Le centre-ville de Magog reprend vie et les commerçants s’en réjouissent

ÉCONOMIE. Après d’intenses travaux de huit mois, le centre-ville de Magog reprend vie un peu plus tôt que prévu, et juste à temps pour le magasinage des Fêtes.

Les marchands applaudissent évidemment l’ouverture officielle de la rue Principale, ce vendredi 29 novembre. Ce retour à la vie normale ne s’est cependant pas fait sans heurts ni grincement de dents. Quelques commerces ont fermé leurs portes. D’autres ont réduit leurs heures ou coupé dans le personnel pour atténuer les effets d’une baisse d’achalandage.

Des boutiques et restaurants ont rivalisé d’originalité pour conserver leur clientèle. Plusieurs ont fait preuve d’initiatives pour attirer les clients malgré les entraves à la circulation, la présence des pelles mécaniques et une rue complètement fermée.

Quelques commerçants sondés par le Reflet du Lac, en dépit d’une baisse de régime pour plusieurs d’entre eux, entrevoient l’avenir avec beaucoup d’optimisme. Ils louangent l’entrepreneur Lapalme et Fils pour la qualité des travaux et la courtoisie des employés.

Voici un compte rendu des commentaires livrés par les commerçants rencontrés quelques jours avant la grande ouverture officielle.

 

Salon Dollard Dubé

Ayant pignon sur rue depuis 47 ans, le coiffeur Dollard Dubé avoue avoir essuyé une légère perte pendant la seconde partie des travaux, car le chantier s’était déplacé devant sa porte. «Le résultat est très beau, mais je trouve la rue un peu étroite en raison des trottoirs trop larges, dit-il. J’ai l’impression que ça nous enlève des places de stationnement.»

Dollard Dubé

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au Fou du Roi

Ayant fait son propre tour d’horizon, Michel Grisé estime les pertes moyennes du chiffre d’affaires de l’ensemble des commerçants entre 30 et 50 %, incluant sa propre adresse. «J’aurais fermé mes portes sans mes livraisons à Montréal, avoue-t-il. Nous nous sommes également sentis abandonnés en seconde portion des travaux, car la signalisation et la logistique étaient moins bonnes que de l’autre côté.»

Grisé est à la fois optimiste pour l’avenir et amer en pensant à ces derniers mois. Il croit que la Ville aurait pu effectuer une meilleure planification des travaux. «Je pense que les impacts positifs ne se feront sentir qu’en 2021, croit-il. Maintenant qu’on a un beau centre-ville, faudra maintenant améliorer sa diversité commerciale.»

Michel Grisé et sa conjointe Hélène Beauchamp.

 

 

 

 

 

Cuir Eleganza

En place depuis 26 ans au centre-ville, le designer Luigi Sciorio se trouve aussi dans la moyenne des pertes estimées entre 30 et 50%. «C’est grave, mais pas dramatique», philosophe-t-il. Il dit avoir pris les bouchées doubles avec sa conjointe après avoir coupé deux employés à temps partiel. Il croit qu’il y aura peut-être un peu plus de monde au centre-ville en 2020, mais sans se traduire par davantage de ventes. «Moi, ma réussite passe par la clientèle locale. J’ai hâte aussi qu’on s’attaque au prix trop élevé des loyers sur la rue Principale et qu’on y améliore l’ambiance musicale.»

Luigi Sciorio

 

 

Boutique Le Week-End

Julie-Claude Noreau est propriétaire de ce commerce depuis 13 ans. Positive, elle dit avoir pris le taureau par les cornes pour prévenir les coups et pour mieux s’adapter à la réalité d’un vaste chantier de huit mois. «J’ai utilisé tous nos outils pour garder des contacts réguliers avec ma clientèle, tout en lui disant qu’on était toujours ouvert pendant les travaux. Oui, il y a eu des irritants, un peu comme quand on habite toujours dans notre maison pendant des rénovations», image-t-elle.

Mme Noreau assure que son chiffre d’affaires a très peu souffert, car sa boutique est un commerce de destination.

Julie-Claude Noreau

 

 

Bijouterie Duvar

La famille Hamann en a vu de l’eau couler sous les ponts depuis son ouverture en 1975. Émilie et Marie-Ève sont donc peu ébranlées malgré une légère baisse. Elles se disent touchées de la présence d’une clientèle de Magog et des Cantons-de-l’Est pendant les travaux. Elles ont très hâte de retrouver leur nouveau centre-ville pour accueillir davantage de visiteurs et de clients.

