Sculpture contre l’intimidation

OEUVRE. Porteuse d’espoir contre l’intimidation, une sculpture formée de trois personnages a été inaugurée à Magog en présence d’une centaine d’enfants. La Municipalité se joint ainsi à 11 autres qui ont installées les reproductions sur leur territoire.

L’œuvre, intitulée L’Esseulée, représente trois adolescents plus grands que nature, dont une assise seule sur un banc à part. Un vide auquel le sculpteur Roger Langevin tenait à accorder beaucoup d’importance pour représenter la distance que veut garder la victime avec son intimidateur, malgré la présence d’un témoin.

«La jeune fille représente la mienne qui a été intimidée de l’âge de 12 à 17 ans. Heureusement, à la maison elle était aimée. Donc, elle oubliait. Mais tous les matins, ça recommençait», a raconté l’artiste aux enfants et aux dignitaires, à l’inauguration au parc de la Baie-de-Magog.

Mais pourquoi intimidée pendant tant d’années? En entrevue, le sculpteur a expliqué que sa fille était très jolie, mais menue comme une enfant. Les autres en ont profité pour constamment la dénigrer sur tout, même sur sa nourriture.

Sur place, le slameur Samuel Bricault a témoigné avoir été victime d’intimidation pendant toute sa période scolaire de niveau primaire. «Je me suis mis à me battre. J’ai tombé dans la délinquance», a-t-il partagé, soulignant avoir été sauvé par un intervenant. Sous les yeux ravis des jeunes, il a ensuite livré en prestation le slam à ce sujet qu’il avait composé à 15 ans.

Des élèves avaient fabriqué des fanions, messagers de leurs réflexions, que le sculpteur a demandé s’il pouvait les obtenir en cadeau. «Je voudrais les apporter à la prochaine inauguration», souhaite l’artiste ému, venu de Rimouski pour l’événement.

La Ville de Magog a investi 10 000 $ dans l’œuvre, son transport et l’aménagement. «Une petite plaque explicative sera installée sous peu, précise la conseillère municipale Nathalie Pelletier, qui a porté le projet. L’intimidation ne touche pas uniquement les jeunes.»

Même si cette somme aurait pu servir à des services contre l’intimidation, la conseillère défend que les élus voulaient envoyer un message fort à la grandeur du Québec: non à l’intimidation sous toutes ses formes. «Magog est une ville touristique. La sculpture sera vue avec sa plaque explicative.»

D’ailleurs, la Municipalité vient d’adopter une politique de tolérance zéro à cet égard, prônant les comportements respectueux entre employés et citoyens.