Le tour de force d’Hassan Laramée
DESSIN. Près de 10 ans après le terrible accident de vélo qui l’a rendu paraplégique, Hassan Laramée est toujours à la recherche de nouveaux défis pour combler un vide et tenter de faire fructifier les idées qui l’habitent. Son dernier défi en lice, réaliser des dessins… avec sa bouche.
Sachant à quel point il est difficile pour bien des gens de réussir des croquis agréables à l’œil, on ne peut qu’être étonné de voir la qualité des esquisses mises sur papier par l’homme d’Eastman, qui, rappelons-le, ne peut que bouger la tête.
Si certains proches lui ont suggéré de lancer un jour sa propre collection, Hassan Laramée estime qu’on est encore bien loin d’un premier vernissage. «Mon seul but pour l’instant est d’occuper mon temps et d’extérioriser mes émotions. Tant mieux si les autres trouvent ça beau. Mais en ce qui me concerne, je trouve qu’il y a place à beaucoup d’amélioration», lance celui qui se décrit comme un grand perfectionniste.
«J’ai communiqué avec une artiste de Los Angeles (qui peint avec la bouche) il y a quelques mois, et elle m’a donné des trucs pour débuter. Mais, idéalement, je devrais suivre des cours pour perfectionner ma technique. Le seul avantage que j’ai présentement, ce que je suis plus observateur qu’autrefois et que je remarque beaucoup plus les petits détails dans les œuvres», laisse-t-il entendre.
Tout lui réussissait
Bien avant son accident du 23 juillet 2007, Hassan Laramée était déjà perfectionniste et réussissait pratiquement tout ce qu’il touchait.
Reconnu pour son talent au basket, il jouait également de la guitare, en plus de faire du surf.
Ces passions, il a dû se résoudre à les vivre différemment en raison de sa condition. «J’ai bien aimé mes années comme entraîneur adjoint avec l’équipe de basket du Cégep de Sherbrooke, mais ça devenait compliqué à la fin pour le transport. Je me suis aussi mis à l’harmonica il y a quelque temps. Mais ce que je souhaiterais par-dessus tout, c’est de refaire du surf. La sensation d’être transporté par une vague, c’est incomparable», a lancé l’homme de 31 ans.
«Il existe des façons pour faire du surf adapté, mais ça prend beaucoup de préparation, surtout pour quelqu’un comme moi (branché sur un respirateur en permanence). C’est le genre d’activité qu’il faut planifier plusieurs mois à l’avance. Heureusement, j’ai la chance de faire de la voile adaptée au lac Magog. Quand le vent est présent, c’est vraiment agréable».
Surpris de vivre 10 ans
Le 23 juillet prochain, Hassan Laramée vivra le 10e anniversaire du terrible accident de vélo de montagne qui l’a cloué en permanence dans un fauteuil roulant.
Habile sur deux roues et portant tout l’équipement de protection nécessaire, le jeune athlète de 21 ans (à l’époque) avait subi une fracture cervicale après avoir tenté de passer par-dessus un obstacle.
Coincé entre la vie et la mort, il était finalement sorti du coma et avait entamé une période de réadaptation, qui lui a permis de retourner vivre chez les siens, mais avec une assistance en permanence.
«C’est fou comme le temps passe vite, même s’il peut paraître très long parfois. Honnêtement, je suis surpris d’être encore en vie. Au début, je croyais sincèrement que je vivrais un maximum de cinq ans, et que je décèderais après une quelconque complication», lance-t-il avec un certain étonnement.
«Aujourd’hui, je n’ose plus penser à des pronostics et je me dis que je pourrais même avoir des projets plus importants comme une blonde, mon propre appartement ou un travail à temps partiel. Qui sait où je serai dans 10 ans?»