Stéphane Robidas: de l’aréna de Magog au Centre Bell

PERSONNALITÉ DE L’ANNÉE.  Même dans ses rêves les plus fous, Stéphane Robidas n’aurait jamais pu imaginer qu’une seule saison comme entraîneur à Magog lui ouvrirait presque instantanément les portes de la Ligue nationale de hockey. Et avec l’organisation la plus prestigieuse au monde!

Six mois après son entrée dans la grande famille du Canadien de Montréal, l’homme de hockey estrien savoure encore pleinement son aventure. « On ne voit pas les journées passer, mais j’apprécie vraiment tout ce qui se passe. Peut-être même plus que lorsque j’étais joueur », observe-t-il.

« Quand j’étais hockeyeur, j’étais constamment sous pression parce que j’avais l’impression de devoir défendre ma place dans l’alignement à chaque rencontre. J’ai eu le privilège d’avoir une carrière de plusieurs saisons, mais je n’ai jamais pris la peine de savourer le moment présent », se désole-t-il rétroactivement.

Même s’il avait déjà joué au Centre Bell, il avoue avoir eu des frissons lors du match d’ouverture de la saison 2022-2023, son premier officiellement à titre d’entraîneur-adjoint. « Se retrouver derrière le banc, entendre l’hymne national et voir l’amphithéâtre plein à craquer, c’était magique. En plus, on jouait contre les Maple Leafs et on gagne le match. Impossible de demander mieux ».

Une progression fulgurante

Lorsque Stéphane Robidas a été officiellement enrôlé par le Canadien de Montréal en juillet dernier, le milieu du hockey a été pris par surprise. Mais tous ont salué cette décision.

Il faut dire qu’en l’espace de 15 mois, l’ancien défenseur de la LNH a successivement été nommé entraîneur-chef des Cantonniers de Magog (Ligue M18), entraîneur-adjoint du Phoenix de Sherbrooke (LHJMQ) et entraîneur-adjoint du Canadien de Montréal (LNH).

Pas trop mal comme progression pour un gars qui n’avait jamais dirigé une équipe de hockey avant l’été 2021. « Si Félix Potvin n’avait pas décidé de quitter son poste d’entraîneur-chef avec les Cantonniers à ce moment (printemps 2021), peut-être que rien de tout ça ne serait arrivé », fait remarquer le natif de Sherbrooke.

Succéder à Potvin

Ayant lui-même porté les couleurs des Cantonniers lors de la saison 1992-1993, Robidas avait pris l’organisation magogoise par surprise en soumettant sa candidature pour succéder à Potvin, le pilote le plus décoré de l’histoire de l’équipe.

« J’étais heureux avec l’organisation des Maple Leafs de Toronto (où il agissait au développement des joueurs) et je n’avais jamais pensé faire une carrière comme entraîneur. Mais quand le poste s’est ouvert, je me suis dit que ce serait peut-être une belle opportunité pour moi, d’autant plus que c’était tout près de la maison », indique celui qui a toujours possédé une résidence en Estrie.

Le reste de l’histoire tient presque du conte de fées. Après avoir appris les rudiments du métier à la dure – devant même composer avec le départ d’un assistant – Stéphane Robidas conduit les Cantonniers au deuxième rang du classement général de la saison régulière et ensuite à la conquête de la Coupe Jimmy-Ferrari (championnat des séries éliminatoires).

« J’ai profité de l’expérience de mes adjoints, d’abord Toby Lafrance, et ensuite Samuel Collard, qui s’est amené en relève un peu plus tard en saison. Alex Carrier (entr. gardiens) a aussi été d’une aide précieuse. Et que dire de notre président Renaud Légaré, qui pouvait à peu près tout faire dans l’organisation. Quand il manquait un entraîneur, c’est lui qui venait m’épauler derrière le banc », a-t-il rappelé sur un ton reconnaissant.

Agir en père de famille

Lors de ses débuts comme entraîneur, Stéphane Robidas a conservé les mêmes traits de caractère qui l’habitaient comme joueur: humble, travaillant et honnête.

Il a également su imposer le respect en agissant comme un bon père de famille, et non avec un style punitif. Jamais ne l’a-t-on vu élever la voix de manière exagérée. « Jacques Lemaire m’avait déjà dit que, comme entraîneur, tu dois traiter tes joueurs exactement comme tu aimerais être traité. J’essaie donc de me mettre dans la peau de l’autre quand je donne des instructions », fait-il valoir.

« Et les choses ont beaucoup changé depuis l’époque où j’étais moi-même joueur. Aujourd’hui, les jeunes sont allumés, intelligents et ils veulent comprendre pourquoi on adopte telle ou telle stratégie. Dans mon temps, l’entraîneur donnait ses instructions et on ne posait pas de questions », compare l’homme de 45 ans.

Des offres difficiles à refuser

Occupant l’un des postes les plus en vue du Québec, tous domaines confondus, Stéphane Robidas reconnaît être choyé par la tournure des événements de la dernière année, notamment son année d’apprentisage à Magog.

« Je n’oublierai jamais la conquête de la Coupe Jimmy-Ferrari, et je garde aussi un excellent souvenir de notre passage à la Coupe Telus (championnat canadien), même si je crois qu’on aurait mérité de repartir avec le championnat. On a connu un tournoi incroyable et je suis vraiment fier de mes gars », a-t-il louangé.

« J’avais l’intention de poursuivre mon travail avec les Cantonniers, mais j’ai ensuite reçu une offre du Phoenix de Sherbrooke que je pouvais difficilement refuser, en raison de mon association avec l’équipe (il est copropriétaire). Et quand Martin Saint-Louis m’a appelé quelques semaines plus tard pour me proposer à son tour un poste chez le Canadien, c’était encore plus difficile à refuser », reconnaît-il en riant.

Responsable des défenseurs

Ayant lui-même disputé plus de 900 matches à la ligne bleue dans la LNH (Montréal, Dallas, Chicago, Anaheim et Toronto), Stéphane Robidas est l’entraîneur attitré des défenseurs du Tricolore, en plus d’être responsable du désavantage numérique.

Et avec une brigade défensive composée à 50 % de recrues, son expertise a été largement mise à contribution durant les premiers mois du calendrier. « En raison des blessures, nos jeunes défenseurs ont eu la chance d’avoir beaucoup de temps de glace en début de saison, et ils ont très bien répondu. On a d’excellents prospects à la ligne bleue et tout ce que j’ai à faire, c’est de les guider. Si ça fonctionne, c’est à eux que revient le mérite », fait-il valoir.

Bien que son travail au Centre Bell soit passablement différent de celui qu’il effectuait à l’aréna de Magog, Stéphane Robidas soutient avoir tout autant apprécié son passage dans la Ligue M18 AAA. « J’ai adoré travailler avec des jeunes de 15, 16 et 17 ans. J’aimais beaucoup le côté développement et je prenais plaisir à préparer les séances d’entraînement. En plus, j’avais de bons kids au sein de mon équipe. J’ai été vraiment chanceux de connaître une telle saison », a-t-il conclu avec sa gentillesse légendaire.