La police trop ou pas assez sévère à l’égard des motos?

Alors que la Régie de police de Memphrémagog est régulièrement critiquée pour sa surveillance étroite des motocyclistes sur son territoire, des élus voudraient à l’inverse que les patrouilleurs appliquent plus sévèrement la réglementation à l’égard de ces usagers de la route.

La mairesse d’Austin, Lisette Maillé, fait partie de ceux qui doivent endurer le va-et-vient quotidien des motos et du bruit, parfois excessif, qui en découle. En achetant une propriété sur le chemin Nicholas-Austin en 1991, où la vitesse affichée est de 80 km/h, elle savait que sa rue servait aussi d’accès principal dans le village.

Cependant, au fil des ans, elle soutient que la circulation n’a jamais cessé d’augmenter et l’engouement pour les motos n’en est pas étranger. Si elle vit bien avec cette réalité, elle déplore cependant l’abus que certains se permettent en modifiant le silencieux de leur engin pour amplifier le son d’origine. D’ailleurs, Mme Maillé confirme que plusieurs citoyens lui ont fait part de leur exaspération à ce sujet. «Ce n’est pas une déclaration de guerre contre les motocyclistes que je fais, précise-t-elle. Je leur demande simplement d’avoir le même respect, le même civisme et la même courtoisie que nous leur offrons lorsqu’ils viennent visiter notre coin de pays. Ils semblent souvent oublier qu’il y a des résidants le long des routes et qu’ils ont droit, eux aussi, à leur quiétude.»

La solution ne passe pas par quatre chemins aux yeux de Mme Maillé. Elle est persuadée qu’une application plus stricte de la réglementation par la police améliorerait considérablement la situation. Et elle ne craint pas que ce resserrement entache la réputation de la région.

«Les motocyclistes qui n’ont rien à se reprocher vont venir quand même, croit-elle. Même s’ils se font intercepter, ils vont comprendre que c’est le travail de la police. Pour les mécontents qui recevront une amende puisqu’ils sont non conformes, je dois dire que j’ai bien de la misère à avoir de la sympathie pour eux.»

Une fausse croyance

Directeur de la Régie de police de Memphrémagog, Guy Roy reconnaît que son service reçoit des plaintes pratiquement tous les week-ends pour du bruit excessif fait par des motos. Il ajoute que ses hommes ont le mot d’ordre d’être vigilants à ce niveau, sans toutefois en faire une obsession.

«Ceux qui disent qu’on inspecte systématiquement toutes les motos qui arrivent sur notre territoire, c’est totalement faux, insiste-t-il. Si un policier a des doutes, il va faire les vérifications nécessaires et c’est tout à fait normal. Il est payé pour ça et c’est la même chose partout au Québec.»

En serrant la vis aux conducteurs délinquants, Guy Roy est d’avis que son corps policier rend service à la majorité des citoyens et aux visiteurs qui viennent à Magog pour passer du bon temps.

«Il n’y a personne qui va me dire que c’est agréable de se promener ou de manger sur la Principale en se faisant enterrer par le bruit des motos, qui font exprès pour qu’on les regarde. Et si je ferme les yeux, qui va intervenir à notre place?», se questionne M. Roy.

Concernant la demande de la mairesse Maillé, Guy Roy ajoute que ses patrouilleurs seront plus attentifs, mais il ne prévoit pas faire d’opération spéciale contre les silencieux dans les prochaines semaines.

«Comme la plupart des règlements, il nous arrive souvent d’émettre des avertissements à l’égard des motocyclistes. Il y a un seuil de tolérance. Par contre, si quelqu’un se permet de rincer son moteur, ne serait-ce qu’une seule fois, c’est garanti qu’il va en payer le prix. Tout bruit excessif est inacceptable», conclut-il.

La RPM donne une cinquantaine de constats d’infraction par année pour des silencieux non conformes.

Contrairement à la RPM, la Sûreté du Québec fait partie d’un projet-pilote mis en place par la SAAQ en 2013 pour mesurer par sonomètre le niveau de bruit émis par le système d’échappement des motos et des cyclomoteurs. Le corps policier provincial possède sept appareils, dont un au quartier général de Sherbrooke. La sergente Aurélie Guindon de la SQ mentionne que le sonomètre est utilisé au besoin en Estrie. Cependant, il n’a pas été possible de savoir combien de constats ont été émis jusqu’à présent grâce à ce nouvel outil.