On propose une annexion avec le Canton de Stanstead pour payer moins de taxes à Magog

TAXATION. Pestant contre des hausses de taxes jugées déraisonnables à Magog, l’Association du Memphré-Rural réclame une annexion de territoire avec le Canton de Stanstead et Austin.

Le président de ce regroupement de propriétaires, Allan Smith, propose que les citoyens du district 6 (chemins de Georgeville, d’Ayer’s Cliff et de Fitch Bay) quittent le giron de la Ville de Magog pour s’annexer au Canton de Stanstead et payer des taxes plus faibles. Il suggère une démarche semblable du côté ouest du lac Memphrémagog avec une annexion du district 1 (chemins Southière et des Pères) avec Austin.

«On paierait moins de taxes, mais nous partageons aussi davantage d’affinités avec les communautés rurales qu’avec la ville-centre et son caractère urbain, qui n’offre pas nécessairement plus de services qu’avant la fusion de 2002 avec l’ancien Canton de Magog», résume-t-il.

M. Smith rappelle que la Ville n’a proposé aucune option pour solutionner une «situation fiscale intenable» pour plusieurs contribuables ayant subi des hausses de taxes variant de 40 % à 140 % sans service additionnelle. Ces augmentations touchent principalement le bord du lac et les zones rurales de l’ancien Canton de Magog. «La Ville a carrément refusé d’atténuer ces hausses de taxes afin de les rendre plus normales et supportables, déplore-t-il. Ce sera encore plus dramatique lors du prochain rôle d’évaluation. Des évictions économiques guettent plusieurs propriétaires qui ne peuvent plus payer leurs taxes.»

UNE ANNEXION PERMISE PAR LA LOI

Ce regroupement a déjà eu quelques pourparlers préliminaires avec le Canton de Stanstead, mais aucun échange n’a eu lieu avec les élus de Magog et d’Austin. M. Smith croit en ses chances en brandissant le Guide sur les annexions du territoire, rédigé en mai 2018 par le ministère des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire (MAMOT). «Une telle annexion est permise par la loi», partage-t-il.

Selon ce document, il existe deux conditions incontournables pour relever le défi lancé par M. Smith: que le Canton de Stanstead et Austin acceptent d’annexer leur district voisin et que les résidents des districts concernés manifestent une forte majorité en faveur d’une annexion. «Magog n’aurait que peu de pouvoir au début de cette démarche, mais c’est la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest, qui aura le dernier mot», informe-t-il.

M. Smith concède que la Ville de Magog perdrait des milliers de citoyens et des millions en revenus de taxes. «À l’inverse, la contribution des nouveaux payeurs de taxes apporterait beaucoup d’eau au moulin à de petits villages qui ont grandement besoin de revenus pour boucler leur budget, commente-t-il. On pourrait même former une nouvelle ville de taille moyenne en intégrant le district 6 de Magog, le Canton de Stanstead avec Georgeville et Fitch Bay, ainsi qu’Ogden.»

M. Smith cite l’exemple d’un propriétaire ayant reçu une hausse de taxes de 40% avec la Ville de Magog. Avec une évaluation foncière identique, cette charge fiscale aurait plutôt chuté de 40% avec le Canton de Stanstead.

M. Smith envisage de créer une association provinciale pour hausser la mobilisation et mettre davantage de pression sur les villes et le gouvernement.

Les propriétaires intéressés à joindre ce mouvement peuvent communiquer avec l’association au courriel ass.memphre.rural@gmail.com

L’HERBE DU VOISIN N’EST PAS TOUJOURS PLUS VERTE

La mairesse de Magog, Nathalie Pelletier, réplique en disant que le conseil a fait tout ce qu’il pouvait pour atténuer ces hausses de taxes, mais en vain. «Légalement, on ne peut rien faire, précise-t-elle. C’est même illégal de moduler des taux de taxes d’un secteur à l’autre, surtout que ça mettrait de la pression sur le portefeuille des contribuables ayant une plus petite propriété.»

Mme Pelletier répète, une fois de plus, que ce n’est pas le taux de taxation de la Ville qui fait bondir leur compte de taxes. Elle cible plutôt la hausse de la valeur foncière de leur terrain, principalement ceux en bordure du lac Memphrémagog.

La mairesse ajoute que l’herbe des voisins n’est pas toujours plus verte, surtout avec le dépôt de nouveaux rôles d’évaluation foncière l’automne prochain dans des municipalités riveraines comme les Cantons de Potton et de Stanstead, ainsi qu’Austin. «Ces contribuables subiront à leur tour une forte hausse», prévient-elle.

Une possible annexion n’ébranle guère Nathalie Pelletier, car l’augmentation du compte de taxes n’est pas un critère suffisant pour annexer des territoires, aux yeux de Québec.