Un homme de 85 ans décède «dans l’indifférence» à l’hôpital de Magog

SANTÉ. Les membres de la famille Bolduc dénoncent le traitement subi par leur père malade et mourant à l’hôpital de Magog. Ils se disent fâchés et peinés d’avoir vu leur paternel «mourir à petit feu dans l’indifférence la plus totale».

La famille s’est sentie abandonnée dans les premières semaines de traitement, puis larguée par le système de santé jusqu’au décès de Denis Bolduc, le 2 janvier dernier.

«De voir quelqu’un qu’on aime, amoindri et vulnérable, est déjà une épreuve terrible, mais pourquoi ne pas comprendre ce qui se passe, de ne pas être traité comme des humains, mais plutôt comme des numéros sans aucune empathie et aucune considération face à nos incertitudes», se questionne la famille Bolduc dans cette lettre.

Nancy Bolduc, un des enfants de la famille qui habite Eastman, déplore le manque de soins, d’attention et de dignité à l’égard de son père de 85 ans, qui a fait son entrée au Centre de santé et de services sociaux de Memphrémagog pour une pneumonie, le 22 novembre dernier.

Il demeure à l’hôpital en raison d’une situation jugée critique et pour subir d’autres examens. De mauvaises nouvelles suivent les analyses en plus de la pneumonie: arythmie, emphysème, déshydratation et début de démence.

Un congé faute de place?

On lui dit de sortir de l’établissement une semaine plus tard, même si la famille s’objecte. «Il ne pouvait clairement pas retourner à la maison car il avait besoin de soins. La direction nous poussait à le sortir faute de places disponibles», peste la famille Bolduc.

Il est placé en résidence le 12 décembre, mais la direction de cet établissement trouve qu’il est un cas trop lourd. La semaine suivante, il rentre de nouveau à l’hôpital en ambulance car le sac de sa sonde est rempli de sang. Il y reste une journée, car son sac aurait été accroché seulement.

S’ajoutent des métastases aux poumons et un possible cancer de la prostate le 27 décembre. Sa résidence où il habite ajoute à son dossier qu’il est un cas de soins palliatifs et qu’il devrait être hospitalisé.

Trois jours plus tard, M. Bolduc rentre de nouveau à l’hôpital de Magog en raison d’une hémorragie. «On le retourne à la résidence par transport adapté au grand froid, car son état général semblait stable et il ne faisait pas de fièvre.»

 

Décédé sans sa famille

«Il était clairement un cas de soins palliatifs. Il se mourait! Il est entré à nouveau le 1er janvier et a dormi à l’urgence pour finalement être transféré aux soins palliatifs le lendemain. Il est décédé à 23 h 10 le 2 janvier, mais il n’a pu être entouré de sa famille puisque nous n’avions pas été avisés que la fin approchait. Mon père a souffert, il a été transporté d’un endroit à l’autre et nous sommes tous demeurés dans l’ignorance. Nous avons fait face à l’indifférence d’un système qui s’éteint», dénonce la famille.

«Nous avons perdu confiance dans notre système de santé. Nous estimons que notre père a été victime de négligence et nous désirons le dénoncer afin qu’aucune autre famille n’ait à traverser ce que nous avons traversé. Le système nous a abandonnés dans un des moments où nous en avions le plus besoin», conclut la famille.

Les Bolduc sont appuyés par le Comité de vigie de l’Hôpital de Magog, qui encourage les gens à dénoncer publiquement les mauvaises expériences provoquées par le système de santé.

 

 

Une famille référée au commissaire aux plaintes

En réaction, le CIUSSS de l’Estrie – CHUS préfère demeurer discret sur des cas particuliers. La conseillère en communication du réseau estrien de la santé, Geneviève Lemay, informe néanmoins la famille qu’elle peut adresser son insatisfaction au commissaire aux plaintes et à la qualité des services de l’établissement de santé.

Le CIUSSS de l’Estrie rappelle que le commissaire reçoit et examine les plaintes portant sur les soins et les services que les usagers ont reçus ou qu’ils auraient dû recevoir au sein de l’établissement. Puisqu’il relève du conseil d’administration, le commissaire est indépendant, assure la direction.

Après avoir recueilli toutes les versions des faits, le commissaire transmettra ses conclusions dans un délai de 45 jours, accompagnées ou non de recommandations pour améliorer la situation.
«Si le commissaire adresse des recommandations à l’établissement, nous les traiterons avec diligence. La qualité des services aux personnes et leurs proches est primordiale pour le CIUSSS de l’Estrie – CHUS», termine Mme Lemay.