Plus de 180 000 $ en frais médicaux impayés en 2015-2016
SANTÉ. 182 000 $. C’est la somme de tous les frais médicaux impayés de quatre installations du Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Estrie – CHUS pour l’année financière 2015-2016. Une situation qui n’inquiète pas la direction des ressources financières de l’institution de santé.
Les données ont été obtenues par TC Media en vertu de la loi sur l’accès à l’information. Celles-ci démontrent une nette augmentation des mauvaises créances entre 2014-2015 et 2015-2016 pour les établissements du secteur de Memphrémagog (+ 45 360 $) et de La Pommeraie (+ 45 811 $). Quant aux établissements de la Haute-Yamaska, les mauvaises créances sont en chute de 25 000 $, alors celles de Coaticook ont diminué de 5 400 $ entre 2014-2015 et 2015-2016.
Le directeur des Ressources financières et de la logistique au CIUSSS de l’Estrie-CHUS, Pierre-Albert Coubat, explique que les mauvaises créances sont notamment imputables à la situation géographique de l’Estrie. «Les lignes américaines ne sont pas très loin. Il y a des ressortissants étrangers qui viennent chez nous pour des soins de santé. Certaines personnes ne sont pas assurées. On peut ainsi se retrouver devant des risques de ne pas être payés pour les soins dispensés», affirme-t-il lors d’une entrevue avec TC Media.
Ce constat n’ébranle pas outre mesure M. Coubat. Ce dernier souligne que les frais médicaux impayés au CIUSSS de l’Estrie-CHUS sont 15 fois plus bas que les autres établissements qui gèrent des centres hospitaliers universitaires.
«On parle de 1,16 % des revenus facturés en 2015-2016 qui se sont transformés en mauvaises créances. La moyenne des autres CHUS est près de 20 %. Par rapport à l’ensemble des établissements du réseau de la santé et des services sociaux, c’est quatre fois moins de mauvaises créances que la moyenne des 35 bâtiments du réseau. Cette moyenne est de 4,1 % à l’extérieur de l’Estrie», précise-t-il.
Les soins de longue durée non payés
Selon les données obtenues, les mauvaises créances des frais médicaux touchent principalement les soins de longue durée. Pour Pierre-Albert Coubat, c’est le milieu hospitalier qui pèse dans les mauvaises créances du CIUSSS de l’Estrie. «Les mauvaises créances, on les retrouve à l’hôpital. Dans 90 % des cas. Pourquoi? Parce que les interventions sont spécialisées et elles utilisent des techniques de pointes. La facture monte assez rapidement dans ce cas-là. De plus, les jours d’hospitalisation, c’est coûteux», ajoute le directeur des Ressources financières et de la logistique au CIUSSS de l’Estrie – CHUS. Par ailleurs, M. Coubat souligne que les mauvaises créances dans les CHSLD peuvent survenir, mais qu’elles sont moins fréquentes que dans les hôpitaux.
Une procédure bien rodée
Le CIUSSS de l’Estrie – CHUS suit une procédure pour tous les patients qui se présentent dans un établissement de son territoire. Dans le cas des gens qui ne sont pas des résidents du Canada, l’établissement de santé va demander une preuve d’assurance ou une avance de fonds. Dans le cas d’un accouchement de dernière minute, la situation est différente. «La dame est dans nos murs. Elle est sur le point d’accoucher. C’est le médecin traitant qui va décider si on donne les soins. Par la suite, c’est la direction des finances qui suit la décision du médecin. Des fois, dans de tels cas, il y a des risques de mauvaises créances», raconte Pierre-Albert Coubat.
Le département de la comptabilité du CIUSSS de l’Estrie – CHUS émet des factures mensuelles aux gens qui ne règlent pas leurs frais. «On achemine un état de compte avec une note de retard. Les gens sont contactés par téléphone afin de prendre une entente de paiement», confirme-t-il.
Dans le cas des retardataires, le CIUSSS prend d’autres moyens pour se faire payer. Dès que le dossier atteint 120 jours de créance, le CIUSSS envoie une lettre de dernier avis. Par la suite, le dossier est transmis à une agence de recouvrement. «L’agence est située en Estrie. Elle a beaucoup d’expérience. Pour les dossiers ayant des montants élevés, on fait des liens avec les agences transfrontaliers du Canada et ces gens-là nous accompagnent à recouvrer les sommes impayées», déclare le directeur des Ressources financières et de la logistique au CIUSSS de l’Estrie – CHUS.
Afin de réduire certains risques de non-paiements, le CIUSSS a négocié des ententes avec différentes provinces comme l’Ontario et la Colombie-Britannique. «C’est directement les gouvernements de ces provinces-là qui nous remboursent dès qu’on prend en charge de leurs usagers», estime M. Coubat.
Ce dernier tient à rassurer la population à l’effet que les gens qui ne paient pas après plus de trois ans sont rares. «Au bout de trois à cinq ans. On ne parle plus d’une mauvaise créance. On se dit que la personne peut avoir disparu dans la nature. On va alors passer le montant comme une perte», affirme-t-il.
Pierre-Albert Coubat ajoute que l’objectif zéro n’existe pas. «Dans de rares cas, il y a des chances qu’on ne soit pas payé. Après tout, on doit soigner des personnes en situation de détresse», conclut-il.
Mauvaises créances de Memphrémagog
2015-2016 2014-2015
Soins de courte durée: 9 083 $ (198 $)
Soins de longue durée: 66 497 $ 33 822 $
Non-résidents du Canada: 7 351 $ 3 947 $
Total: 82 931 $ 37 571 $
Source: CIUSSS de l’Estrie-CHUS. Mauvaises créances 2015-2016: Période se situant entre le 1er avril 2015 et le 31 mars 2016.