«Orford n’est plus à vendre»

Malgré un léger déficit l’an dernier, les dirigeants du Mont-Orford dévoilent un ambitieux projet d’investissement de 25 M$ sur dix ans pour assurer l’avenir de la station récréotouristique sur quatre saisons.

Le président de la Corporation Ski & Golf Mont-Orford, Jacques Demers, veut faire taire les rumeurs. «La montagne n’est plus à vendre, assure-t-il. Nous avons réussi à prouver financièrement qu’elle pouvait fonctionner par elle-même, et ce, après des années de difficultés».

Le premier pas de cette prise en charge est l’élan de solidarité dévoilé jeudi par la MRC de Memphrémagog et les municipalités qui la composent. Elles ont ratifié une entente de financement de 2,5 M$ s’échelonnant sur les cinq prochaines années. Les montants annuels, qui accompagnent ce texte dans un tableau, révèlent que Magog sera la plus généreuse avec presque 500 000 $ au total.

La MRC, à titre d’entité administrative, contribuera à la hauteur de 250 000 $ par année via son Fonds de développement du territoire, ce qui représente la moitié de l’effort collectif.

Seul le Canton de Potton ne participe pas à l’effort, mais son maire Louis Veillon tenait à assister au point de presse de jeudi pour démontrer sa solidarité. Le conseil de l’endroit s’est opposé à une contribution de 3000 $ en raison de la présence d’une station de ski et golf (Owl’s Head) sur son territoire. «Je crois néanmoins qu’il est important d’avoir deux centres de ski très forts et en santé dans la région», signale M. Veillon.

M. Demers remercie l’engagement des municipalités, surtout celles situées un peu plus loin d’Orford. «Cet effort permet de garantir 2,5 M$ pour moderniser les installations du Mont-Orford. Cela semble gros pour certains, mais petit pour d’autres. Il s’agit d’un levier en route vers une première phase de 10-12 millions de dollars pour les cinq prochaines années», explique-t-il.

Bonifier le ski et le golf

En plus de transformer la station en un centre d’attrait accessible à longueur d’année, le projet inclut des volets social, culturel, événementiel et récréatif. Sans rien dévoiler en détail, M. Demers pense à une mise à niveau des infrastructures existantes, à l’augmentation de l’offre destinée aux skieurs et planchistes débutants et intermédiaires, à l’aménagement de sentiers et de belvédères dans la montagne, etc. Les golfeurs seront aussi servis avec l’amélioration du parcours existant. Plus de détails suivront dans les prochains mois, car, selon M. Demers, les idées ne manquent pas.

L’écart entre les 2,5 M$ et les 10-12 M$ serait comblé par des programmes de subventions gouvernementales. Pas d’immobilier pour financer ces investissements, assure M. Demers, surtout que les terrains voisins des pistes sont situés dans le parc national du Mont-Orford.

Mais pour compléter le financement total de 25 M$ sur dix ans, la MRC de Memphrémagog (la propriétaire de la station qui a confié la direction à la Corporation sans but lucratif en 2011) compte faire appel à différents programmes de subvention et de soutien. Plusieurs étapes sont encore à franchir, dont les études de faisabilité, les études d’impact, le plan de mitigation et de revitalisation, ainsi que les autorisations gouvernementales.

Selon les dirigeants de la station, les retombées économiques de cette première phase devraient se chiffrer entre 36 et 60 millions de dollars pour la région, tout en créant des centaines d’emplois directs et indirects.

La fin du Fonds de relance

Cet élan de solidarité marque la fin du Fonds de relance du Mont-Orford, qui a permis d’injecter 1,2 M$ depuis cinq ans. Selon son ancienne présidente, Vicki May Hamm, cette contribution a également servi de levier pour bonifier équipements et qualité de l’enneigement artificiel.

Selon le directeur général Luc Chapdelaine, la relance entreprise il y a cinq ans a porté ses fruits. «Nous avons maintenant une montagne en bonne santé financière et dont le potentiel ne demande qu’à être développé. Bravo pour ce ralliement de toute une communauté à l’égard de la montagne, qui deviendra plus accessible à une clientèle plus vaste de skieurs. Nous améliorerons également la qualité de la neige pour affronter les changements climatiques», détaille-t-il.

Un déficit l’an dernier

Le difficile dernier hiver s’est finalement conclu avec un déficit de 269 000 $, une chute des revenus d’environ 14 % rapidement épongée avec les surplus accumulés au fil des ans. M. Chapdelaine minimise l’impact de ce manque à gagner en rappelant que le budget d’opération se chiffre entre 7 et 8 M$.

En février dernier, Le Reflet du Lac dévoilait que la montagne était à la croisée des chemins, qu’elle devait bouger pour assurer son avenir. La contribution financière des municipalités figurait dans le plan des dirigeants, suivront maintenant les partenariats à être signés avec des entreprises privées.

Cette vision rencontre celle de la Chambre de commerce et d’industrie Magog-Orford qui veut travailler de concert avec les acteurs économiques. «Il nous faut œuvrer tous ensemble pour être créatif afin que nos attraits bénéficient aux plus grands nombres d’entreprises et de commerces possibles, au lieu de travailler en silo. Nous croyons que d’autres pôles d’attraction devraient avoir des réflexions de développement dans ce genre», suggèrent les coprésidents Louise Côté et Éric Graverson.