TRIBUNE LIBRE: Le Comité de vigie de l’hôpital réclame une gestion locale

Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux

Gouvernement du Québec

Vous vous apprêtez, monsieur le ministre, à refonder le fonctionnement de notre système de santé et de services sociaux et les régions réclament que vous rendiez à nos hôpitaux et à nos centres locaux de services communautaires (CLSC) leurs mécanismes décisionnels afin, notamment, de juguler la désaffection généralisée des personnels du réseau.

Les acteurs au quotidien de la vie hospitalière, médecins, infirmières, préposés aux bénéficiaires, personnel administratif et de soutien, les usagers et les citoyennes et citoyens des régions dotées d’un centre hospitalier et d’un CLSC observent, depuis sept ans, une dégradation des services dispensés en raison d’une centralisation qui parachute des décisions sans tenir compte de la réalité du milieu concerné. La création des CISSS et des CIUSSS (centre intégré de santé et de services sociaux et centre intégré universitaire), en 2015, a pénalisé les hôpitaux et CLSC situés dans les municipalités satellites des villes centrales où sont situés les sièges sociaux des CISSS ou CIUSSS. Dans certains cas, des services ont été retirés des réseaux locaux de services ou ne leur ont pas été affectés en fonction des besoins.

Ces états de fait sont aujourd’hui réalisés à travers tout le Québec comme en témoigne la mobilisation citoyenne vécue dans la région de Memphrémagog où, depuis 2017, notre comité de vigie des services de santé et des services sociaux a réussi à endiguer l’exode des services offerts à notre population tout en subissant et déplorant l’absence d’une gouvernance locale. Notre cheminement a eu des échos à l’extérieur de l’Estrie. Des comités semblables au nôtre sont en gestation en Montérégie, en Outaouais, au Saguenay-Lac Saint-Jean, en Abitibi-Témiscamingue, dans le Bas-Saint-Laurent et des demandes d’information nous parviennent régulièrement d’autres milieux.

Partout, nos médecins et l’ensemble du personnel hospitalier regrettent l’absence de leviers décisionnels de proximité. Pourtant le ministère a fait le même constat quand, lors de la pandémie, les CHSLD, laissés à eux-mêmes, sans direction autonome en mesure de sonner l’alarme, ont connu un véritable désastre.

Il faut redonner à nos hôpitaux et CLSC, comme aux CHSLD, une direction autonome en mesure de prendre les décisions qui épousent leur cadre de vie et leurs besoins organisationnels. L’exercice peut intervenir sans modifier la loi actuelle puisque celle-ci permet aux CISSS et CIUSSS de déléguer leurs pouvoirs. Dans cet esprit, les CISSS et CIUSSS assumeraient une responsabilité de coordination régionale des services dispensés, la dotation du personnel, selon les besoins exprimés par les réseaux locaux de services, comme on appelle maintenant les établissements relevant des CISSS et CIUSSS, et l’affectation des budgets de fonctionnement confiés à ces directions locales.

Nous sommes confiants, monsieur le ministre, que vous saurez prendre en compte les aspirations des populations des régions qui apprécient leurs services de santé adéquatement équipés, qui permettent de limiter les déplacements, qui offrent un milieu familier et convivial et qui sont davantage adaptés à leur réalité quotidienne.

Je vous prie d’agréer, monsieur le ministre, mes cordiales salutations.

Jean-Guy Gingras

Président

Comité de vigie hôpital Memphrémagog