Les coupures dans le transport collectif et adapté passent encore mal

TRANSPORTS. Parents, représentants d’organismes communautaires et membres du regroupement des Oubliés de l’autobus digèrent toujours mal la réduction de 30 heures par semaine dans le service de transport collectif et adapté. Ces compressions sont effectives depuis le 26 mai dernier.

Une délégation d’une vingtaine de personnes ont voulu sensibiliser les élus lors de la séance publique du conseil des maires de la MRC de Memphrémagog, mercredi dernier (21 juin).

Parfois émotifs, quelques parents ont partagé leur désarroi et leur peine face à une décision affectant «les plus vulnérables de la société», aux dires des personnes présentes. Leurs enfants handicapés physiques ou intellectuels doivent parfois couper dans leurs sorties de loisirs ou pour aller à leur camp de jour en raison d’un service réduit.

Une responsable d’une trentaine de résidents atteints de déficience intellectuelle voit un danger se pointer avec un service réduit, car elle a été contrainte d’annuler des rendez-vous médicaux, faute de transports. Selon elle, un accompagnateur et un résident ont, par exemple, pris 13 heures de leur temps pour un simple rendez-vous de 30 minutes.

Président des Oubliés de l’autobus, Olivier Touchette tenait à préciser qu’un service réduit en matière de transport adapté nuit également au transport collectif couvrant aussi les quatre coins de la MRC de Memphrémagog. «Ce sont deux services essentiels qu’on doit préserver et développer», insiste-t-il.

M. Touchette explique que le transport adapté est primordial pour la clientèle à mobilité réduite, par exemple, tout comme le transport collectif est nécessaire pour réduire les gaz à effet de serre (GES). Il rappelle que ces GES sont responsables des changements climatiques.

«ON NE REMET JAMAIS EN QUESTION LA RENTABILITÉ DE L’A10»

Il comprend les élus de jongler avec l’aspect financier du dossier, mais il les invite à voir le défi sous un autre angle. M. Touchette brandit des études chiffrant l’impact de la voiture sur la société beaucoup plus important que l’usage du transport collectif. «Si utiliser la voiture vous coûte 1 $, la société paie 9,20 $. Si utiliser le bus coûte 1 $, la société paie 1,50 $, détaille-t-il en ciblant les «sursubventions» de l’automobile. On questionne beaucoup la rentabilité de ces services, mais on ne remet jamais en question la rentabilité de l’autoroute 10.»

Conscients de la hausse spectaculaire de la facture totale, les citoyens ont rappelé l’importance de faire pression sur le gouvernement «qui semble déconnecté de la réalité sur le terrain». D’autres ont suggéré de négocier des partenariats avec les propriétaires d’autobus scolaires et de Limocar pour partager leurs véhicules.

Des représentants de la MRC et des usagers des transports collectif et adapté se rencontraient le lendemain (22 juin) pour tenter de trouver des solutions. Quelques actions seraient sur la table, mais on préfère attendre l’automne prochain pour dévoiler les conclusions.

Le directeur général de la MRC, Guy Jauron, se dit également préoccupé par cette compression de services. Toutefois, il rappelle que les factures mensuelles sont rapidement passées de 50 000 $ à 140 000 $. «On risquait de supprimer tout le service sans réduction des heures, a-t-il expliqué. On souhaite trouver des solutions, mais en respectant le budget qu’on a sous la main.»

La préfète suppléante, Lisette Maillé, prévient les usagers et les contribuables que des décisions devront être prises avant l’adoption des budgets municipaux l’automne prochain. «On sera peut-être obligé de revoir à la hausse la tarification des usagers ainsi que la quote-part des municipalités», signale-t-elle.