Soins de santé dans Memphrémagog: la résistance s’organise autour du lac

SANTÉ. La résistance s’organise comme en 1997 dans la MRC de Memphrémagog. À l’époque, la population s’était mobilisée pour conserver le bloc opératoire de son hôpital. Le scénario se répète 21 ans plus tard pour maintenir les services de santé offerts dans la région, incluant ceux dispensés aux points de service de Stanstead et du Canton de Potton.

Le Comité de vigie de l’Hôpital Memphrémagog adopte une stratégie similaire deux décennies plus tard, avec le même homme à sa tête, en l’occurrence Jean-Guy Gingras.

L’objectif consiste à mobiliser la population et à manifester ses inquiétudes sur la place publique. Quelques sorties dans les médias, incluant des conférences de presse, sont prévues, tout comme un vaste rassemblement populaire à Sherbrooke ou devant le Parlement à Québec, au besoin. «Comme les Gaulois dans Astérix, nous allons résister, car la direction du CIUSSS de l’Estrie manque totalement de respect envers la population», s’indigne M. Gingras.

Selon lui, il faut crier haut et fort contre «la mauvaise gestion de notre hôpital et des CLSC à Mansonville et Stanstead, tout comme de la perte ou de la diminution de services dont la population a droit, dit-il. Il faut que le CIUSSS considère notre hôpital comme un partenaire, pas comme un gros point de service».

Inquiétudes grandissantes à Mansonville et Stanstead

Les maires du Canton de Potton et de Stanstead, Jacques Marcoux et Philippe Dutil, ont manifesté leurs inquiétudes devant une centaine de personnes réunies à la mairie du Canton de Potton, mardi (3 avril).

Dutil déplore la réduction de services, surtout dans une municipalité «Amie des aînés», ce qui provoque le déménagement de certaines personnes plus âgées n’ayant plus accès aux services précédemment offerts.

Il rappelle que le CIUSSS de l’Estrie maintenait un service de médecin sans rendez-vous deux jours par semaine à Stanstead en 2017, ce qui équivaut en moyenne à dix patients par jour. «Comme vous pouvez le deviner, ce service a été coupé, provoquant un déplacement des patients vers les urgences des grands centres hospitaliers de la région, qui eux, débordent déjà», peste-t-il.

Pour sa part, le premier magistrat du Canton de Potton, Jacques Marcoux, rappelle que le docteur Jean-Louis Arseneau n’a jamais été remplacé au CLSC de Potton depuis son décès en novembre 2014. «Nous nous retrouvons trois ans et demi plus tard et la plupart de ses patients pleurent toujours son décès et son non-remplacement», s’attriste-t-il.

Marcoux se dit rassuré que la direction du CIUSSE de l’Estrie affirme publiquement que les CLSC de Potton et de Stanstead ne sont pas menacés de fermeture. Cependant, la réduction de services laisse entrevoir, aux yeux de M. Marcoux, que la population des milieux ruraux n’est pas considérée comme des partenaires pouvant aider à apporter des solutions. M. le maire brandit d’ailleurs l’article 91 de la Loi sur les compétences municipales qui précise qu’une Municipalité peut accorder une aide à l’exploitation d’un établissement de santé.

Jacques Marcoux invite la direction du CIUSSS de l’Estrie à rencontrer les élus et la population pour rapidement trouver les médecins manquant à Mansonville. «Nous avons 4000 dossiers au CLSC, mais seulement trois médecins à temps partiel, ce qui représente l’équivalent de 1,2 poste. On devrait plutôt avoir deux ou trois médecins à temps complet pour se trouver dans la moyenne québécoise», plaide-t-il.

Outre le décès de M. Arseneau, M. Marcoux rappelle aussi les départs d’une travailleuse sociale et d’un physiothérapeute par le passé à Potton. Deux lourdes pertes, selon lui et la population.

Pour ajouter à l’importance de maintenir les services dans les villages de Memphrémagog, M. Marcoux rappelle que Mansonville se trouve à 50 kilomètres de l’hôpital de Magog. De plus, les gens vieillissent davantage et ne possèdent pas toujours une voiture. «On risque de voir de plus en plus de déménagements, car les gens vont se rapprocher des lieux où sont offerts les soins de santé. Ce sera une perte économique énorme», prévient-il.

En appui avec la population des milieux ruraux, la mairesse de Magog, Vicki-May Hamm, ajoute que la patience des patients a des limites. «Il faut conserver les services de proximité, car ils permettent également de désengorger les urgences, comme celle de Magog», tient-elle à signaler.