Rencontre avec le «mal-aimé» du centre-ville de Magog

Avec le métier qu’il occupe depuis 25 ans comme agent de stationnement, René Poulin aurait pu devenir le mal-aimé du centre-ville. Mais voilà qu’il est parvenu à se faire accepter et apprécier, même si parfois, certains lui réservent un accueil moins courtois.

René Poulin a possiblement le travail le plus ingrat de la rue Principale et des environs alors qu’il doit faire respecter la réglementation municipale en matière de stationnement. Sa tâche la plus connue du public est la surveillance des parcomètres et l’émission de billets d’infraction.

S’il n’a pas le choix de faire le travail pour lequel il est payé, l’homme à la casquette reconnaît que son seuil de tolérance est assez élevé. «Avant de donner un billet, je regarde toujours autour si je ne vois pas quelqu’un courir vers moi, raconte-t-il. Si c’est le cas, je vais lui laisser une chance. Et des défaites, j’en ai entendu de toutes les sortes. Disons que je laisse généralement le bénéfice du doute aux gens. Sinon, je me ferais beaucoup trop haïr!»

Avec le temps et l’expérience, René Poulin s’est forgé une carapace pour être en mesure de réagir à toutes les situations possibles. Ce qui l’étonne encore aujourd’hui, et qui n’a pas changé depuis ce quart de siècle, c’est de constater à quel point les gens sont prêts à tout pour sauver quelques sous.

«Les gens viennent au centre-ville pour magasiner, manger au resto et passer du bon temps. Ils dépensent souvent sans même calculer, sauf pour une seule chose, le parcomètre! Certains vont tout faire pour sauver 25 cents. Ils vont jouer au stationnement musical ou me surveiller constamment. C’est assez divertissant, je dois l’avouer», raconte-t-il en riant.

Du travail dans l’ombre

Bien qu’il adore se promener au centre-ville et échanger quelques mots avec les passants, M. Poulin se plaît énormément à accomplir les autres tâches de son métier, celles à l’ombre du grand public. Dans son atelier situé dans les profondeur de l’Hôtel de Ville, c’est là qu’il passe plusieurs heures par semaine. Il fait la maintenance et la réparation des parcomètres, il commande les pièces, dont les batteries qu’il doit changer à tous les six mois dans chacun des 500 parcomètres.

Il y a plusieurs années, c’est lui qui a dû remplacer les mécanismes, un par un, avec l’arrivée des nouvelles pièces de deux dollars. «L’entretien des appareils est quelque chose de très important et qui demande beaucoup de temps. Il ne faut pas attendre qu’un parcomètre brise pour s’en occuper. Il faut être capable de le prévoir. Et c’est de l’électronique, alors ce n’est pas éternel. Mais c’est quelque chose que j’adore, car je suis un gars manuel dans la vie tous les jours», confie-t-il.

Travaillant aux côtés de René depuis deux ans, Alex Cournoyer est à même de constater que son collègue prend son rôle à cœur. Le jeune homme qui occupe cet emploi d’été en attendant de devenir policier considère que la Municipalité est choyée de compter sur un employé aussi dévoué. «René en fait vraiment beaucoup, constate M. Cournoyer. Quand un parcomètre est fini, au lieu de le jeter et d’en commander un nouveau comme le ferait n’importe qui, il le retape au complet jusqu’à ce qu’il a l’air neuf. Et je ne parle pas aussi de toutes les fois où il a commencé à travailler à 4 h du matin. Honnêtement, René fait du bon travail et les gens l’apprécient tellement que c’est impossible de passer une journée sans qu’une personne me demande comment il va.»

Même s’il est âgé de 64 ans, René Poulin assure qu’il n’a pas l’esprit à la retraite, du moins, pour l’instant. Il entend continuer tant et aussi longtemps qu’il aura du plaisir à se lever chaque matin pour se rendre au boulot. «Je vais partir quand je vais me sentir prêt. Actuellement, il n’y a personne qui me pousse vers la porte de sortie. J’ai un patron qui me supporte et qui apprécie ce que je fais et pour moi, ça représente beaucoup», conclut celui qui a aussi travaillé à l’ancienne usine Barmish.