Mont-Orford: 800 hectares de réserve plutôt qu’en parc
PRÉSERVATION. Une portion de 800 hectares est retranchée des 5000 hectares promis pour doubler le Parc national du Mont-Orford. L’espace sera plutôt converti en aire protégée d’ici huit ans. Un «accommodement raisonnable» valable pour certains.
L’arrangement vise à maintenir un sentier régional de motoneige de 26 km qui se rend jusqu’à Valcourt, berceau de cette industrie et capitale mondiale de la motoneige. Sinon, le sentier 521 qui sert aussi aux quads aurait dû être déplacé avec des coûts pouvant frôler les 400 000 $. Sans compter que le gouvernement voulait au départ refiler tous les travaux au club de motoneige local. «Nous, on préférait clé-en-main, parce que cela a déjà été fait dans un autre parc», précise Réjean Beaudette, président du Club de motoneige Harfang de l’Estrie.
La Loi sur la conservation du patrimoine naturel permet ce genre d’activités motorisées, mais pas la loi provinciale sur les parcs. Ainsi, l’option de remanier ce lopin de terre prévu dans l’agrandissement du parc national du Mont-Orford pour le transformer en aire protégée à perpétuité s’avère être la solution acceptable du ministère de l’Environnement, de la Faune et des Parcs. Le gouvernement a évalué que le sentier motorisé ne porte pas atteinte à la protection des milieux naturels de ce secteur situé au nord de la MRC de Memphrémagog.
«Il n’y a pas de problématique particulière. Des gens sont allés sur le terrain, indique Olivier Pfister, de la direction générale de l’écologie et de la conservation au ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. Le principal aspect qu’on regarde, ce n’est pas tant l’émission de gaz à effet de serre, c’est plus au niveau d’impact direct sur le terrain, comme l’érosion et la compaction de sol ou si le territoire passe par un milieu fragile.»
L’environnementaliste Robert Benoît, de la défunte coalition SOS Parc Orford, déclare être satisfait de ce dénouement qui empêche à tout promoteur de construire des condos. «C’est acceptable. C’est presqu’aussi fort que la loi sur les parcs. Sinon, on aurait pu tout échapper. Tous y trouvent leur compte, même les hôteliers», soutient le résident d’Austin qui prévient toutefois surveiller le dossier de près.
De son côté, un autre environnementaliste d’Orford, Pierre Dépôt, déplore la possibilité que les activités découlant d’une multinationale comme BRP ait pu influencer le gouvernement. «Il ne devrait pas y avoir de passe-droit pour un parc», reproche-t-il.
Outre la motoneige et le quad, parmi les activités permises dans une aire de biodiversité, on retrouve la randonnée pédestre, la raquette, le ski de fond, la chasse et la pêche.