« L’Hôpital de Magog perd des plumes »
SANTÉ. Deux autres médecins se rangent derrière les doléances du Docteur Yves Arcand, qui dénonce la prise de décisions à partir de Sherbrooke et qui seraient de plus en plus au bénéfice des patients de la « Ville Reine » des Cantons-de-l’Est.
Les orthopédistes Michel Camiré et Martin Dorion préviennent la population locale que leur centre hospitalier perd des plumes. Selon eux, plusieurs décisions sont prises à Sherbrooke au bénéfice de leurs propres médecins et patients, et ce, au détriment des Magogois. « L’Hôpital de Magog est presque devenu un pavillon du CHUS », s’inquiète le docteur Dorion.
Ils citent l’exemple de leur département situé à l’hôpital de Magog. L’équipe formée de MM. Camiré et Dorion, en plus de la docteure Karine Sinclair, vient régulièrement de Drummondville pour rencontrer et opérer des Magogois aux prises avec des problèmes de genou, d’épaule, de ligament ou de tunnel carpien.
Aucune opération d’un jour n’a toutefois été réalisée par ce trio d’orthopédistes à Magog depuis le début de l’année. Ils comprennent que le délestage a provoqué un bris de service en janvier, mais ils auraient souhaité retrouver leurs patients plus rapidement.
« On se fait pénaliser, car on opère trop vite »
À l’inverse, ce sont les médecins de Sherbrooke qui opèrent leurs patients sherbrookois à Magog afin de réduire leur longue liste d’attente. « Pendant ce temps, nos patients de Magog souffrent et dorment mal trop longtemps, déplore le docteur Camiré. Nos délais d’attente d’environ trois mois s’allongent pendant que ceux de Sherbrooke diminuent. C’est un non-sens. On se fait pénaliser, car on opère trop vite. »
Docteurs Camiré et Dorion croient que leur équipe est victime de son succès, tandis que leurs patients magogois en font les frais. « J’ai vu un patient en octobre dernier et il attend toujours son opération, peste-t-il. Nos courts délais de trois mois passent de plus en plus à huit ou neuf mois. »
La fusion de 2015 serait responsable de cette gestion davantage régionale, selon les deux médecins. Ils espèrent retrouver bientôt leur rythme de croisière avec six à huit interventions par jour. Ils souhaitent retrouver leurs délais d’attente d’environ trois mois, ce qui plaçait leur département parmi les plus performants au Québec, selon eux.
« -Les Magogois doivent savoir pourquoi leur propre hôpital est sur le point de changer sur bien des points de vue », termine M. Dorion.
Réplique du CIUSSS de l’Estrie
Le CIUSSS rétorque que les listes d’attente sont analysées pour tout le territoire de l’Estrie, pour toutes les spécialités et non uniquement par bloc opératoire.
« Afin de réaliser le plus grand nombre possible de chirurgies dans les délais cliniques visés, le temps opératoire disponible est attribué selon l’état des listes d’attente, lit-on par voie de communiqué. Une attention particulière est mise afin de prioriser les patients dont la condition clinique indique que le délai de chirurgie visé est de moins de 60 jours ou pour les patients en attente depuis plus de 200 % du délai clinique visé pour leur chirurgie. »
« Avec les disponibilités limitées en temps opératoire, alors que la demande n’a jamais été aussi grande, il est important de limiter l’utilisation du temps opératoire pour des chirurgies dont le délai clinique visé n’est pas atteint alors que de nombreux patients sont en attente et hors délais pour la même intervention chirurgicale et condition clinique. Dans tous les cas, rappelons que toutes les chirurgies urgentes sont réalisées sans délai », assurent les dirigeants via une porte-parole des communications.