Quand l’après-bal tourne au cauchemar

TRAGÉDIE. À l’approche de la période des bals de finissants des écoles secondaires, Gino Lacasse témoigne d’un accident qui a failli lui coûter la vie il y a 33 ans, un soir d’après-bal.

Juin 1983. Une soirée tourne au drame à Magog. Un accident de la route, survenu au coin des chemins Fitch Bay et Ayer’s Cliff, impliquant deux voitures occupées par des amis, cause le décès d’un jeune homme (Daniel Dubé). Son passager, Gino Lacasse, tombe dans le coma.

Ce Magogois se souvient de ces festivités qui étaient attendues avec impatience. «Le bal était symbolique, mais l’après-bal était plus important pour nous», avoue-t-il.

Le Magogois de 50 ans tient cependant à préciser que l’alcool n’est pas la cause de cet accident. Oui, quelques membres de ce groupe d’amis avaient bien arrosé cette soirée, mais il assure que les deux conducteurs impliqués étaient en état de conduire. «L’alcool n’est pas la cause de l’accident, c’est le brouillard qui a provoqué la collision. Aucune arrestation n’a eu lieu dans cette histoire.», assure-t-il.

La vie bascule

Vers 5 h du matin, Daniel Dubé et Gino Lacasse quittent l’après-bal pour aller porter la voiture à la maison, aller chercher d’autres bières et revenir à la soirée pour continuer les festivités. Un deuxième véhicule, occupé par trois amis, les suivait pour les ramener à l’après-bal. Quelques secondes après le départ de la fête, le second véhicule heurte violemment l’auto conduite par Daniel Dubé, qui était immobilisée près de l’intersection. «Je ne sais même pas pourquoi on était arrêté. Je sais juste qu’on a fait des tonneaux et qu’on était les deux plus maganés. Daniel est probablement mort sur le coup, et moi, j’ai été dans le coma pendant quelques jours en raison d’un caillot au cerveau. Les premières 24 heures ont été déterminantes pour moi, car j’étais entre la vie et la mort. Mon chum était déjà enterré quand je suis sorti de l’hôpital», raconte-t-il.

Dans sa famille, frères et sœurs ont été évidemment secoués. Son frère Serge a même vu les voitures accidentées sur une remorque en se rendant à l’hôpital. «Il était sûr que j’étais mort en voyant l’état des autos», poursuit Gino. Ses parents, en voyage de pêche dans le nord, sont revenus en catastrophe.

Même si cette bande d’amis était tricotée serré, le sujet a été à peine effleuré par la suite. Pas un sujet tabou, mais les chemins se sont séparés pour des raisons professionnelles ou scolaires.

Gino a voulu rendre hommage à son ami Daniel, un an après l’accident. Il a réuni amis et familles concernés pour lui dire adieu et réfléchir sur la vie et la mort. «On peut dire que c’était très émotif», résume-t-il.

À l’approche des bals et après-bals des finissants, Gino Lacasse ne veut pas jouer un rôle de moralisateur. Il prévient cependant les jeunes de ne pas conduire s’ils consomment de l’alcool ou de s’organiser en conséquence pour rentrer à la maison, soit avec un chauffeur désigné ou en taxi. Il propose un service de raccompagnement, de type Nez rouge, pendant cette période, si c’est possible de le faire.

Il invite aussi les parents à se rendre disponibles pour transporter leur jeune pendant ces réjouissances, tout comme lui et sa conjointe ont déjà fait pour deux enfants ces dernières années. Ils feront la même chose au besoin pour un troisième enfant, qui a son bal des finissants à La Ruche, le 18 juin.

Autre texte sur le sujet

Il frôle la mort deux ans plus tard