Un Magogois révolutionne l’industrie du cannabis biologique

MÉTIER. Lorsqu’il est sorti des bancs d’école de l’Université McGill avec sa maîtrise en agriculture biologique, David Bernard Perron ne pensait pas devenir un expert du cannabis. Mais voilà qu’il est maintenant reconnu au pays et même aux États-Unis pour avoir réussi à faire pousser un produit biologique d’une qualité enviable.

Le Magogois est pourtant encore un jeunot dans cette industrie alors qu’il travaille à temps plein depuis seulement deux ans pour Whistler Medical Marijuana Corporation, en Colombie-Britannique. Par son expertise et ses connaissances académiques, il s’est vite fait connaître en mettant en place un programme de production de croissance biologique au sein de cette entreprise artisanale. Ce qui vaut à son employeur d’être le seul producteur de cannabis médicinal à être certifié entièrement biologique, en plus d’être approuvé par Santé Canada.

«Les autres producteurs n’en reviennent pas qu’on ait réussi à obtenir un produit biologique d’une aussi grande qualité, sans pesticide, avec du rendement. Disons qu’on fait bien des jaloux», s’exclame le Magogois âgé de 30 ans.

Pour cet agronome en chef, le cannabis est une plante intéressante à bien des niveaux, que ce soit pour ses vertus thérapeutiques, son goût et son esthétisme. Il compare son travail à un vigneron «qui cherche à faire pousser le meilleur raisin afin d’obtenir le meilleur vin». Évidemment, une telle démarche ne se fait pas en claquant des doigts. «Disons que j’ai fait beaucoup de temps supplémentaire au cours des deux dernières années, les soirs et les week-ends. J’essaie aussi d’aider d’autres producteurs qui n’ont pas le back-ground scientifique comme moi. Je participe également à des voyages d’affaires, en plus de donner des conférences comme récemment au Texas. Ça me tient très occupé!»

Les prochains mois s’annoncent tout aussi chargés pour M. Bernard Perron puisque la Whistler Medical Marijuana Corporation projette d’ouvrir une deuxième production en Colombie-Britannique. De plus, il y a toute la question de légalisation du cannabis à des fins récréatives qui laisse entrevoir de beaux défis à l’horizon. «Je suis en faveur de la légalisation, car la prohibition n’a pas fonctionné, constate-t-il. Actuellement, le cannabis vendu sur le marché noir est dangereux puisque les producteurs utilisent beaucoup de pesticides, sans trop savoir ce qu’ils font. Malgré qu’il y ait encore des préjugés, le cannabis demeure un superbe médicament, surtout pour les troubles reliés au système nerveux comme la sclérose en plaques», avance M. Bernard Perron.

S’il n’était pas destiné à ce cheminement de carrière, David a toujours été attiré par ce qui pousse dans la terre. À 14 ans, il a été initié au marché du travail aux serres Saint-Benoit-du-Lac à Austin. Mais c’est un professeur au Centre de formation professionnelle de Coaticook qui lui a transmis sa véritable passion pour les plantes.