Quand l’homme et l’animal se rencontrent
L’entraîneur canin Alain Chiocchi flotte encore sur un nuage. Même dans ses rêves les plus fous, il ne pensait jamais vivre ce qui lui arrive depuis les dernières semaines où il consacre une partie importante de son temps à dresser un bébé grizzly.
Cette expérience inédite s’est présentée lorsque le propriétaire de Ciné-Zoo, Jean Cardinal, qui fait carrière dans le dressage d’animaux pour le cinéma et la télévision, l’a approché pour faire appel à ses services. Une chimie s’est rapidement installée entre les deux hommes du fait qu’ils partagent le même amour et la même philosophie pour les animaux, et ce, malgré qu’ils aient appris à des écoles bien différentes.
Une complémentarité éducative qui s’est avérée indispensable pour le défi qui se présentait à eux, soit celui de dresser Andy, un grizzly de cinq mois, en vue d’éventuels tournages. «Je n’avais jamais eu l’opportunité de dresser un animal sauvage, mis à part un singe en France. J’avais déjà pensé entraîner un renard ou peut-être un loup, mais jamais un ours. Pour moi, c’est le summum!», lance Alain Chiocchi, qui est le propriétaire du Centre canin européen à Eastman.
À sa grande surprise, le temps nécessaire pour apprivoiser l’ourson d’une centaine de livres s’est avéré relativement court. De plus, l’animal exécute déjà quelques commandements communs chez les chiens, comme la marche en laisse et les positions assis, couché et debout. «L’ours est un animal vraiment intelligent, beaucoup plus que je le croyais. Il est doté d’une capacité d’apprentissage très rapide. J’utilise sensiblement les mêmes techniques qu’avec les chiens en travaillant sur le caractère de l’animal. Mais la grande différence est dans la réaction. Un animal sauvage, comme un ours, ne doit pas être contraint puisqu’il il se sentira menacé. Il faut plutôt travailler en fonction de ce qu’il a en lui», ajoute le principal intéressé.
Même si un lien de confiance s’est rapidement créé entre Alain et son nouveau compagnon à quatre pattes, la sécurité demeure la priorité absolue. Une seule seconde d’inattention pourrait s’avérer lourde de conséquences. «Il faut toujours garder un œil sur l’animal pour voir son comportement. C’est le premier conseil que m’a donné Jean et je vais toujours m’en rappeler. Contrairement à un chien, on ne peut pas baisser sa garde, car on ne sait jamais ce qui peut arriver.»
Pour le commun des mortels, le simple fait d’être à quelques mètres d’un grizzly, derrière un grillage, a de quoi procurer une montée d’adrénaline incroyable. Un sentiment qui cèderait aussitôt à la panique à la simple idée de se retrouver face-à-face avec la bête, sans aucune protection. Ce qui n’est pas le cas pour Alain Chiocchi. «Ça peut sembler étrange, mais je ne ressens aucune peur. C’est la même chose lorsque je dresse des chiens très agressifs. Ça ne me dérange pas. Je sais ce je fais et je sais comment me défendre si la situation l’oblige. Plusieurs m’ont dit durant ma carrière que j’avais un don et honnêtement, je commence à le croire aussi», dit-il en toute humilité.
En plus de poursuivre son apprentissage dans ce nouveau monde animalier, M. Chiocchi travaille sur un projet de télévision qu’il a tourné chez lui l’an dernier. Il s’agit d’une série expliquant chaque étape de dressage d’un chien. Il lui arrive aussi parfois de dresser des chiens renifleurs de drogue auxquels ont recours les gardiens de prison.