Marie-Denise Morency, une dynamo de 74 ans!

Quand on a la chance de rencontrer Marie-Denise Morency pour la première fois, on peine à imaginer que cette femme lumineuse a passé la moitié de sa vie dans l’obscurité, en accumulant les épreuves de toutes sortes. Et pourtant, ce sont ces épreuves qui en ont fait aujourd’hui une personne inspirante qui suscite l’admiration de son entourage.

À 74 ans bien sonnés, Marie-Denise Morency est la femme forte du milieu communautaire de la région Magog-Orford.

Depuis 20 ans, c’est elle qui occupe la direction générale de la Corporation de développement communautaire Memphrémagog, avec une fougue, un enthousiasme et une joie de vivre qui feraient rougir d’envie tous les Jean-Marc Chaput de ce monde.

Et même si elle dépasse largement l’âge officiel de la retraite, on se demande encore où et quand elle s’arrêtera. «Je veux prouver qu’on peut continuer de mener une vie active, malgré les années qui s’accumulent. Pour ma part, je n’ai jamais été aussi en forme», insiste cette mère, grand-mère et arrière grand-mère.

«Il faut aussi être conscient que beaucoup d’aînés vivent maintenant sous le seuil de la pauvreté; plusieurs n’ont que la pension gouvernementale pour vivre. Ce serait mon cas, je perdrais de la qualité de vie et de l’autonomie, c’est sûr. Mais, Halléluia!, je suis en forme et j’ai la chance d’avoir un bon travail que j’aime. Je compte bien devenir centenaire, si le ciel le veut bien», ajoute-t-elle avec conviction.

De multiples épreuves

Perte de son père à 5 ans, abus sexuels durant son adolescence, problèmes de toxicomanie, divorces, perte de la garde de ses enfants et troubles alimentaires, voilà quelques termes crus et durs qui ont marqué l’existence de Marie-Denise Morency.

«Je suis passée par le tordeur de la vie, image-t-elle. C’est l’amour de mes enfants qui m’a sauvée et sortie des ténèbres pour me ramener à la vie. Je voulais tellement qu’ils reviennent avec moi et pour cela, je devais me faire aider.»

Mais comment se faire aider quand on ne connaît rien et qu’on est si mêlée? Finalement, c’est en voulant aider une personne que j’aime que, sans m’en rendre compte, j’ai trouvé ma propre solution, mon chemin vers la recouvrance. Ma dépendance affective m’a bien servie cette fois-là», explique-t-elle en riant.

«C’est très difficile de demande de l’aide, poursuit-elle. Mais, si tu reconnais ne pouvoir t’en sortir seule, tu découvres qu’il y a plein de ressources qui peuvent t’aider, te tendre la main et faciliter ton chemin», dit-elle en toute connaissance de cause.

Retour à l’école

En quête de spiritualité, Marie-Denise Morency effectue un retour sur les bancs d’école à l’âge de 50 ans, en s’inscrivant en théologie à l’Université de Sherbrooke.

Convaincue qu’il existe un être suprême, elle précise toutefois que chacun a le libre arbitre et est maître de son destin. «Je crois qu’il y a quelque chose de plus fort que nous, et qu’il vit à l’intérieur de moi, qui me rend capable du meilleur quand je pourrais être capable du pire. Mais, ce n’est pas lui qui vit à ma place. Il faut prendre conscience qu’on est responsable de son propre bonheur à la base», fait-elle valoir.

«C’est l’Amour qui est le moteur de ma vie, mon amour profond de la Vie malgré tous les malgrés, l’amour si précieux de mes enfants, ma famille, mes complices de vie, mes animaux qui me réconfortent au quotidien, les êtres humains en général et tout ce qui comprend la vie.»

Selon Marie-Denise Morency, les adultes d’aujourd’hui auraient avantage à laisser libre cours à un peu plus de folie dans leur vie de tous les jours. «Les gens sont trop sérieux et ils se parlent de moins en moins. On est dans un monde d’excellence où il faut performer. Quelqu’un qui travaille 75-80 heures par semaine, c’est bien vu; mais ce n’est pas normal», soutient la dynamique septuagénaire.

«On se prend bien trop au sérieux et je m’inclus. Quoi de meilleur que de bons fous rires pour déstresser son être», questionne-t-elle, tout en connaissant fort bien la réponse.