L’heure de la retraite après 40 ans à conduire un autobus scolaire

TÉMOIGNAGE. Thérèse Lavoie adore tellement les enfants qu’elle a passé presque 40 ans de sa vie professionnelle à s’occuper de la progéniture des autres. Comment? En les transportant entre Austin et Eastman dans un autobus scolaire.

Cette femme de 66 ans a pris sa retraite l’an dernier après un début de carrière comme chauffeuse d’autobus en 1978. Presque toujours le même circuit et toujours avec le même souci de sécurité et de faire passer un bon moment aux enfants, qui devaient parfois prendre de 30 à 60 minutes pour se rendre à l’école, et autant pour retourner à la maison.

Mme Lavoie avait un des deux circuits d’Austin. Elle empruntait toutes les routes, même les plus cahoteuses, pour aller chercher les enfants d’âge primaire qui fréquentaient l’école Val-de-Grâce, à Eastman. Elle doit avoir servi la moitié des familles d’Austin. Trois d’entre elles, les Dustin, Couture et Viscogliosi, ont vu un des parents et un de leurs enfants embarquer à bord d’un bus jaune conduit par Mme Lavoie.

«Je m’occupais des enfants comme si c’était les miens. Je les accueillais en leur disant bonjour et par leur nom. Ça chantait parfois, et j’aimais bien ça. Je leur donnais même de petits cadeaux à la fin de l’année et aux fêtes comme Pâques», se souvient-elle.

Parents et enfants se souviennent d’elle également. Mme Lavoie a reçu de nombreuses marques d’affection à sa retraite, comme des lettres et des cartes de remerciements pour tous ces bons moments passés à bord de l’autobus.

La mairesse d’Austin, Lisette Maillé, qui a vu ses enfants être conduits par Mme Lavoie, est convaincue qu’elle a contribué à la persévérance scolaire de nombreux élèves. «Pour un élève, c’est beaucoup plus facile d’amorcer sa journée à l’école après un bon moment dans le bus, surtout quand le circuit dure plus de 30 minutes», insiste-t-elle.

«Je voyais des enfants heureux de rentrer à l’école. Je n’étais pas une enseignante, mais je m’organisais pour réunir les conditions gagnantes pour qu’ils passent une belle journée», ajoute Mme Lavoie.

Cette femme d’Eastman se considère chanceuse de ne pas avoir eu de graves accidents de la route ou d’enfants blessés par des voitures. Elle se souvient tout de même d’enfants malades ou handicapés qui nécessitaient davantage de soins. Le bus s’est parfois enlisé dans la neige, mais rien de dramatique.

À l’intérieur de ces quatre décennies, Thérèse Lavoie a également été surveillante au dîner à l’école Val-de-Grâce pendant une vingtaine d’années.