Un commerce «pionnier» des Galeries Orford fermera ses portes

RETRAITE. Il risque d’y avoir un certain vide aux Galeries Orford de Magog lorsque le restaurant Café Claire fermera officiellement ses portes le 23 avril prochain, après 38 ans d’existence.

Ce resto, qui offre aussi un service de tabagie, était le seul commerce «fondateur» toujours existant à l’intérieur du centre d’achats magogois.

«Nous avons ouvert nos portes le 28 mai 1980, en même temps que les Galeries. Je me souviens très bien de la date, car c’est aussi l’anniversaire de mon épouse cette journée-là», explique le copropriétaire Jean-Louis Francoeur.

En plus de prêter son prénom et d’être elle aussi copropriétaire de la nouvelle petite entreprise, Claire Francoeur a été une actrice de premier plan dans les opérations. Elle a notamment pris les bouchées doubles durant les premières années, alors que son époux avait conservé son autre emploi à l’usine Taillefer de Magog, tout en travaillant au resto à demi-temps.

«C’est un boulot qui demandait beaucoup d’heures, avec un horaire de six jours sur sept. Presque toute notre nourriture était faite maison. Et lorsque la région Magog-Orford a décidé de profiter de son statut touristique et de permettre l’ouverture des commerces le dimanche, on a aussi embarqué dans la danse et ce fut encore plus exigeant», reconnaît Claire Francoeur.

«Dans notre cas, l’ouverture le dimanche ne fut pas nécessairement un avantage. On a juste étalé la clientèle sur sept jours au lieu de six», ajoute M. Francoeur.

Des fermetures désastreuses

Le couple Francoeur ne s’en cache pas, il aurait bien aimé pouvoir vendre son commerce afin de profiter de la retraite le cœur plus léger.

Mais les acheteurs ne se sont jamais bousculés à la porte. «Le milieu commercial a beaucoup changé au cours des dernières années. Plusieurs restaurants se sont ajoutés autour de nous, et les épiceries et certains dépanneurs offrent même du prêt-à-manger et des repas chauds. Si on devait repartir un resto comme le nôtre aujourd’hui, je ne crois pas qu’on pourrait survivre pendant 38 ans», laisse entendre Jean-Louis Francoeur.

Ce dernier reconnaît tout de même que la région a connu une période faste, avant de prendre un tournant difficile au début des années 2010. «À une certaine époque, notre clientèle regroupait notamment des employés du Métro (où est maintenant Bureau en gros), du Zellers (fermé depuis quelques années) et des grosses entreprises du parc industriel (Imprimerie Quebecor, Thona, etc.). Malheureusement, ils ont tous cessé leurs activités.  Il s’est perdu 5000 emplois dans le secteur. On n’a jamais été capable de rattraper tout ça.»

Des retraités déjà actifs

Même s’ils seront officiellement des retraités à la fin du mois d’avril, Claire et Jean-Louis Francoeur, qui fêteront chacun leurs 72 ans en mai, sont loin de vouloir se lancer dans d’innombrables projets.

Malgré leur vie professionnelle chargée, ils jouent déjà au golf et aux quilles depuis plusieurs années, font de la marche et de la raquette, et possèdent même un petit motorisé pour les voyages.

M. Francoeur se prépare aussi activement à sa «saison de spectacles» qui arrive à grands pas, avec la chorale dont il fait partie depuis 20 ans.

«Ça, c’est probablement la seule activité que je ne partage pas avec lui. Le chant, ce n’est vraiment pas ma tasse de thé», lance Mme Francoeur en riant.

Mais, s’il y a une facette que le couple Francoeur partage sans gêne, c’est bien l’attachement envers sa clientèle. «On a eu des clients vraiment fidèles, qui venaient manger chez nous toutes les semaines, et même plusieurs fois par semaine dans certains cas. Ce sont eux qui vont nous manquer le plus», concluent les futurs retraités.