Une hausse de taxes de 40% qui passe mal sur le chemin de Georgeville

TAXATION. Une augmentation de 40% du compte de taxes est jugée indigeste par des propriétaires du chemin de Georgeville, à Magog, alors que le budget municipal de décembre dernier parlait plutôt d’une augmentation moyenne entre 2% et 3% pour l’ensemble du territoire.

La somme à payer passe de 16 000 $ à 22 200 $ à une seule adresse, ce qui représente un bond de 40%. Cette facture salée s’explique par une nouvelle évaluation foncière, ayant grimpé de 2 M$ à 3,2 millions de dollars en un an.

Allan Marvin Smith ne conteste pas la méthode de calcul de l’évaluateur. Il peste plutôt contre «l’injustice sociale» que représente l’écart entre la moyenne et ce que vivent lui et ses voisins.

Il est également conscient que sa propriété vaut beaucoup d’argent, mais sa famille la possède depuis cinq générations. Son aïeul Erasmus D. Smith a été maire de Magog de 1894 à 1896. Ce contribuable explique que sa famille écope de valeurs toujours à la hausse causées par le vif intérêt des acheteurs et des transactions au coût de plus en plus élevé. «Nous sommes plusieurs héritiers de familles souches de la région à vivre difficilement ces hausses de taxes», s’inquiète M. Smith.

Une hausse de taxes de cette nature peut être difficile à digérer et à payer, même pour des propriétaires d’un domaine valant 3,2 millions de dollars, avouent ces contribuables. «Nous ne voulons pas vendre, mais ça commence à être difficile pour notre portefeuille, car nos salaires n’augmentent pas de 40%, s’inquiète-t-il. Cette augmentation demeure également très élevée comparativement à l’inflation d’environ 5%.»

Smith ajoute que la hausse de 800 $ par année de ses assurances, causée par la fermeture de la caserne incendie du lac Lovering, pourrait avoir des conséquences fâcheuses sur son avenir.

Lui et sa conjointe espèrent que la Ville de Magog pourra trouver une solution pour atténuer des hausses de taxes qu’ils jugent déraisonnables. Ils sont convaincus que les Municipalités du Québec devraient avoir plus de flexibilité pour moduler le taux d’imposition. Par exemple, ils proposent d’abaisser davantage le taux de taxation dans des secteurs qui écopent d’importantes hausses de valeur foncière, comparativement à d’autres zones qui observent, par exemple, des évaluations foncières à la hausse de moins de 10%.

Smith sollicite le voisinage et d’autres résidents du chemin de Georgeville pour accentuer la pression sur la Ville et sur le gouvernement du Québec.

 

Les mains liées

La mairesse de Magog, Nathalie Pelletier, se dit sensible aux inquiétudes manifestées par ces contribuables. Elle assure toutefois que la Ville a les mains liées pour dénouer cette impasse.

«La loi nous interdit de moduler le taux de taxation par secteur, spécifie-t-elle. Nous devons obligatoirement harmoniser cet impôt foncier, sinon on provoquerait d’autres iniquités.»

Elle rappelle que la hausse du compte de taxes annoncée entre 2 % et 3% ne représente qu’une moyenne. «Certains secteurs ont connu des baisses ou des augmentations moins élevées que sur le chemin de Georgeville, détaille-t-elle. On a réduit notre taux de taxation, mais les valeurs foncières à la hausse font mal sur le chemin de Georgeville.»

Presque tous les propriétaires de ce luxueux secteur auraient récemment reçu leur compte de taxes 2022, incluant d’importantes valeurs foncières à la hausse et une augmentation de taxes d’environ 40%. Selon la première magistrate, ces augmentations s’expliquent notamment par le boom immobilier observé également aux quatre coins de la province.

Sans possibilité de solution au palier municipal, Mme Pelletier recommande aux contribuables qui vivent une situation similaire de communiquer avec leur institution financière. Selon la mairesse, ces propriétaires pourraient tirer profit de leur actif à la hausse pour «réhypothéquer» une partie de la valeur de leur maison pour payer les taxes des prochaines années.