Les moules zébrées frappent aux portes des entrées d’eau municipales

ENVIRONNEMENT. L’entrée de la prise d’eau de Magog dans le lac Memphrémagog est plus affectée par les moules zébrées que celle de la Ville de Sherbrooke.

Un décompte effectué par les plongeurs Denis Mongeau (Plongée Magog) et Ariane Orjikh (biologiste et dg du Memphrémagog Conservation Inc.) confirme la présence d’une grande quantité de moules, plus particulièrement à la porte de cette importante infrastructure magogoise.

Plus de 10 000 individus s’étaient entassés sur le grillage de l’entrée d’eau magogoise en août dernier, comparativement à 363 pour celui de Sherbrooke. Ces moules ont déjà été retirées du fond du lac, mais il s’agit d’un prodigieux bond par rapport à l’an dernier. «La progression est phénoménale, car il n’y en avait qu’une poignée en 2021», détaille Mme Orjikh.

La coordonnatrice à l’environnement de la Ville de Magog, Josiane Pouliot, craint le retour des moules en quantité supérieure dès l’an prochain. Même si la capacité de reproduction des moules est gigantesque, elle applaudit le fait que l’usine de filtration d’eau potable de Magog empêche pour l’instant les moules de poursuivre leur prolifération dans le reste de la canalisation publique et jusque dans les maisons.

«On travaille déjà sur un plan de protection des infrastructures, incluant des mesures de contrôle, mais ce sera très difficile de les éradiquer, s’inquiète Mme Pouliot. On aura aussi d’autres espèces nuisibles et envahissantes à surveiller dans les prochaines années.»

La biologiste Ariane Orjikh apprécie également la réussite de la filtration des moules à l’usine d’épuration. Elle s’inquiète toutefois de voir la présence «incontrôlable» des moules affecter la santé du lac Memphrémagog. «Je recommande fortement aux Villes de trouver des moyens pour freiner cette prolifération», lance-t-elle.

SPECTACULAIRES AUGMENTATIONS DE LA DENSITÉ DES MOULES

Un tableau du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec (MFFP) indique d’inquiétantes hausses dans la densité moyenne de moules zébrées à quelques endroits au fond du lac Memphrémagog. La zone entourant l’île des Trois Soeurs est l’une des plus problématiques avec la présence de 6725 individus par mètre carré. C’est une augmentation de 22 000%.

Le secteur entourant la prise d’eau de Sherbrooke, une zone plus élargie que le simple grillage, est aux prises avec une densité de 6200 individus par mètre carré. Il s’agit d’une hausse de plus de 112 000%

Les densités de moules progressent également à quelques endroits au lac et à la rivière Magog, mais dans une proportion moindre.