TRIBUNE LIBRE: Rappelons la portée de Cantons-de-l’Est pour notre région
Depuis le début du débat quant au choix du nom de notre région, nous sommes restés plutôt silencieux. En lisant les plus récentes lettres ouvertes, je crois toutefois qu’il est pertinent d’exprimer avec fierté notre position, et d’en profiter pour partager certains faits.
Comme l’ont relevé plusieurs personnes dans le cadre de la présente commission, le débat autour du nom de notre région n’est pas nouveau. En effet, la question s’est posée en 1963, lors de la création des régions administratives, qui a vu naître la région 05 des Cantons-de-l’Est, puis, en 1981, lorsqu’elle fut renommée Estrie.
Sans surprise, Tourisme Cantons-de-l’Est est en faveur du vocable… Cantons-de-l’Est, pour représenter la région administrative 05. Étant donné son mandat de promotion de l’offre touristique, l’association touristique régionale (ATR) est passée maître en matière d’attraction des clientèles régionales, nationales et internationales. Elle possède une expertise reconnue à ce niveau et elle peut ainsi formuler sans gêne ses recommandations en les appuyant sur près de trois décennies d’utilisation avec succès du nom Cantons-de-l’Est.
Mais au-delà de sa pertinence et de son expertise, l’ATR peut aussi parler en connaissance de cause : elle s’est posé la même question – à savoir quel est le meilleur nom pour représenter la région et y attirer des gens – et est passée par les mêmes étapes il y a de cela un peu plus de 25 ans. En effet, au cœur des années 90, après avoir porté le nom Estrie pendant une dizaine d’années, la région touristique de l’Estrie est devenue celle des Cantons-de-l’Est. Les intervenants économiques touristiques regroupés au sein de l’ATR désiraient doter la région d’une image de marque de destination forte grâce à un nom qui évoquerait son histoire, ses affinités territoriales et la promesse d’expériences riches et uniques. Forte de ce changement, la région touristique a su se développer de manière exponentielle et attire aujourd’hui 10 millions de visiteurs annuellement, se classant au 3e rang des régions les plus populaires auprès des Québécois. Les acteurs de l’industrie touristique ont pris le risque de choisir un nom évocateur et distinctif, et ont gagné leur pari. Les retombées ont de loin surpassé les inconvénients logistiques et administratifs entourant toute démarche de changement de nom.
L’importance et la portée de toute une industrie
Sous le couvert d’arguments tels que » il n’y a que le tourisme qui utilise Cantons-de-l’Est » ou » l’attractivité est un mythe » ou encore » le changement ne profiterait qu’à Tourisme Cantons-de-l’Est « , certains questionnent le travail des trois dernières décennies et diminuent l’importance de plusieurs écosystèmes économiques qui s’avèrent vitaux pour nos villes et villages ainsi que l’importance de toute une industrie. Une industrie qui a été, disons-le, avant-gardiste de se positionner en faveur du nom Cantons-de-l’Est et qui, depuis, n’a pas lésiné sur la mise en valeur de ses plus beaux atouts et des valeurs régionales afin de créer dans l’esprit de tous les Québécois, et bien au-delà, une image forte et positive. C’est d’ailleurs cette image forte et positive qui incite les visiteurs à venir par millions passer du bon temps dans notre région et, force est de croire, à s’y installer définitivement aussi.
Évidemment, certains atouts de la région ne sont pas propres à l’industrie touristique. Ceux naturels, qui tiennent à sa géographie et à sa topographie ou ceux économiques, liés aux opportunités d’emplois, aux salaires, au coût de la vie, jouent un rôle important dans l’attrait d’une région. Mais l’industrie touristique, par ses projets de développement, sa vision, ses acteurs et sa portée, participe aussi et grandement à doter la région d’atouts déterminants. Ce sont ses musées, ses cafés, ses bonnes tables, ses spas, ses salles de spectacle et d’expositions, ses attractions, ses parcs, ses Cœurs villageois, ses domaines skiables, son offre d’hébergement incomparable, son zoo et ses producteurs locaux qui créent l’art de vivre des Cantons-de-l’Est et la qualité de vie qui nous y est si chère. Si nous y pensons un peu, rares sont les gens qui ont choisi la région et qui y restent tellement attachés pour ses axes de transport et son cadre industriel.
Une question de marketing?
Si cela semble faire mal à certains de l’admettre, force est de constater que le nom Cantons-de-l’Est fonctionne. Ce succès nous permet aussi d’être convaincus qu’il en serait de même pour l’ensemble des acteurs de la région si nous profitions de l’occasion pour porter ce nom promu depuis des décennies, connu par tous et partout, pour cet exact découpage territorial.
À ceux qui s’insurgent des arguments marketing pour justifier le changement de nom de la région : est-il si difficile d’accepter le fait que les régions du Québec sont toutes en compétition les unes avec les autres pour ce qui est des talents? Il serait erroné de penser que la perception qu’ont les gens d’un endroit, et qui les amène ensuite à considérer celui-ci pour s’y établir, ne pèse pas dans la balance des flux migratoires. Définir un positionnement, mettre de l’avant ses atouts, se différencier de la concurrence, c’est en effet du marketing. Mais est-ce aussi risible et répréhensible que le prétendent ses opposants? Le marketing de notre région ne ferait donc aucunement partie de la solution? Pourtant, dans un contexte où nous sommes frappés par une pénurie de main-d’œuvre sans précédent, que la population est vieillissante et que les enjeux démographiques menacent la vitalité de nos milieux, il est essentiel de protéger notre qualité de vie et nos services. Et cela passe par la main-d’œuvre. Ces travailleurs qui nous soignent, nous servent, nous divertissent, nous accueillent, nous conseillent, nous protègent, nous enseignent; ceux qui innovent, qui cherchent et qui bâtissent sont recherchés, courtisés, recrutés, et ce, par toutes les régions du Québec en même temps. Et nous devons les convaincre de venir s’installer ici – plus qu’ailleurs.
Chaque année, l’association touristique met de l’avant les plus beaux atouts des Cantons-de-l’Est; pourquoi, dans ce cas, ne pas profiter du rayonnement, de la portée et de la notoriété que connait déjà la région sous ce nom? Il s’agit d’une réelle occasion à saisir que de travailler tous ensemble et d’unir nos efforts de promotion, sous un seul nom, afin que nos actions, toute industrie confondue, soient porteuses. Serait-ce la fin du monde de ne pas le faire? Non. Mais seraient-ce des efforts dilués, voire, gaspillés? Oui. Et en cette période charnière, les décisions que nous prenons aujourd’hui entraîneront des conséquences sur la région qu’habiteront nos enfants demain.
En choisissant Cantons-de-l’Est comme nom pour notre région administrative, ce n’est pas l’organisme Tourisme Cantons-de-l’Est qui en bénéficiera, ni seulement l’industrie touristique, c’est plutôt l’ensemble des institutions, publiques et privées, et tous les acteurs socio-économiques de notre région qui en seront gagnants.
Je l’ai dit et je le répète, il ne s’agit pas de changer de nom, mais d’en choisir un pour de bon. Chez Tourisme Cantons-de-l’Est, nous croyons fermement et fondamentalement à la force et l’efficacité du nom Cantons-de-l’Est, comme, semble-t-il, une majorité des citoyens qui se sont prononcés jusqu’à présent à la commission municipale du Québec sur la question.
Choisissons Cantons-de-l’Est!