Les amours de jeunesse il y a 40 ans: autres temps, autres mœurs

SOCIÉTÉ. Les problèmes avec la justice d’un jeune homme de 18 ans de Thetford Mines, qui entretenait une relation amoureuse avec une adolescente de 13 ans, a ravivé non pas de douloureux, mais de bons souvenirs à un couple de Magog. Autres temps, autres mœurs.

Aubert Pépin et Micheline Labrecque voient quasiment leur histoire d’amour se répéter. En effet, ces jeunes Omervillois d’origine se sont rencontrés lorsqu’Aubert avait 17 ans et Micheline, 13 ans. Ils sont en couple depuis 42 ans et mariés depuis 35 ans.

Ils tracent des similitudes entre les deux histoires d’amour sur le plan humain. Jamais, ils n’ont pensé mal agir à l’époque. Jamais, ils n’ont comparé leur amour de jeunesse à un détournement de mineur, à une agression sexuelle ou à un acte de pédophilie. «Dans le temps, on écoutait nos parents quand ils disaient de respecter notre blonde», se souvient Aubert Pépin, aujourd’hui âgé de 59 ans.

Le couple Pépin-Labrecque sympathise avec Michael Baril Desjean, de Thetford Mines, accusé de contact sexuel et agression sexuelle sur une mineure. Le jeune ne comprend pas pourquoi on lui colle une étiquette de pédophile sur le dos, même si une vague de sympathie à son égard a rapidement déferlé sur les réseaux sociaux.

Dans ce dossier, les policiers ont appliqué la loi stipulant qu’une jeune fille de moins de 14 ans ne peut accorder son consentement si la différence d’âge est plus de deux ans.

Pas de prison pour un amour de jeunesse!

Comme d’autres, le couple Pépin-Labrecque demande un assouplissement des règles pour de rares cas d’exception, comme celui de Thetford Mines. «La petite fille est en amour et consentante. Les parents étaient au courant. Pourquoi arrêter le jeune homme? Ce sont presque des enfants, pourquoi le comparer à des pédophiles. Il ne peut pas faire de la prison pour un amour de jeunesse, ça n’a pas de bon sens», s’objecte Micheline Labrecque.

Autres temps autres mœurs, oui. Cet amour accepté dans les années 1970 est devenu interdit aujourd’hui pour des questions légales. Selon Micheline, une autre différence est la possibilité pour une jeune fille de prendre la pilule contraceptive dès 14 ans, ouvrant ainsi la porte à des relations sexuelles plus jeunes qu’à l’époque où la «couchette» arrivait davantage à la majorité, soit 18 ans.

Selon Aubert Pépin, le degré de maturité, de respect et de responsabilité a également beaucoup changé, rendant peut-être moins acceptable ce type de relations aujourd’hui. «Dans notre temps, on travaillait plus jeune et on donnait une pension à nos parents beaucoup plus tôt qu’aujourd’hui. Nos parents connaissaient aussi les parents des blondes, ce qui faisait rehausser la notion du respect. Les parents étaient plus sévères et on n’était pas rebelle», résume-t-il.

Aubert Pépin et Micheline Labrecque croient que ces histoires d’amour de jeunesse, qui sont peut-être plus fréquentes qu’on le pense, peuvent s’étirer dans le temps. Dans leur quartier de naissance dans le secteur Omerville, deux autres couples se sont formés à la même époque et sont toujours ensemble quatre décennies plus tard. Aubert et Micheline sont d’ailleurs très fiers de partager leur histoire d’amour, empreinte de tendresse, de confiance et de fidélité, malgré des hauts et des bas.