Sébastien Jacques, personnalité masculine 2017 du Reflet du Lac

TÉMOIGNAGE. Difficile de passer à côté de Sébastien Jacques comme Personnalité masculine de l’année 2017, compte tenu son périple à pied de plus de 5000 kilomètres à travers les États-Unis et le Québec. Toufefois, au-delà de son exploit physique, la source d’inspiration qu’il est devenu et l’aide psychologique qu’il apporte aux gens le placent dans la catégorie des personnes d’exception.

Le Magogois prévoyait des embûches pendant sa traversée pédestre, mais n’avait pas pensé rencontrer des gens qui le remercieraient sur son passage. «Un suicidaire m’a dit que je lui avais redonné goût à la vie. Une femme qui n’aimait pas son travail a eu le courage de quitter son emploi. Un ancien militaire a fondu en larmes lors d’une rencontre. Sa femme m’a longuement remercié, mais je me demandais bien pourquoi. Même une dame de 78 ans, qui venait de perdre son mari, a été touchée par mes propos», raconte-t-il avec étonnement.

Malgré l’ampleur de son exploit, son humilité ressort énormément pendant ses conférences. Jamais il ne se vante. Il préfère conseiller les gens à réaliser leur rêve à leur rythme, à puiser toutes leurs forces pour y parvenir. «Si j’ai été capable de marcher après mon opération au cerveau, vous pouvez aussi surmonter vos épreuves. Osez avancer, un petit pas à la fois», confie-t-il.

«Penser petit pour accomplir grand»

De passage à Magog pour livrer deux conférences en novembre dernier, Sébastien a rappelé l’importance de «penser petit pour accomplir grand».

Ses paroles sont lourdes de sens quand on connaît son parcours d’athlète élite, qui a frappé un mur lorsque les médecins lui ont dit qu’il ne pouvait rien faire pour guérir sa tumeur au cerveau.

Champion canadien de tennis à 13 ans, il accumule les victoires à l’Université Virginia Tech, aux États-Unis. Cependant, ses problèmes de santé le ralentissent considérablement pendant son séjour au pays de l’Oncle Sam. «J’ai vécu quatre années difficiles à mon retour en Estrie. J’avais de la difficulté à marcher. J’ai perdu 30 livres et mes amis avaient de la difficulté à me reconnaître», se souvient-il avec tristesse.

Il met alors en application ce qu’il enseigne aujourd’hui. Il trouve une opération en Californie qui pourrait améliorer sa qualité de vie, le guérir. Ça prend 100 000 $, mais la communauté magogoise amasse 110 000 $ en trois semaines. Il se fait opérer en février 2015, sans être convaincu du résultat. Il passe trois semaines en pleine noirceur pour se rétablir sans aucun écran de télévision, ni ordinateur, ni cellulaire. Trois mois plus tard, il fait des randonnées pédestres en montagne en Nouvelle-Zélande.

Une penseé du philosophe grec Épictète devient sa préférée : «ce n’est pas ce qui nous arrive qui est important, c’est comment vous réagissez».

Il réussit à traverser les États-Unis à pied pendant six mois (40 km par jour pour un total de 5500 km) même s’il ne pouvait marcher 15 minutes deux ans plus tôt.

Deux rencontres l’ont marqué à jamais : une avec son coach de tennis à Virginia Tech et celle avec ses médecins en Californie. «C’était émouvant, car j’étais en fauteuil roulant quand j’ai vu mes docteurs pour la dernière fois en 2015. J’ai dit merci, car je marche et j’aide les gens aujourd’hui», confie-t-il.

L’année 2017 en aura été une remarquable pour Sébastien Jacques, lui qui a entrepris, en avril dernier, sa randonnée pédestre de 5500 km en solitaire, dont 4700 km aux États-Unis. Il rentre au bercail six mois plus tard. Il est accueilli en héros dans son patelin, le 30 septembre dernier.

L’homme de 29 ans habite aujourd’hui Montréal et offre des conférences. Il partage ses leçons de la vie, «une vie normalement parsemée d’embûches, mais des obstacles qui nous font apprécier davantage. Réaliser vos rêves pour éviter les j’aurais donc du», résume-t-il.

Le héros de Ronald Maheu

L’humilité, la persévérance et l’authenticité de Sébastien Jacques représentent des aspects de sa personnalité qui impressionne toujours Ronald O. Maheu, un homme qui considère Sébastien comme son petit-fils.

Ayant assisté à de nombreux événements et tournois du Magogois, Ronald Maheu considère Sébastien Jacques comme son propre petit-fils.

«Je l’ai connu à 13 ans lorsqu’il était déjà un bon joueur de tennis. Je l’ai suivi et connu de grands moments grâce à lui, raconte-t-il. J’ai connu aussi des moments tristes avec lui, surtout quand les médecins du Québec disaient qu’ils ne pouvaient rien faire pour lui. Voilà pourquoi je tenais à être présent en Californie avec Sébastien pour remercier personnellement les médecins californiens qui l’ont opéré.»

Pour M. Maheu, l’année 2017 représente, non seulement un exploit physique hors du commun pour Sébastien, mais surtout l’exemple qu’il donne aux jeunes et adultes. «Il prouve qu’on peut se dépasser pour surmonter des épreuves. Tout est possible à ses yeux. C’est immense ce qu’il a réalisé», insiste-t-il.

Ronald Maheu souligne la soif de vivre de Sébastien. Il se rappelle, comme si c’était hier, de la soirée du Mérite sportif de l’Estrie, où Sébastien a reçu une mention Coup de cœur en février 2015. «Quelques semaines avant son opération, il a eu de la difficulté à marcher pour aller chercher son prix. La salle s’est levée pour l’ovationner. Il y avait beaucoup d’émotion dans l’air. Moins de deux ans après une intervention qui ne garantissait rien, il amorçait une marche de 5000 km à travers les États-Unis. C’est mon héros.»