Santé mentale: encore beaucoup de travail à accomplir, mais les soins s’améliorent

SANTÉ. Même si les patrons conviennent qu’il manque de ressources pour répondre à tous les problèmes de santé mentale, force est d’admettre que le nombre de spécialistes et les budgets augmentent chaque année.

Grâce à de nouvelles entrées d’argent en provenance du ministère de la Santé, le CIUSSS de l’Estrie a récemment ajouté 6,5 millions de dollars sur son territoire pour affronter les cas de plus en plus complexes de santé mentale, selon le directeur du programme santé mentale et dépendance au CIUSSS de l’Estrie, Murray McDonald.

Dans la MRC de Memphrémagog, ces fonds se traduisent par l’embauche de quatre personnes au département d’ici la fin de mois de mai. L’ajout d’une infirmière, de deux travailleurs sociaux et d’un psychologue fera grimper le nombre de spécialistes en santé mentale à 24 personnes. «On pourrait toujours être plus, mais notre solide équipe fait de l’excellent travail», insiste M. McDonald.

Ce gestionnaire vise des objectifs plus élevés, même si les fonds ne sont pas toujours au rendez-vous. Il chiffre à 5 % du budget total du CIUSSS de l’Estrie la proportion accordée à la santé mentale, ce qui représente près de 55 M$. «On devra aller plus loin, car la proportion devrait augmenter à 7 % selon l’Organisation mondiale de la santé», chiffre-t-il.

Les cas s’alourdissent

Sans recevoir nécessairement plus de cas, le département en santé mentale du Centre de santé et de services sociaux de Memphrémagog constate plutôt des cas plus compliqués, comme des patients aux prises avec deux ou trois troubles, parfois physiques et mentaux simultanément.

Crises d’anxiété ou d’angoisse, idées suicidaires, dépressions, bipolarité, schizophrénie et bien plus représentent le quotidien de l’équipe de santé mentale. La MRC de Memphrémagog n’est pas mieux ni pire que d’autres régions du Québec dans ce domaine.

La chef de service du département de santé mentale à Magog et Coaticook, Marie-Josée Giroux, recommande de garder l’œil ouvert pour détecter les premiers signes de troubles mentaux. «Il faut être vigilant et les guider vers des soins. Cependant, s’ils ne sont pas prêts, il ne faut pas abandonner et revenir doucement à la charge. Il faut respecter le rythme du patient, sinon, ça ne fonctionne pas, prévient-elle. L’important, c’est d’en parler.»

De la détresse, mais aussi de belles histoires

Dany Gagné avoue rencontrer de lourds et tristes cas de détresse humaine. «De belles histoires à succès font cependant notre paie», confie cet organisateur communautaire. Il pense ici à des retours à l’école ou sur le marché du travail, ou à d’autres réussissant à vivre seul et à payer leur loyer. «Nous observons parfois des rechutes, mais ça fait du bien d’entendre qu’un patient peut faire son épicerie grâce à un nouvel emploi», explique-t-il.

Selon Mme Giroux, une des solutions passe par un travail d’équipe et des partenariats avec le milieu. «Ça se développe de plus en plus, plus particulièrement en première ligne où les intervenants repèrent et réfèrent plus rapidement des gens malades, applaudit-elle. Contrairement à il y a quelques années, nos patients sont référés par des proches, mais aussi par des policiers, des médecins et des organismes.»

Mme Giroux rappelle l’importance des 11 partenaires assis à la Table de concertation en santé mentale de la MRC. Selon elle, cette entente développe un filet de sécurité sociale bien présent dans la région.

 

Des solutions pour améliorer l’état de santé des personnes malades

Améliorer l’accès au logement décent et abordable. Rendre les patients utiles à la société, les occuper et développer davantage de liens avec leur entourage. (Marie-Josée Giroux, chef de service du département en santé mentale à Magog et Coaticook)

Plus de médecins de famille et améliorer la réintégration dans le milieu du patient. (Murray McDonald, directeur du programme santé mentale et dépendance au CIUSSS de l’Estrie)

Créer des activités libres pour que les patients fassent autre chose que s’isoler en regardant les quatre murs. (L’organisateur communautaire Dany Gagné)

 

En chiffres

Nombre de personnes âgées de plus de 18 ans touchées annuellement par des problématiques de santé mentale aidées par le Centre de santé de Memphrémagog: 700

Nombre d’interventions réalisées dans la MRC pour des difficultés ponctuelles, parfois des problématiques plus sévères et persistantes: 8500

Une personne sur cinq a souffert, souffre ou souffrira un jour d’un trouble de santé mentale au cours de sa vie: 1 sur 5

 

Ressources en santé mentale

Groupe d’insertion professionnelle à Magog : 15 personnes se rencontrent de septembre à juin et travaillent sur leur remise en action par différentes activités.

Groupe d’insertion professionnelle à Stanstead : réunions de 10 personnes de septembre à juin afin de socialiser et vivre des activités stimulantes.

L’Oasis: lieu de rassemblement à Magog où l’on peut participer à des activités supervisées. Aucune inscription nécessaire. Implication de bénévoles.

La Traversée: ressource d’hébergement temporaire et supervisée à Magog. Quatre chambres disponibles.

Centre l’Élan: organisme de Magog priorisant la créativité et les thérapies par les arts.

APPAMM : l’Association des proches de personnes atteintes de maladie mentale de l’Estrie (APPAMM-ESTRIE) offre soutien et information aux parents et amis de personnes atteintes de maladie mentale depuis plus de 30 ans.