Profession: douanière à Stanstead

FRONTIÈRE. Le poste frontalier de Stanstead n’est peut-être pas aussi actif que celui de Lacolle ou d’une grande ville canadienne, mais ses douaniers voient tout de même passer de bien étranges personnages à l’occasion.

Rien de spectaculaire, assure l’agente à l’immigration Marie-Ève Cliche, qui est à l’emploi de l’Agence des services frontaliers du Canada depuis 2002.

«Il faut toujours être aux aguets, car une faible minorité de gens tentent parfois d’entrer des marchandises de façon illégale, dit-elle. Il faut être observateur et déceler les incohérences. Il faut détecter la trop grande nervosité ou l’absence de nervosité. C’est ce genre de comportement qui attire notre attention.»

Mme Cliche a vu quantité de stupéfiants, drogues, alcools, cigarettes, pilules et armes à feu saisis à des visiteurs désirant entrer au Canada, mais sans se produire à toutes les semaines. «Cela ne fait pas toujours les manchettes, mais on a déjà intercepté des kilos de cocaïne valant des millions de dollars sur le marché noir, témoigne-t-elle. Quant aux armes à feu, certains Américains sont surpris, mais ça ne passe pas au Canada. On les sécurise et on les retourne à l’adresse du propriétaire. Si on découvre une arme qui est non déclarée, on la saisit, on arrête l’individu et on enquête».

L’agente à l’immigration ajoute qu’une bonne partie du travail du douanier est de vérifier les papiers d’identité, les animaux, la nourriture, le bois de chauffage, etc. «On questionne davantage quand un visiteur veut séjourner deux jours au Canada, mais avec un véhicule rempli de bagages», cite-t-elle en exemple.

Une des responsabilités du douanier consiste à surveiller les enfants. Ils se tiennent au courant des alertes Amber afin de reconnaître rapidement un enfant enlevé ou en danger. Mme Cliche recommande aux parents d’avoir en leur possession une lettre d’autorisation s’ils voyagent avec un ou des enfants mineurs, mais sans le conjoint ou le second parent des mêmes enfants. «Ça peut éviter bien des soucis», prévient-elle.

 

Le cannabis, une nouvelle réalité à la frontière

Marie-Ève Cliche admet que la récente légalité du cannabis au Canada a modifié le portrait à la frontière. Elle rappelle que tous les produits de cannabis doivent être déclarés à la frontière même si le Canada considère sa possession comme légale. «L’importation est par contre interdite dans les deux pays. Ça ne passe pas», prévient-elle.

Auparavant douanière, Mme Cliche est agente à l’immigration depuis une dizaine d’années. Elle a abandonné la guérite pour accueillir les étrangers qui souhaitent notamment visiter le pays sur une longue période, étudier, travailler ou demander l’asile.

La plupart des étrangers sont honnêtes, selon elle, et on leur délivre alors un permis de séjour variant parfois de six mois à deux ou trois ans.

Elle ne voit pas d’entrées illégales d’étrangers, qui doivent plutôt s’effectuer entre les postes frontaliers. Il en a eu 2 638 après les trois premiers mois de 2019 partout au Québec, mais cette donnée n’est pas disponible par région.

Le nombre est moins élevé qu’à Lacolle, mais elle voit des demandeurs d’asile tous les jours au poste frontalier de Stanstead. Ça se comprend quand l’Agence des services frontaliers a traité 2 600 demandes au Québec depuis les trois premiers mois de l’année. Encore une fois, on n’a pu obtenir cette statistique par région.