TRIBUNE LIBRE: Que diront nos petits-enfants de nos dirigeant actuels?

Dans Le Reflet du Lac du 2 octobre dernier, madame Rose Marie Morales déplorait l’impuissance des citoyens à faire bloquer le projet domiciliaire des Berges de Hatley et leur impuissance à obtenir du propriétaire actuel ou du propriétaire précédent les études environnementales qui auraient été faites sur le terrain projeté.

En lisant ce texte de madame Morales, j’ai pensé à toutes les personnes qui se sont démenées pour tenter de convaincre la Ville de Magog de refuser ce projet en pensant à long terme compte tenu des changements climatiques qui sont déjà une réalité. Et j’ai aussi pensé aux décideurs municipaux – pas seulement ceux de Magog – qui se disent incapables de se défaire des camisoles de force de leurs divers règlements actuels qui permettent à des promoteurs de continuer de déséquilibrer la nature.

Bien sûr, il faut des règlements clairs pour que le développement des collectivités se fasse de manière ordonnée et de manière équitable pour l’ensemble des citoyens. Toutefois, comme l’a répété la jeune militante écologiste suédoise Greta Thunberg lors de ses discours à Montréal et à l’ONU en 2019, les façons de concevoir le développement doivent changer dès maintenant, et parfois radicalement, si on veut protéger la planète pour les générations futures. 

En agissant dans ce sens, les décideurs publics frustreront inévitablement certaines personnes qui prétendent avoir des droits acquis en vertu des règlements et ils s’exposeront à des réclamations en dommages. Mais s’ils ne font pas preuve d’audace et d’imagination, ces mêmes décideurs exposeront leurs concitoyens à des dommages bien plus grands encore. Il suffit de regarder les actualités quelques minutes pour en voir des exemples quotidiens.

La cohérence doit commencer maintenant. À ce sujet, madame Morales souligne, dans son intervention, qu’en permettant que se réalise le projet des Berges de Hatley, la Ville va à l’encontre des stratégies de son Plan d’adaptation aux changements climatiques visant à augmenter le couvert forestier de son périmètre de 20% à 30% (ou même 50%) d’ici 2030.

2030, c’est demain! Et le pire, c’est que la Ville est en train de devenir doublement incohérente en déboisant aussi le terrain de l’école de la Ruche pour y construire le nouvel aréna à deux glaces – un beau projet à la mauvaise place.

Dans la présentation de ces deux projets, on parle de sauver une partie du couvert forestier et de planter des arbres pour compenser ceux qui seront coupés – comme si une forêt n’était qu’une addition d’arbres. Que feront les gens, lors des prochaines canicules, si l’ombre et la fraîcheur qu’ils chercheront ne sont créées que par de petits arbres récemment plantés plutôt que par des boisés de 50-60 ans? Et où iront les eaux de surface absorbées par le couvert forestier actuel qui se rétrécit d’année en année, sinon dans les égouts pluviaux – d’où des coûts de construction et d’entretien d’infrastructures qui vont croissant. Coûts qui risquent fort d’exploser à la suite d’événements climatiques extrêmes comme on en voit de plus en plus. 

Les simples citoyens auront aussi à faire face à des coûts croissants de primes d’assurances à la suite d’inondations ou de grands vents, ou à des coûts croissants pour le chauffage ou la climatisation.

Comme grand-père, je vois pousser mes petits-enfants et je sais que ce sont eux qui paieront pour les incohérences, le manque d’audace, le manque de créativité des dirigeants d’aujourd’hui. Je me demande ce qu’ils diront d’eux. Je me demande quel sera le prix global qu’ils devront payer… et pas seulement en argent.

 

Daniel Faucher