 

Sports Experts

Propriétaire depuis trois ans d’un commerce en place depuis 43 ans, Marie-Josée Normandin n’a subi que de légères pertes en raison d’un ajustement préalable. «On a coupé un peu, mais on a gardé nos temps pleins, dit-elle. Notre clientèle touristique a baissé un peu, mais nos clients locaux se sont déplacés en grand nombre pour faire de bons achats. On a observé une hausse dès le premier week-end d’ouverture de la rue.»

Mme Normandin applaudit le résultat, mais elle rappelle que le stationnement demeure le nerf de la guerre à Magog. «Il faut conserver le même espace de stationnement sur la rue et au parc des Braves, car on ne peut se permettre de réduire le nombre de cases», prévient-elle.

 

Caffuccino

Michel Lussier craignait des pertes de 50%, mais il se réjouit d’observer un impact moindre sur son chiffre d’affaires (moins 20 % réparti sur un an). «On s’est adapté et nous sommes déjà en bonne position pour poursuivre notre croissance qu’on a depuis 22 ans, grâce à la revitalisation. Juillet et août ont été plus difficiles, mais notre bilan est mieux que ce que l’on avait prévu.»

 

Boutiques Newport

Jean-Guy Morissette est copropriétaire d’un autre pilier commercial du centre-ville ayant pignon sur rue depuis 68 ans. Lui-même un associé de longue date chez Newport, il s’est lui aussi adapté, et a même allonger ses heures d’affaires en soirée, pour réduire ses pertes qu’il estime mineures. «Je crois que tous les marchands ont connu des baisses de régime, plus particulièrement durant les plus belles semaines de l’été. J’entrevois de belles années devant nous avec un beau centre-ville qui va attirer beaucoup de visiteurs. C’est déjà bien parti,» lance-t-il.

Morissette espère maintenant que la reconfiguration de la rue n’affectera pas le stationnement. Il suggère aussi d’encourager davantage la diversité et d’uniformiser les heures d’affaires régulières au centre-ville.

 

Art de Vivre

La copropriétaire Joanne Cournoyer assure que son bilan est beaucoup moins pire qu’elle avait prévu. «On s’était ajusté en conséquence et quelques-uns de nos services ont pris la relève de la boutique, dit-elle. Oui, nous avons connu une baisse, mais on s’est organisé pour la limiter. Les travaux sont déjà derrière nous et nous avons observé un premier week-end déjà en folie. On va regagner nos pertes assez rapidement, car ce fut comme un mal pour un bien.»

Mme Cournoyer prévient toutefois que le stationnement demeure un enjeu de taille au centre-ville. Elle rêve même d’un vaste stationnement à étages à deux pas du centre-ville, comme elle en a déjà vu en Floride, presque dissimulé dans le paysage urbain.

Joanne Cournoyer

 

 

 

Le Mam’zell pub

D’entrée de jeu, Roxanne Lemay confie avoir connu des temps très difficiles entre avril et juillet. La clientèle est revenue dès l’ouverture de sa portion de rue et l’aménagement des nouveaux trottoirs. «J’ai confiance en l’avenir, mais nous devrons  relever un autre défi de taille, soit celui de trouver des employés, ajoute-t-elle. On songe sérieusement à embaucher des Tunisiens pour combler cette pénurie de main d’œuvre.»

Roxanne Lemay

 

 

Métro Plouffe et restaurants Pinocchio et Alessa Trattoria

Daniel Plouffe avoue que les premiers mois ont été plus difficiles à ses deux tables à manger. La fréquentation est revenue presque à la normale dès l’ouverture partielle de la rue pour obtenir un résultat satisfaisant à ses yeux. Quant à l’épicerie de la rue Saint-Patrice, le commerce a connu un début de chantier plus lent, mais avec un redressement à la normale dès que les clients locaux étaient habitués à circuler dans le secteur.

Plouffe voit l’avenir de façon très positive au centre-ville, d’autant plus qu’il vient d’acquérir l’édifice Dolloff construit en 1897, qui abrite les commerces Foliole et Telus. «Je vais refaire la façade pour redonner à cet immeuble son lustre d’antan.»

Daniel Plouffe

 

 

 

 

Coiffure Memphré

Coiffeur au centre-ville depuis 54 ans, Yves Grandmaison estime que la vocation de son commerce lui a permis de ne subir que de petits inconvénients technique, mais aucun impact sur son chiffre d’affaires. «J’étais chanceux, car j’avais également un accès par l’arrière, dit-il. J’ai aussi été proactif en faisant plus de publicité.»