Un nouveau souffle à Orford?

ÉCONOMIE. Quelques maires de la MRC de Memphrémagog préfèrent la prudence face à l’intérêt de Gilles Bélanger pour acquérir le Mont-Orford, mais certains d’entre eux croient tout de même que sa proposition tombe à point pour donner un nouveau souffle à la montagne.

La mairesse de Magog, Vicki May Hamm, qui siège sur le conseil d’administration de la Corporation Ski & Golf Mont-Orford en plus de présider le comité de relance de la station touristique, estime que l’annonce de Gilles Bélanger arrive à un bon moment.

«Le Mont-Orford est maintenant viable et a retrouvé ses lettres de noblesse. Il arrive cependant à un tournant où il a besoin d’investissements importants pour poursuivre sa croissance. On doit analyser son offre entre nous, mais la vision de cet homme d’affaires, qui transforme ses rêves en du concret, me rejoint beaucoup», commente-t-elle.

Le maire du Canton d’Orford, Jean-Pierre Adam, qui siège également sur le CA du Mont-Orford, demeure très prudent, surtout que la Corporation est en pleine réflexion stratégique pour assurer son avenir. «J’ai repéré des éléments intéressants et d’autres plus questionnant, surtout qu’il ne s’agit que d’un énoncé de projet. Je garde cependant une oreille attentive, car il s’agit d’une offre pour stimuler le développement économique d’une station qui en a besoin, surtout qu’il est temps d’investir», résume-t-il.

Une autre membre du CA de la Corporation, Lisette Maillé (mairesse d’Austin), voit toujours d’un bon œil toutes les formes de contribution au développement économique de la région, qui vise en plus la pérennité du Mont-Orford. «Des nouvelles idées et du sang neuf, c’est toujours bon, encore plus s’il y a de l’argent pour investir. La montagne va mieux, mais elle a besoin de plus, tant mieux si l’argent neuf vient du privé», dit-elle avec prudence.

Le maire d’Eastman, Yvon Laramée (autre administrateur à la Corporation), rappelle que la MRC a pris en charge la station de façon transitoire, au départ, le temps de trouver un acheteur sérieux. «Gilles Bélanger peut s’avérer une option sérieuse s’il a les reins solides, car le dilemme de la Corpo, qui a plein d’idées de développement, est de trouver les fonds nécessaires à la modernisation de la station», dit-il.

M. Laramée croit aussi que le Mont-Orford se trouve à une période charnière de son développement. L’argent est au cœur de la problématique, surtout qu’une corporation sans but lucratif, comme celle du Mont-Orford, trouve plus difficilement du financement qu’une entreprise privée, selon lui. «Je ne ferme pas la porte à M. Bélanger, au contraire, rencontrons-le car la Corporation manque d’argent pour assurer son avenir. Il est temps de bouger, car Orford perdra de la valeur si ses équipements deviennent de plus en plus désuets», soutient-il.

Quelques options de financement font réfléchir le maire d’Eastman: privée avec Gilles Bélanger, mais aussi un financement réparti entre les 17 municipalités de la MRC de Memphrémagog, et ce, au prorata de la population de chacune des villes. L’idée ne serait pas partagée par tous les maires, surtout que les besoins de la station s’élèvent à quelques millions de dollars. «Nous ne sommes pas rendus là, mais ça peut dépendre de comment cela est présenté», signale-t-il.

Le maire du Canton de Potton, Louis Veillon, qui ne siège pas sur le CA du Mont-Orford et qui profite d’un centre de ski (Owl’s Head) sur son territoire, favorise deux stations en bonne santé dans la MRC. «Il faut accepter l’offre de Gilles Bélanger si son projet est sérieux. Sa proposition doit cependant comprendre la modernisation du domaine skiable, mais aussi du développement immobilier à l’extérieur du Parc national du Mont-Orford. Si oui, on retire la MRC du Mont-Orford et on cède à des intérêts privés», commente-t-il.

M. Veillon admet que la gestion du Mont-Orford par la Corporation, un OSBL créé par la MRC de Memphrémagog, n’augmente pas la charge fiscale de ses contribuables. «Notre quote-part à la MRC demeure stable, mais ça pourrait changer si la montagne accumule un jour des déficits», prévient-il.

Robert Benoit, qui a été mentionné la semaine dernière par Gilles Bélanger pour collaborer à la relance du Mont-Orford, décline poliment l’invitation d’investir son argent dans la station, mais s’offre pour aider. L’ancien député d’Orford, ayant milité contre le précédent projet de développement immobilier au pied des pentes, conseille aux deux parties de se rencontrer pour analyser la situation. «Orford va mieux, mais elle ne peut s’assoir sur ses lauriers. En affaires, tu recules si tu n’avances pas», lance celui qui souhaite le succès à la station.

M. Benoit rappelle l’interdiction de construire des milliers de condos à l’intérieur des limites du Parc Orford, mais qu’il est possible d’en faire sur des terrains voisins. L’aménagement d’un lien aérien entre l’hébergement et les pentes de ski serait une excellente idée, selon lui.

 

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