Les taxes de Potton rebondissent à Québec

AFFAIRES MUNICIPALES. Tout comme d’autres augmentations salées ailleurs en province, la hausse de taxes variant de 22 % à 28 % au Canton de Potton a rebondi jusqu’à la période de questions de l’Assemblée nationale du Québec, jeudi (16 février).

La ministre des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH), Andrée Laforest, y a mentionné que des fonctionnaires avaient été mandatés de vérifier auprès de quelques municipalités si les hausses sont justifiées ou non. Elle a commenté ces augmentations en disant, «comme citoyenne, «je trouve que c’est beaucoup».

Elle a refusé d’identifier des municipalités, mais le Canton de Potton figure sur la liste. Le maire Bruno Côté confirme la demande du ministère auprès de la mairie pour obtenir des documents. «On collabore pleinement et on a transmis les renseignements dès le 13 février», précise-t-il.

Il manifeste cependant sa surprise de voir la ministre réclamer des comptes auprès de quelques municipalités, dont la sienne. «On suit pourtant les règles avec transparence, année après année, réagit M. Côté. Cette intervention laisse insinuer que nous n’avons pas bien agi, même si son propre ministère dit qu’il n’a pas le pouvoir de sévir contre des municipalités. Ces insinuations ouvrent la porte à nos opposants, qui poursuivent ainsi leur pression sur le conseil.»

Le maire du Canton de Potton rencontrait d’ailleurs un sous-ministre du MAMH, ce vendredi après-midi via la plateforme Zoom, afin de discuter d’un accompagnement offert par Québec. Sa réponse a été laconique: «On n’en voulait pas, car le budget a été adopté en respectant les règles de l’art, relate M. Côté. Ca tombe bien, car il a affirmé que nos décisions étaient légales et nous appartenaient de plein droit. Ce dossier est terminé et on peut tourner la page.»

UN APPEL À LA PRUDENCE, SELON JACQUES DEMERS

Le préfet de la MRC de Memphrémagog et président de la Fédération québécoise des municipalités (FQM), Jacques Demers, a été étonné d’entendre les commentaires de la ministre. Il invite Mme Laforest à faire preuve de prudence et à respecter les municipalités reconnues comme des gouvernements de proximité. «Il m’apparaît regrettable que la ministre commente des situations particulières alors que les budgets ont été adoptés démocratiquement, dans le respect des règles, signale-t-il. Les élus municipaux concernés sont en mesure de rendre compte de leurs décisions auprès des citoyens.»

M. Demers rappelle que le Québec vit actuellement une inflation sans égale depuis des décennies, et ce, sans qu’aucune aide directe liée à l’inflation n’ait été accordée aux municipalités. Il cite l’exemple de sa propre Municipalité aux prises avec une hausse de 109 % pour l’entretien hivernal des routes.« Le coût au kilomètre a bondi de 4 000 $ à 8 800 $», plaide-t-il.

UN PAS DANS LA BONNE DIRECTION

Le citoyen du Canton de Potton, Michel Trudel, applaudissait la ministre au lendemain de ses déclarations. Une pétition de citoyens réclamait justement une vérification et une possible révision de la taxation proposée. «Ça évolue dans le bon sens, mais on souhaite toujours rencontrer la ministre pour lui formuler des demandes formelles, car Potton est presque au sommet des hausses de taxes au Québec», observe celui qui s’était présenté comme candidat aux élections municipales de 2021.

M. Trudel espère que ces commentaires livrés à l’Assemblée nationale feront hausser le droit de regard du MAMH sur les budgets municipaux, donnant ainsi le possibilité à la ministre de limiter les hausses sous l’inflation.