La santé du lac Magog inquiète toujours ses riverains
ENVIRONNEMENT. Un an après avoir sonné l’alerte en ciblant les usines d’épuration magogoises comme responsables de la pollution du lac Magog, l’Association pour la préservation du lac Magog demeure inquiète.
André Chamberland, doctorant en chimie et administrateur à l’APLMagog, invite riverains et élus à la vigilance. «L’état de santé de notre lac pourrait basculer et détériorer davantage la qualité de l’eau», prévient-il.
En effet, le ministère du Développement durable et de l’Environnement du Québec maintient la précarité de l’état de santé de ce lac touchant aux municipalités de Magog et de Sherbrooke. «L’état trophique du lac Magog se situe vraisemblablement dans la zone de transition oligomésotrophe et l’adoption de mesures pour limiter les apports de matières nutritives issues des activités humaines s’impose. Cela permettrait de préserver l’état du lac et ses usages», lit-on dans un rapport déposé le 16 août dernier lors de l’Assemblée générale annuelle de cet organisme.
Tout comme l’an dernier, M. Chamberland cible les usines d’épuration de Magog comme principales sources de pollution. Il brandit des études commandées, selon lui, par la Ville de Magog qui observent une concentration de phosphore qui augmente de 50 à 70 % dans la rivière Magog, soit entre le pont Merry et le lac Magog.
Toujours selon M. Chamberland, les coliformes fécaux sont de deux à cinq fois plus élevés entre les deux mêmes points depuis deux ans. «Même à l’œil, on voit que l’eau devient de plus en plus brune plus qu’on avance vers le lac Magog», déplore-t-il.
Cet expert rappelle que l’usine d’épuration de Magog (rue Hatley) a été construite en 1985 pour une ville d’environ 15 000 personnes, et ce, avec des normes de la même année. «Magog est passée à 25 000 personnes sans compter les touristes et villégiateurs, mais les normes des années 1980 sont restées», s’inquiète-t-il.
Il voit d’un bon œil la fermeture prochaine de l’usine d’épuration d’Omerville, moins performante, mais doute de la capacité d’accueil de ses eaux usées à l’usine de la rue Hatley. «Une étude est en cours pour savoir si l’usine de la rue Hatley est capable de traiter ce volume additionnel, mais on n’a jamais vu de résultats, ni de conclusion depuis un an», ajoute-t-il.
L’APLMagog demande à la Ville de Magog, qui s’apprête à augmenter la capacité de son usine actuelle de la rue Hatley, d’apporter les améliorations nécessaires à l’abaissement significatif du taux actuel et futur d’émission des polluants à la rivière Magog. «Pour limiter le nombre de débordements du système d’égout, la Ville de Magog pourrait commencer par séparer les égouts pluviaux de ceux des eaux usées, comme à Sherbrooke, puis considérer la construction de bassins de rétention», lit-on en conclusion du rapport.
Questionnée à ce sujet, la mairesse de Magog, Vicki May Hamm, reconnaît que l’usine est une des sources de phosphore, mais beaucoup moins importante que l’APLMagog l’affirme et surtout pas la plus importante. «De plus, nous avons toujours respecté les normes du ministère, qui seront resserrées cet automne. Nous investirons bientôt des sommes importantes dans les usines et cela va aider», assure-t-elle.