Tribune libre: Commentaires sur la révision du plan d’urbanisme

Pour faire suite à la soirée Portes ouvertes en vue de la Révision du plan d’urbanisme tenue le 27 juin dernier, il y a lieu de féliciter l’administration municipale pour l’immense travail de préparation qui a précédé cet événement civique.

Au terme de la rencontre, cependant, nous étions plusieurs à souhaiter que plusieurs autres dossiers fassent l’objet de consultations plus approfondies pour la suite du processus. Nous pensons, entre autres, à la rareté de logements abordables avec la multiplication de location court terme, l’arrivée d’une main-d’œuvre additionnelle souhaitée par toutes les entreprises et une immigration régionale qui s’intéresse à Magog. Nous souhaitons aussi que la réflexion de la Ville visant la revitalisation du Quartier des Tisserands soit au moins esquissée.

 

Par ailleurs, on s’étonne que le quartier culturel à l’entrée Ouest de la ville disparaisse sans la moindre discussion pour faire place à une zone de transition sans cachet et ce, malgré la Politique de protection patrimoniale et la présence dans ce secteur d’importants bâtiments historiques comme la Maison Merry et l’église Saint-Patrice, reconnus pour leur valeur patrimoniale, ainsi que le Vieux Clocher, le Café Saint-Michel, la maison Vigneux, la maison Moore, la Maison Bleue (773, Principale O.) ainsi que l’ancienne Chocolaterie Raphaël (755, Principale O.) dont la survie est menacée.

Nous sommes surpris qu’aucune étude récente rigoureuse n’ait été produite concernant la circulation sur la rue Principale suite à une restauration majeure, à l’ajout de bâtiments de location à court terme et en l’absence d’une piste pour les cyclistes qui l’empruntent à leur risque et péril.

Enfin, nous souhaiterions qu’une réflexion approfondie soit entamée concernant l’obstacle majeur que constitue la voie ferrée en plein centre-ville en ce 21e siècle.

Une voie ferrée avant qu’il ne soit trop tard !

Pensons aux nombreux risques qu’elle comporte pour maintenant et pour l’avenir. Le triste anniversaire de la tragédie de Lac Mégantic nous rappelle à quel point l’éventualité d’un déraillement de trains de marchandise et en particulier de produits combustibles en milieu urbain peut être catastrophique. Imaginons un instant ce que serait un déraillement au cœur de Magog en bordure du lac Memphrémagog. 

La récente fusion entre le CP et le Kansas City Southern, en a fait le plus grand réseau ferroviaire en Amérique, avec plus de convois quotidiens et beaucoup plus de pétrole et de matières dangereuses. Tout risque de déversement dans la rivière et le lac Memphrémagog, source d’eau potable pour plus de 175,000 personnes serait une catastrophe dont on peine à imaginer les conséquences pour les humains et l’environnement. 

Considérant que Magog a déjà connu en 1986, 1970 et 1955, sa part de déraillements mettant en péril non seulement la rivière et le lac, mais aussi l’hôpital et tout le centre-ville, il apraît d’autant plus justifié qu’une réflexion approfondie sur une alternative au tracé actuel, soit entreprise dans le cadre du nouveau plan d’urbanisme. 

Un nouveau tracé plus sécuritaire

La question d’un tracé ferroviaire sécuritaire n’est pas nouvelle puisque lors des consultations sur le Plan d’urbanisme de novembre 2014, nous avions déposé une proposition de trajet alternatif qui consiste à longer les autoroutes 55 et 10 en enlevant les rails entre le parc industriel jusqu’à la route 112, près de Bleu Lavande…C’est un tracé sécuritaire et extrêmement simple: à peine 7 km, sans pont et entièrement sur territoire de Magog.

 

Ce tracé (en vert) présente de nombreux avantages:

1) Le problème du bruit dont se plaignent, à raison, les nombreux voisins de la voie actuelle, serait réglé en intégrant toutes les mesures connues pour un train plus discret. Ne rêvons pas, ce n’est pas le CPKC qui va offrir de modifier une route dont ils profitent sans frais.

2) Ce nouveau tracé rendrait possible la création d’un magnifique parc linéaire avec une piste cyclable allant du Parc Industriel à la Pointe Merry.

3) Il permettrait surtout de dégager complètement les abords de la rivière Magog à l’arrière de la rue Principale… un gain indiscutable au plan commercial et touristique, car des terrasses ouvertes sur la piste cyclable et la rivière, ajouteraient un cachet unique à la ville. 

4) Ce tracé alternatif éliminerait les fâcheux passages à niveau qui bloquent les rues Principale, Merry et Brassard pour les déplacer vers des passages ou des viaducs sur les rues Sherbrooke (avant l’autoroute 55), Merry (avant l’autoroute 10) et le Chemin Roy (route 141).

5)  ce serait économiquement intéressant puisque la Ville profiterait de la différence de valeur des terrains le long de la rivière Magog qui sont évalués à 15 $/m2 pour le CP, mais à environ 312 $/m2 pour les propriétaires derrière la rue Principale.  Quant aux nouveaux terrains longeant les autoroute 55 et 10, les prix sont beaucoup moindres (environ 10$/m2). De plus, l’opération globale serait sûrement subventionnée par les gouvernements fédéral et provincial.

6) Enfin , ce nouveau tracé rendrait possible l’aménagement, à proximité de l’autoroute 10 et de la route 141, à l’entrée d’Orford, d’une nouvelle gare fonctionnelle et facile d’accès avec stationnement incitatif pour le transport des passagers, ce qui serait un apport touristique et financier indéniable pour notre région!

Voir loin et préparer le futur

C’est pour toutes ces raisons, qu’avant d’adopter son nouveau Plan d’urbanisme projetant le développement urbain des prochaines décennies, nous souhaitons que la Ville étudie sérieusement ce tracé dans le prochain plan d’urbanisme et qu’elle prenne des mesures nécessaires (réserves foncières le long des autoroutes 10 et 55) pour protéger ce tracé dans la zone d’expansion urbaine actuellement envisagée. Ainsi, si jamais un déraillement ferroviaire se produisait de nouveau à Magog, ce ne serait pas dans un milieu densément peuplé. 

Une telle voie de contournement n’est pas pour demain, mais il faut déjà préparer le terrain… Dans le futur, les Magogois apprécieront cette décision courageuse qui leur permettra de se positionner à l’avant-garde des villes nord-américaines ayant su rajuster le transport par rail avec une trame urbaine digne du 21e siècle.

Préparer le futur, c’est ce que nos ancêtres ont fait. Sans leur leadership et leur vision à long terme, Magog ne serait pas devenue le pôle d’attraction et de prospérité qu’on lui reconnaît aujourd’hui. C’est maintenant à nous de suivre leurs traces.

 

 

François Faucher et les cosignataires suivants, fiers résidents de la belle région de Magog:

Alain Albert, Yves Bergeron, Ghislaine Blache, Pierre Boucher, Marie Douville, Daniel Faucher, Louise Gagné, Céline Mailloux, Robespierre Monnier, Jean-Paul Plante, Robert Renaud, François Théroux, Jean Vigneux.