Narcotiques anonymes: « On n’est pas obligé d’attendre de tout perdre pour demander de l’aide »

CONSOMMATION. Chaque semaine depuis un an à Magog, un petit groupe de personnes se rencontrent dans un anonymat absolu afin de trouver des réponses à leurs questions et des issues à leurs problèmes de consommation, à l’invitation de l’organisme Narcotiques anonymes (NA).

Demeurant un service méconnu pour bien des gens, cet organisme réussit tout de même à attirer bon nombre de personnes sur une base régulière. Ils étaient d’ailleurs une trentaine de participants, le 3 mars dernier, lorsque l’organisation a souligné le premier anniversaire de son arrivée en sol magogois.

« Pour être impliqué auprès de NA depuis de nombreuses années, notamment à Sherbrooke et Granby, je souhaitais ardemment ouvrir un groupe à Magog, qui est ma ville natale et mon lieu de résidence. Par le passé, plusieurs ont essayé, mais sans succès. On s’est donc mis trois membres solides, combinant plus de 80 ans d’abstinence, et jusqu’à présent, ça fonctionne très bien! »,  explique l’un des cofondateurs, qui préfère garder l’anonymat en respect à la plus importante règle des Narcotiques anonymes.

Des participants de tous les horizons

Cette volonté de ne pas être identifié s’explique facilement. Pour instaurer un climat de confiance, il est impératif que les participants aient une garantie voulant que leur identité et leurs histoires demeurent derrière les portes closes des réunions.

Une exigence qui est encore plus vraie dans les plus petits milieux comme Magog, où il n’est pas rare de croiser un visage familier. « Lorsqu’on a un problème de consommation, on n’a pas envie que les gens le sachent et d’être jugé. Mais en préservant cet anonymat en tout temps, on veut faire en sorte que tout le monde se sente le bienvenu. Qu’importe ton histoire, ta race, ton orientation sexuelle, ta religion, tes revenus, les drogues que tu consommes, pour nous, ça ne change rien et surtout, on ne veut pas le savoir. Tout le monde est sur un pied d’égalité et on est là pour échanger, écouter et s’entraider. »

S’abstenir de toute drogue… incluant l’alcool

Contrairement aux Alcooliques anonymes, chez les Narcotiques anonymes, on accueille toutes les personnes qui ont un problème en lien avec la consommation d’une substance qui change leurs comportements. On pense à de la drogue sous toutes ses formes, un médicament non prescrit ou prescrit, mais utilisé sans égard à la posologie, et même de l’alcool.

Ainsi, pour être membre des NA, il faut être abstinent de tous ces produits simultanément. « Certains arrivent ici pour des problèmes de drogue, mais quand ils comprennent qu’ils ne peuvent plus prendre une goutte d’alcool, ça leur donne un méchant coup. Mais pour nous, l’alcool est une drogue comme les autres qui peut être très néfaste, même si elle est bien vue socialement et vendue légalement. »

Le cofondateur est bien placé pour en parler, car c’est l’alcool qui a accéléré sa descente aux enfers il y a 30 ans. Il se souvient d’être tombé de haut et d’avoir pu s’en sortir, notamment, avec l’aide des Narcotiques anonymes. « À l’époque où je consommais, je menais une espèce de double vie. Le jour, j’étais vêtu en veston cravate étant donné que j’occupais un emploi important, avec un certain statut social. Mais le soir, j’étais littéralement sur la brosse. Quand je buvais, il fallait que je vide toute la bouteille, sans exception. »

« Ce que je peux dire aux gens, c’est qu’on n’est pas obligé d’attendre de tout perdre pour demander de l’aide. L’idée des NA, ce n’est pas juste de parler de consommation. Au contraire, on mise surtout sur la personne. Car pour arrêter de consommer, il faut avant tout prendre soin de soi en se rappelant d’où on vient et de changer ses modes de vie. »

Rayonner sans le savoir

Ayant soufflé sa première bougie tout récemment, le regroupement magogois n’a cependant toujours pas célébré un premier anniversaire d’abstinence parmi ses membres, quoique certains soient sur la bonne voie pour y arriver.

Même si le taux de rechute demeure beaucoup plus élevé que le taux d’abstinence, le cofondateur est un témoin hebdomadaire de l’impact des NA sur la vie des gens. « Ce qui m’a le plus surpris à Magog, c’est de voir autant de jeunes assister à nos réunions. Certains n’étaient même pas encore majeurs. Je me souviens de cette jeune fille qui a vraiment pris sa vie en main. En quelques mois, on voyait la différence chez elle, autant physiquement que sur sa personne. Je lui ai dit à quel point elle rayonnait et elle en a versé une larme, car bien souvent, ces personnes ne s’en rendent même pas compte. Mais en quelques mois d’abstinence, cette jeune fille était complètement transformée », raconte le responsable.

Bon à savoir

Narcotiques anonymes Magog tient des rassemblements hebdomadaires tous les mercredis à 19 h 30, à la salle Sainte-Anne de l’église Saint-Patrice. Pour obtenir plus d’information ou avoir du soutien, il suffit de visiter le site Internet https://naquebec.org/ ou composer le 1 855 544-6362.