Un cimetière oublié à Magog

PATRIMOINE. Le plus ancien cimetière de Magog est aujourd’hui camouflé sous un stationnement asphalté de la rue Merry Sud. Les restes d’une vingtaine de pionniers de la région y reposent toujours presque anonymement depuis la création de cette église et cimetière en 1830.

C’est avec émotion, tristesse et nostalgie que Maurice Langlois, un féru d’histoire locale, a pris connaissance d’un avis publié par l’Église Évangélique Baptiste dans l’édition du 29 juillet du Reflet du Lac.

La direction de ce lieu de culte demandait à la population d’éviter de prendre son stationnement à titre de raccourci. Pour une question de sécurité, elle voulait éloigner les automobilistes qui empruntent ce stationnement pour relier la rue Merry Sud et la rue Bellevue, via la rue Sloan, évitant ainsi la laborieuse intersection du restaurant McDonald’s.

«Pour moi, la principale raison de ne pas y circuler serait qu’il s’agit d’un ancien cimetière que la congrégation a désacralisé et négligé par le passé», s’indigne M. Langlois.

Il dit avoir visité presque toute la centaine de cimetières dans l’ancien comté de Stanstead. Il a vu des lieux de dernier repos abandonnés et négligés, mais jamais «asphaltés pour en faire un stationnement».

«L’Union Church Cemetery a même disparu des références historiques sur le web s’attriste-t-il. Il est temps de rappeler que des membres des familles pionnières de l’Outlet, comme les Merry, Moore et Turner, y ont été enterrés.»

Le fondateur de Magog, Ralph Merry III, y a été inhumé. Il repose toutefois dans le cimetière de la rue des Pins, à Magog, depuis 1876. C’est à ce moment que son petit-fils Ralph V a déplacé d’un cimetière à l’autre les restes d’une partie de sa famille.

D’autres dépouilles reposent toujours sous la stationnement de la rue Merry Sud, car M. Langlois est catégorique sur le fait qu’aucune autre exhumation n’y a eu lieu depuis le transfert fait par Ralph Merry V.

«Au cours des années, le lieu sacré a été négligé et, en 1977, cette communauté a fait fi des restes des personnes inhumées en utilisant le cimetière comme stationnement, raconte M. Langlois. À cette époque, un petit groupe de citoyens anglophones alertés et inquiets, dirigés par la regrettée Kathleen Milne, ont pu récupérer et transporter certaines pierres les mieux préservées au cimetière protestant de la rue des Pins qui les a accueilli avec respect.»

Il se dit outré par le fait que, plus récemment, «ce cimetière ait été recouvert d’asphalte sans considération ni respect pour ceux qui l’habitent encore».

Conscient de la difficulté d’exhumer des restes après plus de 130 ans, il aurait apprécié que la communauté rende davantage hommage aux disparus. Il juge insuffisante l’unique pierre tombale érigée près de la rue Merry Sud avec les noms d’une vingtaine de personnes, sans mentionner qu’il y avait un cimetière derrière l’église. «Ces gens méritent mieux et ce cimetière patrimonial doit être mis en valeur», ajoute M. Langlois.

 

UN DOSSIER RÉGLÉ ET CLASSÉ

Le porte-parole de l’Église Évangélique Baptiste, Michel Leblanc, croit que ses prédécesseurs ont conclu ce dossier avec respect et en collaboration avec les familles concernées. Il rappelle qu’un monument a été érigé devant la propriété du 112, rue Merry Sud, pour rendre hommage aux disparus.

Il ne croit pas que des restes demeurent enfouis sous le stationnement, surtout que les plus récentes dépouilles datent de 1930.

En ce qui concerne la circulation, il rappelle aux automobilistes d’éviter le stationnement de l’église. En août, il espère qu’ils seront moins que les 300 du mois de juillet à y avoir circulé. Il y aperçoit même des voitures, des motorisés et des remorques à bateau pendant la période estivale. Certains s’y garent pour aller à la plage.

Leblanc demande la collaboration de tous, tel que suggéré sur une affiche installée sur la propriété, pour éviter de clôturer la propriété du côté de la rue Sloan.