informations, il n’y a pratiquement rien que nous puissions faire. Lorsque cela se produit, les stations ne nous appellent même pas et encaissent la perte, malheureusement. Dans les faits, c’est beaucoup plus que les 132 dossiers qui ont été ouverts durant cette période. Je pense que l’on pourrait raisonnablement tripler ce chiffre pour avoir une image réaliste du problème», estime Mickaël Laroche. 

Difficile de prouver un oubli volontaire

L’autre élément de complexité entourant les vols d’essence est que la plupart des conducteurs fautifs prétendent qu’il s’agit d’un simple oubli. Il est très difficile pour les policiers de savoir si cette personne est honnête ou si elle est une experte de l’oubli volontaire. « Les enquêteurs ont le fardeau de prouver que l’oubli est intentionnel, ce qui est loin d’être évident. Le seul moyen d’y arriver est de documenter les vols pour avoir un historique. Si la même personne est rendue à huit oublis, ce sera plus difficile pour elle de s’expliquer. »

«Reste que pour y arriver, il faut ouvrir une enquête pour chaque dossier. Je dirais qu’en moyenne, chaque vol qui nous est rapporté nécessite une heure de travail. Le policier doit se déplacer sur les lieux du vol, visionner les caméras si nécessaire, localiser le propriétaire du véhicule, le contacter et s’assurer qu’il fasse son paiement. Quand on accumule tous les dossiers, c’est beaucoup de temps qui pourrait être investi ailleurs comme des dossiers d’agression sexuelle.»

Le prépaiement avant les caméras

Même si l’achat de bonnes caméras de surveillance peut s’avérer utile, Mickaël Laroche est d’avis que cet outil a des moyens limités et n’est pas sans faille. Il donne en exemple ceux qui camouflent volontairement leur plaque avant de passer à l’action. En hiver, il est aussi très fréquent qu’un véhicule soit mal déneigé ou simplement sale, ce qui rend la plaque illisible. 

«La meilleure solution pour les stations-service est d’obliger les clients à payer leur essence avant de faire le plein. Si toutes les stations allaient dans cette direction, ce serait formidable», conclut-il.