L’homme qui passe de la parole aux actes

PERSONNALITÉ. Lorsqu’on met les pieds pour la première fois à la Cantine du Lac, à Magog, la première chose qui nous saute aux yeux, c’est que le propriétaire est particulièrement fort en gueule. Mais quand on connaît un peu plus intimement Renaud Legaré, on constate rapidement qu’il est d’abord et avant tout un homme d’action.

L’année 2016 aura été particulièrement chargée à tous les niveaux pour le volubile homme d’affaires magogois.

En plus de fêter ses 50 ans, il a vu les Cantonniers de Magog – l’équipe de hockey qu’il préside depuis 2009 – atteindre la finale de la Ligue de hockey midget AAA pour la première fois en 16 ans, tout en remportant  le titre d’organisation de l’année lors du gala Méritas de fin de saison.

Qui plus est, la formation magogoise est passée à une victoire de se rendre au championnat canadien (Coupe Telus), un titre qu’elle avait remporté en 2000. «Lors du sixième match (perdu en prolongation), nous étions au Lac St-Louis et je pensais à tout qui nous attendait deux jours plus tard, s’il y avait une septième rencontre. L’aréna de Magog aurait été trop petit pour accueillir tout le monde», croit-il.

«Nous n’avons peut-être pas remporté la série ultime, mais la saison 2015-2016 fut tout un «thrill». J’ai particulièrement aimé la progression de notre équipe et les gars ont vraiment répondu à l’appel en séries. Et comme c’est le cas chaque année, plus les séries avançaient et plus les spectateurs étaient nombreux», constate-t-il.

Campagne émotive pour Bianca

Quelques semaines après avoir accompagné son équipe dans sa poursuite aux grands honneurs, Renaud Légaré s’octroie le mandat de venir en aide à Bianca Bolduc, une mère de famille condamnée par la médecine québécoise.

Bien qu’elle ait reçu un diagnostic de cancer généralisé, la Magogoise veut tenter sa chance dans une clinique privée d’Allemagne, afin de faire traiter des métastases au foie.

Ancien patron – mais toujours ami de Mme Bolduc – le populaire restaurateur orchestre à la volée une campagne de financement avec l’objectif d’amasser 40 000 $. Il refuse que la famille de la jeune femme soit préoccupée par une question d’argent, préférant que la principale intéressée et ses proches mettent leurs énergies sur le processus de guérison. «J’ai eu 50 ans au moment même où Bianca recevait son diagnostic. Je me disais que ç’aurait très bien pu être moi, surtout que je suis plus âgé. Émotivement, ce fut plus difficile que je pensais».

L’histoire touche rapidement la corde sensible du public et l’objectif de départ est pulvérisé.  En l’espace de quelques semaines, les différentes activités de financement totalisent 64 000 $ et Bianca Bolduc peut se rendre quatre fois de l’autre côté de l’Atlantique pour y subir ses traitements avec succès. «Uniquement à la Cantine (du Lac), j’ai amassé 35 000 $. Dès que l’histoire a été rendue publique, les gens ont été touchés et nous n’avons pas eu besoin de forcer personne à contribuer. La générosité de la population m’a ébranlé», confie-t-il.

«Peut-être ai-je fait une différence dans sa vie en étant le chef d’orchestre de tout ça. Chose certaine, je me dis que nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour lui faciliter la tâche. Tous ceux qui ont contribué ont été des anges-gardiens pour Bianca».

De préposé… à président

Quand Renaud Légaré s’est joint à l’organisation des Cantonniers en 2006, bien peu s’attendaient à ce qu’il en devienne un jour le président. «Je suis entré à titre de responsable de l’achat d’équipement, mais comme il n’y avait pas de préposé à l’équipement, j’ai également dû remplir ce poste durant un an, sous les ordres de Stephan Lebeau», se rappelle-t-il.

Lorsqu’Olivier Tremblay a tiré sa révérence de la présidence en 2009, c’est à lui qu’on a confié les rênes de l’organisation.

Et tout indique qu’il pourrait être en poste pendant plusieurs années encore. «Il n’y a personne d’irremplaçable, mais je sais fort bien que les candidats ne se bousculeront pas pour un poste bénévole comme le mien», avance celui qui pousse le dévouement jusqu’à vendre lui-même les moitié-moitié durant les matches à l’aréna de Magog.

 «Étant donné que je travaille de 5 h 30 à 13 h 30 à la Cantine, il me reste plusieurs heures pour me consacrer aux Cantonniers. J’ai aussi la chance de compter sur une très belle «gang», notamment Félix Potvin (entr.), Christian Lord (v.p. Hockey) et Michel Champigny (dir.gér.). Tant qu’ils seront là, je serai très à l’aise dans mes fonctions».

En fait, la seule chose qui pourrait forcer le président des Cantonniers à quitter ses fonctions est son implication éventurelle dans la prochaine campagne électorale à Magog. «J’ai déjà dit que j’avais de l’intérêt pour me présenter, mais rien n’est encore arrêté. Est-ce qu’un poste de conseiller serait compatible avec mon travail de restaurateur ou mon rôle de président? Ça reste à voir».

Champions du Québec

Passionné de hockey depuis son enfance, Renaud Légaré a aussi été entraîneur au hockey mineur durant quatre saisons dans les années 1990, en compagnie de son bon ami Guy Robinson.

Les deux hommes avaient même mené l’équipe midget BB de Magog-Coaticook à la conquête du championnat provincial en 1992, dans une saison marquée par une seule défaite. «Ce fut une année extraordinaire. Nous avions de bons hockeyeurs, mais aussi d’excellents jeunes qui ont tous fait leur chemin dans la vie. Deux de nos joueurs de l’époque (Martin Bergeron et Yannick Gagnon) sont même devenus parents de joueurs des Cantonniers», fait remarquer M. Légaré.

Son premier titre d’importance, l’homme d’affaires l’a probablement remporté en 1983, lorsqu’il a été élu élève de l’année à sa sortie de l’école secondaire de La Ruche. «J’étais assez impliqué à l’école, et, même si c’est difficile à croire (!), j’avais une moyenne académique de 90 %. En fait, je n’avais pas le choix de marcher droit, car mon père travaillait là-bas», a-t-il justifié à la blague.

La main heureuse

Renaud Légaré est certainement né sous une bonne étoile, puisque tout ce qu’il touche semble se transformer en succès.

Lorsqu’il a acheté son premier billet de loterie à vie en 1994, il a mis la main sur 9000 $, une somme qui lui a servi de mise de fonds pour l’achat de sa cantine. «Pour faire une blague, j’avais collecté 2 $ à tous les gérants du Métro et j’étais allé acheter 12 $ de 6/49. Le soir même, on remportait 54 000 $ au 5/6 +», raconte-t-il.

Désireux d’être son propre patron, il fait l’acquisition de la Cantine du Lac, même s’il était bien loin d’être un cordon bleu. «J’allais opérer un restaurant et je n’avais jamais tourné un œuf de ma vie. Au début, quand il rentrait quatre clients en même temps, j’étais pas mal nerveux», lance-t-il en riant.

De fil en aiguille, son commerce est devenu un incontournable de la restauration à Magog – n’en déplaise aux fines bouches – et il est l’endroit idéal pour connaître toutes les rumeurs, vraies ou fausses, qui touchent la communauté.

En prime, vous aurez aussi droit aux envolées oratoires du propriétaire, dont le style coloré et humoristique vaut largement le coût du spécial du jour.