Le 19e siècle sous la loupe de l’auteur Jean-Claude Germain

LITTÉRATURE. L’histoire du Québec et du Canada est jalonnée de va-et-vient politiques. L’auteur Jean-Claude Germain en sait quelque chose. Après avoir écrit «Nous étions le nouveau monde : Le feuilleton des origines», et «Le feuilleton des premières», il récidive avec «Le feuilleton du ciel rouge et de l’enfer bleu». Rencontre avec cet érudit qui nous relate de brefs moments de notre histoire que l’on peut découvrir dans ce troisième et dernier tome de cette série.

Par François Bouchard

Votre livre couvre quelle période?

Il couvre le 19e siècle et se divise en deux parties. La première partie va jusqu’en 1837 avec les Patriotes, puis la deuxième se termine à la fin du siècle. C’est une période dont on n’a pas beaucoup parlé. Pourtant, cette période a mené à la Confédération et à la création des provinces canadiennes. Selon moi, on devrait l’étudier et l’interroger beaucoup plus, car, quand on s’y attarde, on a l’impression de lire le journal de la veille. Une bonne partie de ce que l’on vit actuellement en est issue directement.

Quel est l’objectif du livre?

Que l’on se rende compte que ce qui est arrivé à cette époque est ce qui a fait de nous ce que nous sommes aujourd’hui. Que l’on comprenne que certaines personnes ont été des éteignoirs de pensées pour le Québec, alors que d’autres ont tenté d’apporter un renouveau, de s’inscrire dans le monde moderne. Que l’on (re)découvre ceux qui ont pensé le Québec.

Quel est ce grand pardon dont vous parlez dans le livre?

Le monseigneur Forbin-Janson de France, un orateur exceptionnel, a fait la tournée des villes et des villages du Québec vers les années 1840. Il a profité de l’égarement politique des gens à la suite du passage de l’armée de Colborne, réprimant la rébellion des Patriotes, pour promouvoir une solution religieuse en misant sur leur culpabilité. Il s’agit d’un grand mouvement mis en place pour que ces gens s’excusent de ce qu’ils ont fait ou n’ont pas fait. En gros, il comble un vide. Monseigneur Bourget, l’évêque de Montréal, profite ensuite de la vague pour lui faire prendre de l’ampleur.

Pourquoi Montréal était-il le pire choix pour ériger un parlement fédéral?

À cette époque, la ville est divisée. Il y a les Anglo-saxons d’un côté et les Français de l’autre. Puisque le parlement est à Montréal, il y a une possibilité de réaction rapide des citoyens. C’est d’ailleurs ce qui arrive en avril 1849, alors que le parlement, avec Louis-Hippolyte La Fontaine à sa tête, est incendié, et que les manifestants coupent les boyaux des pompiers pour les empêcher d’éteindre le feu. Les archives et les 25 000 volumes des bibliothèques de la Chambre et du Conseil s’envolent en fumée. Plus tard, où décide-t-on d’ériger le parlement? À Toronto, en terre anglaise, puis à Ottawa, au milieu de nulle part. Ainsi, s’il y a de la grogne à Montréal, les gens ont plusieurs heures de route à faire pour aller manifester leur mécontentement à Ottawa. Quant au parlement de Québec, il est bien posté, puisqu’elle est une ville de garnison, avec des murs et une armée.